Les élèves du Collège Saint-Bernard ont maintenant l’autorisation de se chamailler dans la cour d’école. Conscient des bienfaits de cette pratique sur le développement de l’enfant, l’établissement scolaire a instauré une zone propice au jeu de chamaille.
Depuis trois semaines, quatre sections délimitées par des cônes oranges permettent aux élèves de tous les niveaux de se chamailler lors des récréations et l’heure du dîner.
Tel un combat de lutteurs, les enfants du même âge se placent face à face, un contre un, les mains sur les hanches. Au signal des arbitres, les élèves doivent tenter de faire poser le genou de leur adversaire au sol.
«Un des objectifs est d’apprendre à découvrir ses limites et celles de l’autre dans un cadre éducatif et sécurisé», soutient le directeur des services pédagogiques préscolaires et primaires, François Yvon.
Lorsque le mot-clé halte est prononcé, le jeu est immédiatement interrompu. Aucun enfant n’a été blessé depuis la mise en place de l’activité.
«Le nouveau jeu, on l’aime tellement, qu’on veut tout le temps y aller. Pas de chicane. Tout le monde est content», témoigne Zack Houle, un élève de maternelle.
Engouement
Dès l’arrivée de l’initiative, des files d’attente se faisaient voir autour des zones. «Il y a eu un grand engouement, surtout auprès des maternelles, première et deuxième années. Je m’attends toutefois à ce qu’il y ait une diminution», soutient François Yvon.
Le personnel du Collège a également observé que les garçons sont plus nombreux que les filles à vouloir se chamailler. «Je ne veux pas être sexiste, mais il y a très peu de filles. C’est la réalité», constate-t-il.
Pour les élèves de la maternelle à la deuxième année, les combats sont mixtes. Les plus vieux doivent quant à eux affronter un adversaire du même sexe.
Bienfaits
L’idée a germé l’an dernier, alors qu’une enseignante en préscolaire du Collège Saint-Bernard, Dana Béliveau, a laissé les élèves de sa classe se chamailler dans un cadre supervisé par l’adulte. «Elle a constaté qu’en revenant en classe, les enfants étaient plus calmes», fait savoir M. Yvon.
En effet, se chamailler pour le plaisir permettrait notamment aux enfants de dépenser leur énergie, favoriser la résolution de conflits ainsi que mieux gérer l’impulsivité et la colère.
Après s’être documenté sur le sujet et constaté les bienfaits, un comité formé de divers intervenants du Collège a décidé d’aller de l’avant. Les parents ont été informés de cette nouveauté par écrit.
Les 450 élèves du primaire ont visionné une capsule vidéo dans laquelle les règles du jeu de chamaille ont été présentées. Les participants doivent éviter de tirer un bras ou forcer une articulation, de donner des coups, de prendre l’autre au cou ainsi que d’effectuer des prises de bras et des jambettes.
En plus des adultes qui surveillent, deux à quatre élèves du comité proactif sillonnent la cour d’école.
«Qui ne rêve pas d’une cour où les élèves pourraient se chamailler sans même que ce soit dans une zone? Adviendra-t-il peut-être une chamaille en dehors des zones où un adulte surveillant pourra tolérer, si ça se fait sainement et dans les règles», conclut François Yvon.
Aucun élève n’est obligé de se prêter au jeu.