Pour une victime, il n’est jamais trop tard

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Par Frederic Marcoux
Pour une victime, il n’est jamais trop tard
Sophie Bergeron. (Photo : Frédéric Marcoux)

Il n’est jamais trop tard pour obtenir de l’aide. Ce message, la directrice du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), Sophie Bergeron, a tenu à le répéter. Elle s’est sentie interpellée par l’histoire de Trycia Perreault-Cloutier, une victime d’un vol à main armée qui s’est confiée à L’Express la semaine dernière.

Trycia Perreault-Cloutier, cette jeune femme de 22 ans victime d’un vol à main armée le 14 février 2017, a fait savoir qu’elle luttait constamment contre son angoisse depuis l’événement. Sophie Bergeron invite les victimes à consulter le CAVAC. L’aide offerte par l’organisme se poursuit bien au-delà des procédures judiciaires. Pour plusieurs victimes, lorsque le dossier est clos en justice, le combat d’une vie ne fait que commencer.

En 15 ans à la tête du CAVAC du Centre-du-Québec, Sophie Bergeron a vu plusieurs victimes hésiter à demander de l’aide. Certaines minimisent la gravité du geste ou pensent souvent qu’elles ont ce qu’il faut pour s’en sortir, en l’absence d’un soutien extérieur.

«Pour plusieurs, c’est difficile de demander de l’aide, observe-t-elle. On a une fierté et, dans la société, demander de l’aide, ce n’est pas souvent valorisé. La majorité des victimes pensent que ça va finir par passer. Plusieurs d’entre elles disent qu’ils sont bien entourés, mais la combinaison gagnante est d’avoir une belle équipe familiale et de profiter d’une aide professionnelle. Chez certaines victimes, ça ne passe pas. C’est pour ça qu’il n’y a aucune limite de temps au CAVAC. Il faut le répéter souvent.»

Un soutien est également disponible pour les proches d’une victime. Une personne peut souffrir plusieurs années après l’agression. Un événement soudain peut refaire surgir de mauvais souvenirs et l’aide du CAVAC peut se révéler nécessaire. L’équipe de 16 employés du CAVAC comprend des sexologues, des travailleuses sociales et des criminologues

«Foi en l’être humain»

Présente depuis les débuts du CAVAC, Sophie Bergeron en a vu des malheurs, mais elle a également été témoin de belles histoires de résilience. Après avoir eu recours aux services de l’organisation pendant plusieurs années, certains reviennent au CAVAC pour remercier le personnel et leur faire part des progrès réalisés.

«Ça donne foi en l’être humain de faire ce qu’on fait, soutient-elle. Les personnes victimes sont tellement fortes. Je trouve ça impressionnant. Il y a des gens qui ont vécu des choses très difficiles. Malgré tout, elles se tiennent debout. Les victimes passent à travers d’un processus judiciaire et témoignent parfois devant un juge. Elles m’inspirent énormément.»

Sophie Bergeron est d’avis que les investissements des différents gouvernements auprès des victimes sont bénéfiques socialement. Une personne souffrante, en recevant un soutien adéquat, peut éviter de sombrer. Elle se réjouit des progrès réalisés par le système judiciaire pour épauler les victimes.

«L’autre chose qui me fait “triper” dans mon travail, c’est de voir à quel point la sensibilité pour les victimes a évolué. On donne une grande considération aux victimes. Les policiers ont changé leur attitude avec elles. L’accueil qu’on donne aux victimes et au CAVAC n’a rien à voir avec ce que c’était quand j’ai commencé en 2003. C’est le fun de voir que ça avance», conclut la directrice du CAVAC.

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