PORTRAIT. De hockeyeur professionnel à analyste de hockey pour un réseau télévisé, il peut y avoir un certain lien. Mais, passer du hockey à la télévision, puis à la cuisine sur bbq, là on peut se poser des questions et c’est justement pour répondre à toutes ces interrogations qu’on a rencontré, il y a quelques jours, le Drummondvillois d’adoption Denis Gauthier.
Pour le principal intéressé, il n’y a qu’un seul mot pour mieux comprendre le lien qui unit ces trois domaines et c’est… la passion.
«Croyez-le ou non, mais autant j’étais passionné par le hockey, du début de ma carrière jusqu’à la dernière journée lorsque j’ai dit ¨c’est fini¨, autant je le suis pour la télévision. Et, pour une raison que j’ignore encore, j’ai, depuis un certain temps, un nouveau passe-temps, la cuisine sur bbq… aussi incroyable que cela puisse paraître», avoue cet ex-membre du circuit Bettman qui doit être un des rares à endosser tablier, chapeau de chef et mitaines pour concocter régulièrement sur un barbecue à granules ou au charbon de bois de délicieuses recettes qui pourraient faire rougir des chefs de plusieurs grands restaurants.
«Cela en fera sourire plusieurs, mais quand j’aime quelque chose, j’y vais à fond de train. Et puis, que ce soit le golf, la pêche ou la cuisine sur bbq, il faut bien avoir quelques petits ¨hobbies¨ pour bien pimenter ses journées», soutient celui que les amateurs de hockey de Drummondville ont adopté alors qu’il évoluait pour les Voltigeurs et ont par la suite suivi tout au long de sa carrière dans la Ligue nationale, carrière qui s’est échelonnée de 1997 à 2009, alors qu’il a endossé les couleurs de Calgary, Phoenix, Philadelphie et Los Angeles.
Par pur hasard
Le hockey professionnel lui ayant apporté une certaine stabilité financière, Denis Gauthier ne se cache pas pour dire qu’il n’a pas trouvé facile le fait d’accrocher ses patins.
«Ç’a été un mélange de plusieurs choses qui m’ont amené à prendre cette décision difficile. Six opérations, quelques commotions cérébrales, le virage jeunesse dans la Ligue nationale, un renvoi temporaire dans les mineures en raison du plafond salarial, ça frappe fort. Quand la passion, le rêve, le plaisir, l’étincelle s’estompent, faut prendre une décision… et la bonne.
En 2009, j’étais agent libre et il n’y avait qu’une chose qui pouvait me redonner le goût de revenir au hockey, celle de porter l’uniforme des Canadiens de Montréal. Les discussions ont été très courtes. Qui plus est, mes priorités avaient changé; elles étaient plus de nature familiale», rappelle ce défenseur au style particulièrement robuste.
Jeune retraité, c’est par pur hasard que Denis Gauthier a été «recruté» comme analyste de hockey à RDS.
«En 2007, je jouais à Philadelphie et les Flyers ont raté les séries. Dominic Vanelli, du réseau RDS, m’avait alors invité pour analyser les rencontres des séries éliminatoires. Même si je n’étais pas nécessairement dans ma zone de confort, les caméras ne m’ont pas trop intimidé et l’expérience s’est conclue de belle façon.
Puis en 2009, après avoir pris la grande décision de mettre un terme à ma carrière de hockeyeur, je commençais à avoir beaucoup de temps libre. Je voulais trouver quelque chose pour m’occuper, pas un job à temps plein, seulement quelque chose pour passer le temps. Ma conjointe Stéphanie et mon frère Mathieu m’ont convaincu de rappeler Dominic Vanelli… ce que j’ai fait.
Étant donné qu’il n’était pas à son bureau, je lui ai laissé un message. Trente minutes plus tard, il me rappelait et il m’offrait un poste d’invité à l’émission L’antichambre. Par la suite, je suis devenu analyste et maintenant, je fais partie de l’équipe de RDS.
Au fil des semaines, des mois, j’ai développé cette seconde passion, à un niveau différent c’est évident, probablement parce que je retrouve à RDS cette même ambiance qu’il y avait dans un vestiaire de hockey, une ambiance de gang. J’ai appris à travailler différemment, avec un œil différent, tout en suivant mes instincts. Je vois maintenant le hockey d’une autre façon et j’aime tellement ça que je n’ai jamais fait le trajet Drummondville-Montréal à reculons», raconte celui qui parle maintenant de télévision avec passion.
Et le «outdooring»
«Ah ! ça c’est ma dernière découverte. Mon épouse aime cuisiner mais moi, ça se limitait souvent à des rôties et des œufs. C’est mon ami Richard Drouin qui m’a fait découvrir les joies du barbecue et c’est sans aucun doute Ghyslain Labonté, de BBQ Labonté, qui m’a transmis sa passion. Au début, j’avais un appareil au propane. Puis, à mes 40 ans, ma conjointe m’a offert, en cadeau, un bbq aux granules et c’est là que j’ai commencé à découvrir mes talents de cuistot. Régulièrement, je téléchargeais des recettes que je pouvais faire et lentement mais sûrement, j’ai pris le goût à ça. L’an dernier, j’ai fait l’acquisition d’un appareil au charbon de bois, un Big green egg. Wow…
En plus, ça nous permet de passer du bon temps en famille, sur la terrasse. La vie est souvent très mouvementée (les trois enfants du couple pratiquent certaines disciplines sportives et les parents sont omniprésents pour les accompagner) et ces moments en famille se veulent très importants. Un souper sur le bbq, ça commence en début d’après-midi. Stéphanie et moi, on prépare tous les ingrédients, souvent en prenant un petit apéritif. Puis, place à la cuisson lente, sur charbon de bois ou sur granules. C’est moins rapide que le propane, mais le goût est très différent.
Aujourd’hui, j’ai ma petite banque de recettes et mes spécialités sont le poulet enrobé de bacon farci aux épinards, jambon et fromage gouda, le rôti de bœuf, le saumon mariné au sirop d’érable et les ailes de poulet. Toutes saisons confondues, je m’amuse maintenant à cuisiner», renchérit celui qui se dit très reconnaissant à la vie et qui revit aujourd’hui sa première passion, celle d’être athlète, à travers ses enfants.
Au terme de notre rencontre, Denis Gauthier mentionne qu’il a réalisé bien des choses au cours des dernières années. «Le temps passe très vite et ne revient jamais. C’est pour cette raison qu’il est préférable de profiter du moment présent et de vivre pleinement certaines passions», conclut celui qui fait également partie de l’organisation des Voltigeurs de Drummondville.