VQA : Pierre Levasseur explique les raisons de sa démission

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Par Jean-Pierre Boisvert
VQA : Pierre Levasseur explique les raisons de sa démission
Pierre Levasseur (Photo d'archives Ghyslain Bergeron) (Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

En constatant que le tourisme allait demeurer sous l’égide de la SDED, Pierre Levasseur a «compris qu’il n’y avait plus d’espoir pour le développement touristique à Drummondville». Et c’est parce qu’il voulait le dire tout haut qu’il a démissionné de son poste de président du Village québécois d’antan (VQA), la semaine dernière.

Au cours d’un entretien avec L’Express, l’ex-conseiller municipal a mené une charge à fond de train contre la façon de concevoir le tourisme confiné dans la Société de développement économique de Drummondville.

«Le développement touristique n’a pas sa place à l’intérieur de la SDED et, quand j’ai vu, dans un article du journal (L’Express du 25 avril), que la nouvelle gouvernance de la SDED allait conserver le tourisme, j’ai pris la décision de démissionner. Je me suis dit : ou bien j’embarque ou bien je réagis. J’ai choisi de réagir et je ne voulais pas que mes prises de position nuisent à la survie fragile du VQA. Par la suite, le maire et moi nous nous sommes rencontrés et il a dit comprendre ma réaction, m’expliquant toutefois qu’il avait une décision à prendre. On s’est quittés en bons amis. Il n’y a pas de conflit entre lui et moi», a-t-il expliqué d’entrée de jeu.

«Ça fait 10 ans que le tourisme est sous la responsabilité de la SDED. Ça fait 10 ans que le tourisme périclite. Il n’y a toujours pas de vision, pas de leadership et pas d’investissement. J’ai consacré des centaines d’heures bénévolement à la restructuration, à la réorganisation, à la recherche de financement et à la rédaction de documents pour le VQA au cours des deux dernières années dans l’espoir, qu’un jour, le conseil municipal allait prendre une sage décision pour que le développement touristique devienne une priorité. J’ai perdu mon temps».

Selon Pierre Levasseur, la situation actuelle du tourisme dénote une maîtrise insuffisante du sujet, une gouvernance déficiente et un manque de professionnalisme. «Plusieurs organismes et gens d’affaires se questionnent sur la pertinence de confier le développement touristique à des spécialistes du développement manufacturier», fait-il observer.

Un moratoire

Le vétéran de la politique municipale ne demande pas mieux que d’entendre ce qu’ont à dire les organismes concernés. «Je sais que les organismes, comme la Maison des arts, le Musée de la photographie, Réseaux plein air et même le VQA, sont craintifs de s’exprimer. Ils ne sont pas riches et ils ont peur de perdre ce qu’ils ont. Le résultat est que tout le monde travaille en silo. Des événements sont organisés ici et là. Les commanditaires sont sollicités. Quand les organismes touristiques vont voir ensuite ces commanditaires, ceux-ci disent qu’ils ont déjà donné, soit à la Classique hivernale, soit au D-31 ou autre. Au cours des dernières années, de nombreuses études ont présenté des centaines de projets en tourisme. L’heure est venue de définir la vision et d’impliquer les personnes intéressées au développement touristique pour mieux définir les moyens à se donner. Beaucoup voudraient le faire, ils n’attendent qu’un signal qui tarde à venir. Il faut que les élus sachent que des gens sont insatisfaits».

C’est dans ce contexte que Pierre Levasseur souhaite que le conseil municipal décrète un moratoire sur sa décision relativement à la gouvernance en développement touristique. Il propose ainsi une «démarche de planification reconnue permettant de préciser la vision, les objectifs, les moyens, la stratégie, les rôles et enfin la responsabilité du leadership. Présentement, on marche à l’envers. On a mis le tourisme entre les mains de la SDED sans qu’elle ait la vision nécessaire pour travailler. Quand on veut construire une maison, on n’engage pas le contracteur avant d’avoir le plan», cite-t-il en exemple. «Il faut voir la SDED comme un sous-traitant et non pas comme une Ville dans la Ville».

À titre de président du VQA, en compagnie du directeur général, M. Levasseur a rencontré la ministre Julie Boulet (Tourisme) et la conseillère spéciale de la ministre Mélanie Joly (Patrimoine Canada) afin de bénéficier de subventions. «L’absence de vision en tourisme à Drummondville nuit énormément au sérieux de la démarche du VQA», a-t-il constaté.

«Le Gouvernement du Québec a annoncé ces dernières semaines des subventions à des Villes qui savent où elles s’en vont sur le plan du développement touristique. Granby a reçu 18 millions $ pour son zoo et Hemmingford a obtenu 12 millions $ pour son parc Safari. Ces Villes sont arrivées avec un plan global et non pas représentées par un organisme tout seul.

«Le VQA est annoncé par la Ville et par l’ATR (Association touristique régionale) comme étant l’attrait touristique majeur dans la région, notamment parce que sa clientèle a connu une hausse spectaculaire avec le Village hanté. Par contre, cette réalité s’essouffle et le VQA risque de connaître une décroissance au cours des prochaines années sans une structure solide pour le soutenir. L’avenir du VQA dépend de la décision du conseil municipal», affirme-t-il.

Et il ajoute : «Je ne sais pas ce qui va être présenté lors de l’assemblée générale annuelle de la SDED (mardi prochain), ma crainte c’est qu’on va soumettre la nouvelle structure avec un montant d’argent pour la soutenir. Mais, à mon avis, le fric devrait arriver à la fin, pas au début».

Dans l’une des études sur le tourisme à Drummondville, Pierre Levasseur a retenu cette phrase de l’un des auteurs : «Pour que Drummondville se démarque, le tourisme aura à sa tête un leader rassembleur, développeur et proactif qui disposera des moyens adéquats pour développer le tourisme à travers un plan directeur structuré».

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