À St-Edmond-de-Grantham, ça se passe différemment qu’ailleurs dans la MRC. Ailleurs, dans d’autres paroisses rurales, on fait tout pour sauver le patrimoine bâti, c’est-à-dire les églises.
On essaie de trouver une autre vocation pour les édifices patrimoniaux. Il y en a qui les transforment en salle municipale; d’autres en bibliothèque… pourvu que le carnet de santé du bâtiment le permette.
À Saint- Edmond, en 2013, il ya eu entente entre la municipalité et la Fabrique pour qu’un comité porteur soit formé. Le conseil municipal de l’époque a donné de 5 000 $ et une subvention de 18 000 a été accordée au comité porteur, formé d’une vingtaine de bénévoles, pour transformer l’église en salle municipale, selon les plans d’un architecte.
Les bénévoles ont enlevé tous les bancs, ont construit trois locaux pour les toilettes, aménagé une cuisine et un bar avec tous les accessoires. Un autre groupe a enlevé le linoléum qui recouvrait le plancher. En dessous, c’était un plancher de bois franc. Il a été sablé et une protection avec teinture a été appliquée. Le plancher de l’entrée a été rénové avec une tuile en céramique. Les bénévoles ont travaillé environ 800 heures pour transformer l’église en salle municipale.
Le conseil municipal de l’époque a été surpris de voir le changement effectué. Il était très satisfait. Le conseil a alors décidé de louer l’église à la Fabrique et de vendre la salle municipale existante qui était devenue désuète sur plusieurs points et trop petite. Elle pouvait accueillir une centaine de personnes. Le conseil l’a vendue avec le terrain pour un montant de 50 000 $.
Viennent les élections de 2013. Le nouveau conseil élu est alors formé en majorité par des bénévoles qui ont transformé l’église en salle municipale. Ce fut un mandat très difficile et houleux. Une consultation publique a eu lieu et a été contestée à cause d’irrégularités qui ont rendu le résultat plus ou moins valide. C’est pourquoi la Fabrique qui voulait vendre a entrepris de faire des réparations pour rendre l’achat moins onéreux pour les citoyens.
Les fissures sur le mur de brique ont été réparées. La boîte de l’entrée électrique a été changée et le système électrique a été inspecté. Quatre luminaires au DEL ont été installés pour éclairer la salle. Les salles de toilette ont été meublées avec tous les accessoires conformes.
La fabrique a fait installer un système d’alarme conforme aux exigences. La fournaise au mazout (très polluante ) a été changée pour une fournaise aux granules de bois. C’est une fournaise très performante qui émet dans l’environnement du carbone neutre. La cheminée a été renouvelée et installée par des professionnels.
À la fin du mandat du conseil en 2017, l’église a été achetée avec le terrain pour un montant de 55 000$. La Régie du bâtiment du Québec (RBQ) est venue trois fois suite à des plaintes pour inspecter le bâtiment. Des recommandations ont été faites. Le conseil n’a pas eu le temps, avant les élections, de faire en sorte que toutes les recommandations soient respectées. Il s’agissait de travaux très réalisables et pas trop onéreux tels qu’isoler la fournaise avec un mur et un plafond résistant au feu, de mettre la rampe du perron à la hauteur règlementaire, etc…
Aux élections de 2017, le conseil en place a été renversé. Le nouveau a alors décidé de procéder à la fermeture de l’église (salle).
Les architectes, ingénieurs, la RBQ, ont toujours émis des rapports positifs sur la faisabilité de transformer l’église en salle municipale. Les travaux qui restaient étaient de changer les portes, les fenêtres, de faire le champ d’épuration et des travaux mineurs tels que peinture, l’isolation du toit, etc. Pour 250 000 $ les travaux auraient été exécutés et payés par la taxe d’accise sur le carburant remis aux municipalités tous les 5 ans.
Mais ce n’était pas la décision du conseil de rouvrir l’église. Son objectif étant de démolir l’édifice coûte que coûte. Le conseil veut remplacer l’église par un carrefour citoyen sous la forme d’un abri préau (gros gazebo).
À St-Edmond, ce projet ne peut avoir de succès. Toutes les propriétés ont de grands terrains et ils ont tous de grands patios pour admirer la nature. Le montant projeté pour ce projet est d’environ 470 000 $. Je trouve que c’est de l’argent gaspillé pour avoir une utilité très limitée : le printemps, les moustiques sont très présents; l’été, il n’y a que quelques jours où la température est idéale; l’automne, le froid commence à se faire sentir, et l’hiver, il ne pourrait être utilisé.
L’abri préau ne remplacera jamais une salle municipale. Aujourd’hui, si une consultation publique avait lieu pour choisir entre un abri préau et une salle municipale au même coût, je pense que le résultat ne serait pas le même.
Pourquoi démolir l’église (salle municipale)? Pourquoi chercher un prétexte pour se justifier?
Je comprends mal le ministère des Affaires municipales qui a programmé le restant de la taxe d’accise pour démolir un édifice patrimonial de 100 ans avec un carnet de santé positif et qui était destiné à changer de vocation.
La réalisation de ces travaux a un coût : l’augmentation des taxes. En 2018, la taxe foncière était de 0,527 cents par tranche de 100 $ d’évaluation. En 2019 la taxe foncière sera de 0,629 cents pour 100 $ d’évaluation. Une augmentation de 19,35%.
Jean-Claude Paradis