SANTÉ. Les infirmières en ont ras-le-bol du temps supplémentaire obligatoire (TSO). Lundi, elles ont refusé d’en faire, sauf en cas de situations urgentes ou exceptionnelles.
C’est pour protester contre cette pratique courante dans le réseau de la santé que la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a demandé à ses 76 000 membres de suivre ce mot d’ordre. Les 5 000 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de la Mauricie et du Centre-du-Québec, notamment celles qui œuvrent à l’Hôpital Sainte-Croix, ont emboité le pas.
«Ce qu’on veut, c’est que ça serve d’électrochoc pour que quelqu’un se réveille quelque part. On l’aime notre profession, mais il faut que ça change. On perd beaucoup de joueurs», déplore Nathalie Perron, la présidente de la FIQ – Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec (FIQ-SPSMCQ).
Le Syndicat estime que le TSO porte atteinte aux droits des professionnelles en soin, en plus d’avoir des conséquences sur la qualité et la sécurité des soins. À bout de souffle, les infirmières souhaitent que des mesures soient prises incessamment pour remédier à la situation.
«On est en train de regarder pour faire un plan d’action pour voir comment la journée d’aujourd’hui va nous permettre de faire changer les choses au Québec. Si ce n’est pas le cas, on veut voir qu’est-ce qu’on peut faire d’autres pour que ça change», soutient Mme Perron.
Jugement
Le Tribunal administratif du travail s’est prononcé à ce sujet. Dans son jugement rendu vendredi, il ordonne aux infirmières d’accepter «sans condition» toutes demandes de temps supplémentaire obligatoire «lors de situations urgentes et exceptionnelles».
La FIQ s’est dite satisfaite de ce jugement puisque, selon elle, le TSO doit justement être utilisé lors de situations urgentes et exceptionnelles, et non de façon courante.
«Pour nous, c’est le début de quelque chose. Ça ne doit pas être utilisé comme un système de gestion des ressources humaines, mais bien comme une mesure d’exception, soutient Nathalie Perron. Les professionnelles se font dire qu’elles doivent rester, sous la menace disciplinaire. Si elles ne restent pas, elles auront une lettre à leur dossier. Si elles contestent un peu, elles recevront une lettre d’insubordination. Les professionnelles vivent beaucoup de stress.»
Lundi, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) comptait quatre TSO pour les quarts de nuit et de jour.
«Ce qui a été rendu comme jugement par le Tribunal administratif du travail, c’est ce qu’on applique en tout temps. Le TSO, c’est de dernier recours. Malheureusement, on doit arriver à cette mesure à l’occasion», indique Guillaume Cliche, agent d’information au CIUSSS MCQ.
Solutions
Les différents acteurs s’entendent pour dire que le temps supplémentaire obligatoire doit être aboli. Le Syndicat croit notamment qu’il faut stabiliser les équipes de travail et avoir des ratios sécuritaires pour les professionnelles en soins et les patients.
«Ça permettrait de travailler dans des conditions qui sont agréables et d’assurer des soins de qualité à nos bénéficiaires. C’est un ensemble de mesures qui vont pouvoir faire une différence dans le réseau de la santé», avance Mme Perron.
De son côté, le CIUSSS MCQ indique que des mesures sont prises pour réduire le TSO, comme celle annoncée à la fin janvier qui vise à proposer un poste à toutes les nouvelles recrues, et ce, en considérant le nombre de jours durant lesquels elles souhaitent travailler.
«Je pense qu’on a tous le même objectif, c’est d’en arriver à éliminer le TSO. Tout le monde travaille en ce sens», soutient le porte-parole du CIUSSS MCQ.
La ministre de la Santé, Danielle McCann, s’est engagée à abolir le TSO et à en faire sa priorité numéro un durant son mandat.