Sida : «Beaucoup de travail à faire pour combattre la stigmatisation»

Sida : «Beaucoup de travail à faire pour combattre la stigmatisation»
Mylène St-Pierre. (Photo : (Photo: Frédéric Marcoux))

VIH. Perte d’emploi, se sentir rejeté par certaines personnes, ressentir la crainte de l’entourage : les conséquences peuvent être nombreuses sur le plan social pour une personne atteinte du virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

L’intervenante en prévention du Bureau de lutte aux infections transmises sexuellement et par le sang (BLITSS) du Centre-du-Québec, Mylène St-Pierre, déplore le manque de connaissances de la population au sujet du sida. Cette dernière insiste sur l’importance de ne pas utiliser le terme sida au Québec, puisque le mot fait référence la phase finale de la maladie. Dans la Belle province, il est donc approprié de parler du VIH.

«Il y a énormément de méconnaissance! C’est pour ça qu’il y a de la discrimination, souligne Mylène St-Pierre. Ça se voit au niveau de l’emploi. Il y a des gens qui perdent leur emploi à cause de la maladie. Par exemple, même si la personne est un cuisinier, ça ne change rien! Il ne cuisinera pas avec la main en sang et du sang séché ne transmettra pas la maladie. Il faut qu’il y ait un contact direct entre le sang des deux personnes pour que la maladie se transmettre.»

«Le monde pense encore que le sida peut être transmis par la salive ou la sueur, ce qui est complètement faux. On voit souvent des fausses informations qui circulent. Il y a beaucoup de travail à faire pour combattre la stigmatisation», poursuit-elle.

Le VIH peut également se transmettre à l’aide du liquide pré-éjaculatoire, des sécrétions vaginales et du lait maternel. La pratique du sexe anal est un facteur qui augmente les risques de contracter le VIH. Cela fait donc en sorte que les hommes homosexuels «sont plus à risque en raison de cette pratique», signale Mylène St-Pierre

Il y a toutefois du positif pour une personne atteinte du VIH. Un porteur peut mener une vie normale, outre le fait de devoir prendre plusieurs médicaments et de porter une attention particulière à son système immunitaire. Une trentaine de membres du BLITSS ont le VIH.

«Aujourd’hui, les gens médicamentés sont en mesure d’avoir une charge virale presque indétectable, indique Mylène St-Pierre. Cela peut faire en sorte qu’une personne porteuse de la maladie puisse finir par avoir une relation sexuelle non protégée, sans transmettre le VIH.»

Dépistage

Convaincre les gens de passer un test d’urine et une prise de sang pour dépister toute infection transmissible sexuellement (ITSS) est encore difficile en 2018, déplore Mylène St-Pierre.

«Il y a beaucoup de gêne et de malaise à l’idée d’aller se faire dépister, note l’intervenante en prévention. Il y en a qui ont peur du résultat et qui ne viendront pas se faire dépister. Les personnes qui transmettent le VIH, ce n’est pas les gens médicamentés, ce sont les gens qui ne savent pas qu’ils sont porteurs de la maladie. On estime que 20 à 25% des gens qui ne connaissent pas leur statut seraient porteurs du VIH.»

Selon ce que rapporte l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), 294 nouveaux cas de VIH ont été rapportés au Québec en 2016. Cela a porté le total à 622 cas.

 

 Jouer avec le feu

Mylène St-Pierre constate que plusieurs personnes prennent des risques en ne se protégeant pas lors des rapports sexuels. Elle a fait savoir que plusieurs n’ont pas le réflexe de se protéger, s’ils redeviennent célibataires après avoir été longtemps en couple. Pour ce qui est des jeunes, l’intervenante en prévention observe «une pensée magique» grandement présente.

«Les jeunes de moins de 25 ans savent souvent quelles sont les pratiques à risque, mais ils vont quand même prendre des risques en pensant que ça arrive juste aux autres, observe Mylène St-Pierre. La majorité des jeunes qui pratiquent la fellation n’utilise jamais le condom, même s’ils savent que le sexe oral peut faire en sorte de transmettre une ITSS».

Une étude de BLITSS réalisée auprès des jeunes de moins de 25 ans du Centre-du-Québec révèle que «près de 6 filles actives sexuellement sur 10 ont déjà passé un test de dépistage, ce qui représente plus du double du pourcentage des garçons».

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