Du lait américain à Drummondville : «On est un peu entre l’arbre et l’écorce»

Du lait américain à Drummondville : «On est un peu entre l’arbre et l’écorce»
Le lait américain Fairlife. (Photo : Photo : Frédéric Marcoux)

Le lait américain hautement protéiné de marque Fairlife, une filière de Coca-Cola, offert dans les différents Walmart du Canada depuis quelques semaines, dont celui situé à Drummondville, a frustré plusieurs producteurs laitiers de la région. Il est toutefois difficile pour eux de fermer la porte aux Américains.

La Commission canadienne du lait (CCL) a accordé une permission pour une durée de 18 mois, le temps que la construction d’une usine à Peterborough en Ontario soit complétée.

Dans un an et demi, Fairlife devra offrir son produit avec du lait ultrafiltré canadien. Celui-ci contiendrait 50% plus de protéine que le lait traditionnel, selon le site Internet de Coco-Cola. Le président des Producteurs de lait du Centre-du-Québec, Alain Brassard, avoue avoir été mécontent, lorsqu’il a été informé de la permission spéciale, considérant que les producteurs canadiens sont en mesure de répondre à la demande du pays. Il reconnaît toutefois que la nouvelle usine de Peterborough offrira une belle opportunité aux éleveurs canadiens à long terme.

«On a dit à la CCL qu’il ne faudrait pas que ça crée un précédent, avise Alain Brassard. C’est un peu la manière des Américains qui nous mettent devant les faits accomplis. Les producteurs canadiens sont mal placés pour dire non, il va y avoir une usine de plus pour transformer le lait et utiliser la protéine. On est un peu entre l’arbre et l’écorce. En même temps, c’est difficile de dire non à un développement d’un nouveau marché. Il faut être très vigilant quand la CCL accorde une permission comme ça.»

Alain Brassard souligne que les produits enrichis de protéines sont de plus en plus populaires auprès des jeunes et que la popularité du lait de consommation est en légère perte de vitesse.

«Les producteurs de Fairlife ont un cahier de charges avec des normes à respecter. Je sais qu’ils ont des exigences pour assurer l’absence d’hormones dans le lait. L’entreprise exige aussi que lait soit refroidi immédiatement. Ils veulent reproduire ça au Canada avec le même cahier de charges. On n’a pas aimé ça, mais l’entreprise a fait valoir à la CCL qu’il n’y avait pas de producteurs canadiens prêts à répondre immédiatement au cahier de charges de l’entreprise. Si on ne s’ouvre pas à ce créneau-là, on risque de passer au bout du pont», explique Alain Brassard. Le principal intéressé estime que les producteurs du Québec auraient pu être en mesure de répondre à ces normes.

La CCL a vu le jour en 1966. Son objectif législatif est d’assurer aux producteurs «une juste rétribution de leur travail» en plus d’assurer «aux consommateurs un approvisionnement suffisant et continu de produits laitiers de qualité», indique l’organisation gouvernementale sur son site Internet.

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