FAMILLE. Un nouveau programme nommé Accès portage Desjardins a été lancé pour permettre à une trentaine de familles vulnérables de la région de bénéficier d’un porte-bébé et d’ateliers de portage pour se familiariser avec son utilisation.
«Le portage devrait davantage être utilisé comme prévention auprès de ces familles où des défis supplémentaires se rajoutent au fait d’être parent, comme les familles monoparentales, les familles en situation de vulnérabilité socio-économique ou les familles d’un enfant prématuré. C’est pour ces familles que c’est le moins accessible», estime Janie Vachon-Robillard, présidente de l’Institut National du Portage des Enfants (INPE).
Cet organisme, qui a vu le jour à Drummondville il y a près d’un an, est l’instigateur de ce projet-pilote qui permettra de faire davantage connaître cette pratique encore méconnue dans la province. Le portage de bébés amène son lot de bienfaits pour le parent et l’enfant.
«Ça libère les mains du parent, ça permet de sortir plus facilement de la maison et ainsi de se sentir moins isolé. Ça calme le bébé, donc le parent se sent plus compétent. Ça permet de s’attacher plus facilement avec le bébé et ça facilite aussi l’allaitement. Ça favorise le développement du bébé. C’est plus facile de lui parler, de le toucher et le bébé pleure moins, donc il garde son énergie pour se développer», énumère Mme Vachon-Robillard.
Ce projet-pilote, réalisé en collaboration avec l’organisme Accueil Grossesse, a reçu une aide financière de près de 7 500$ de la Caisse populaire de Drummondville. Les porte-bébés proviennent de l’entreprise québécoise Chimparoo, nichée à Boucherville.
Lien d’attachement
Geneviève Calvé était présente lors du lancement mardi pour témoigner des bienfaits du portage, elle qui a quitté son emploi pour créer une entreprise qui conçoit des porte-bébés, Miss Gigotine, un nom inspiré de sa fille. «Le portage, ç’a carrément changé ma vie, lance d’entrée de jeu celle qui est aussi monitrice de portage certifiée par Porter la Vie. Quand ma fille est née en 2014, j’ai compris que le porte-bébé n’était pas juste une mode, que c’était vraiment un outil parental nécessaire.»
Geneviève Calvé et son conjoint ont donné naissance à une fillette aux besoins intenses. «Elle dormait peu, pleurait beaucoup et ne voulait pas qu’on la dépose. C’est ce qu’on appelle souvent un bébé à bras. J’étais en dépression post-partum sévère. J’ai appelé le CLSC pour qu’on vienne m’aider parce que j’avais passé la nuit à pleurer. J’organisais notre départ. Je ne voulais plus être mère, je ne voulais plus vivre ça, mais il me restait encore un peu de force pour demander de l’aide», raconte-t-elle.
La travailleuse sociale qui a répondu à son appel à l’aide a pourtant constaté le lien d’attachement bel et bien présent entre la mère et sa fille. «J’avais quand même été capable de répondre à ses besoins sans nécessairement m’en rendre compte, parce que je n’étais pas capable de répondre à mes propres besoins. Cet attachement-là, je suis certaine que c’est le portage qui m’a aidé à le créer», estime-t-elle.
«Le bout de tissu, qu’on appelle porte-bébé, a vraiment joué un rôle dans le début de notre vie familiale. Ne pas y avoir eu accès, je ne sais pas ce qui serait arrivé. Si les bienfaits se font sentir pour moi, une maman qui a de l’aide, imaginez le bien que ça peut faire aux mamans isolées et sans ressource», ajoute-t-elle.
Avec la mise en place du programme Accès portage Desjardins, d’autres familles pourront à leur tour constater les bienfaits de cette pratique. Les instigateurs espèrent d’ailleurs que le projet fasse des petits dans d’autres régions du Québec.