Violée par un proche, elle lance un cri du coeur

Violée par un proche, elle lance un cri du coeur
Le Palais de justice de Drummondville. (Photo : Archives, L'Express)

JUSTICE. Une vie brisée par un homme qu’elle considérait comme son père. Une jeune femme a imploré le juge de régler le sort de son agresseur le plus rapidement possible.

En vertu d’une ordonnance de non-publication, L’Express tait l’identité de l’agresseur pour ne pas identifier la victime dans ce dossier. Devant le juge Gilles Lafrenière de la Cour du Québec, la victime, Mélissa (nom fictif), a présenté les conséquences pour sa vie, en soulignant s’être sentie impuissante au moment de l’agression.

«J’avais l’impression de vivre un cauchemar. […] Je n’arrivais pas à croire que mon père avait décidé de me faire subir une telle chose et j’avais espérance que tout revienne comme avant», a-t-elle lu.

Mélissa a ensuite souligné avoir perdu confiance en ses moyens, en plus de constamment se méfier de son entourage et de ses amis. Sa vigilance à l’endroit des inconnus a été une source d’incompréhension de la part de son conjoint. Son couple n’a d’ailleurs pas survécu après l’agression.

«La crainte que je ressens envers cet homme ( l’agresseur) persiste et demeurera tant et aussi longtemps qu’il ne recevra pas sa sentence, a poursuivi Mélissa, la gorge nouée par l’émotion. Par la suite, je me suis sentie très anxieuse, tellement que je me suis retrouvée dans un état dépressif. Je dois prendre de la médication pour m’aider. […] J’ai peur d’être seule, la nuit je ne m’endors pas si mon fils n’est pas avec moi.»

La principale intéressée a également indiqué avoir perdu énormément de temps, lors des passages au palais de justice. Chaque fois, elle a le sentiment de revivre ce calvaire.

«J’espère un jour retrouver cette sécurité que j’avais et simplement dire que je n’ai plus peur. Je veux retrouver la Mélissa que j’étais avant tout ça. J’aimerais vous dire Monsieur, chaque fois que je viens (au palais de justice), tout ça revient tout le temps. J’ai peur, je stresse et j’ai de la misère à dormir. Je n’ai pas je goût de revivre ça, j’ai juste envie que ça finisse. Je suis vraiment tannée », a exprimé la victime, ne pouvant retenir ses larmes devant le magistrat.

Celui-ci a salué le témoignage de Mélissa, en lui rappelant que le processus judiciaire tire à sa fin.

Les faits

L’agresseur avait été reconnu coupable d’agression sexuelle, le 4 mai dernier. Après avoir été absent de la vie de Mélissa pendant quelques années, il l’a retrouvée par hasard, lorsque la victime âgée de sept ans à l’époque l’a rencontré à Montréal avec sa mère. Identifié comme le père de Mélissa, l’homme la visite sporadiquement. Les deux entretiennent une belle complicité et, en 2015, après avoir perdu son emploi, l’homme décide d’emménager avec elle dans la région. L’agresseur commence ensuite à être attiré physiquement par la femme qu’il considère comme sa fille.

D’ailleurs, lorsqu’elle met une photo d’elle sur internet, l’homme écrit : «C’est une bombe sexuelle ma fille; j’y ferais pas mal (sic)». À un autre moment, lorsque la figure paternelle entre à l’improviste dans l’appartement en 2015, il la surprend en train d’avoir une relation sexuelle avec son conjoint. Il affirme alors : «pas de stress, c’est normal de voir sa fille nue». Alors que la Mélissa est enceinte, il affiche un comportement amoureux en l’embrassant sur le ventre et sur la bouche.

Quelques mois plus tard, en 2015, lors du temps des Fêtes, il lui dit qu’il serait «prêt à violer», puisqu’il n’a pas eu de relation sexuelle depuis un bon moment.

Dans un échange de textos, près de deux mois avant de se faire agresser sexuellement chez elle le 12 avril 2016, Mélissa l’invite à aller chercher de l’aide pour contrer son obsession à son endroit.

Divergence d’opinions

Me Magali Bernier, qui représente la Couronne, réclame que l’agresseur soit derrière les barreaux pour les trois prochaines années, en plus de demander qu’une interdiction de communiquer à perpétuité avec la victime soit prononcée le jour de la sentence. Elle a entre autres fait valoir que, même si l’agresseur a été acquitté du chef d’accusation d’inceste dans ce dossier, sa position d’autorité en tant que figure paternelle de la victime représente un facteur aggravant, tout comme la pénétration lors de la l’agression.

De son côté, l’avocat de la défense, Me François Lafrenière, a rejeté du revers de la main l’argument de la Couronne. Il a mentionné qu’à ses yeux, l’accusé n’est plus en situation d’autorité sur la victime majeure. Il propose une peine de neuf mois de prison pour son client. Me Lafrenière a appuyé son raisonnement en exposant quelques autres cas d’agression sexuelle où le fautif a reçu une peine similaire.

Après avoir étudié les arguments des deux partis, le juge Gilles Lafrenière rendra sa décision le 19 décembre prochain, au Palais de justice de Drummondville.

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