Yannick Côté travaille sur sa terre en quadriporteur

Photo de Jean-Pierre Boisvert
Par Jean-Pierre Boisvert
Yannick Côté travaille sur sa terre en quadriporteur
Yannick Côté sur le sentier qui traverse sa terre à Saint-Eugène (Photo : Jean-Pierre Boisvert)

Yannick Coté travaille sur sa terre à Saint-Eugène à toutes les fins de semaine, utilisant les outils qu’il faut pour abattre des arbres malades, les découper en billots et exécuter tous les autres travaux liés à l’entretien. La particularité? Il fait tout ça sur son quadriporteur.

 Aujourd’hui âgé de 45 ans, le résident de Saint-Liboire a eu une malchance il y a sept ans. Maçon de métier, il a chuté d’un échafaudage dans le cadre de son travail à Boucherville; une débarque d’une dizaine de mètres qui l’a laissé paralysé de la poitrine aux pieds.

Sa vie a changé bien sûr, mais pas sa passion ni son attachement pour la terre héritée de ses parents. Il a racheté la part de ses frères et sœurs avec l’objectif de poursuivre, malgré son lourd handicap, le développement entrepris patiemment par son père et sa mère alors qu’il était tout jeune.

Il se sert tantôt d’une scie mécanique, tantôt d’un élagueur, tantôt d’un broyeur pour hacher des branches mortes. Il a adapté une fendeuse à bois pour qu’il puisse l’utiliser sans trop forcer. «J’ai dû apprendre à travailler comme il faut. Parfois, j’ai mal au cou. Je dois aussi faire attention à mes épaules qui sont un peu mes jambes», dira-t-il en se promettant de faire plus de physio. «Je veux travailler sur ma terre jusqu’à ma mort. C’est le seul moyen que j’ai pour avoir l’impression de faire quelque chose. Ça me garde vivant, vivant dans la nature».

Sa terre, qui fait environ deux kilomètres de long par 100 mètres de large, est située à Saint-Eugène-de-Grantham, en bordure du 11e Rang. Assez loin de la civilisation pour n’entendre que le silence des dieux!

Il conduit son propre véhicule, modèle Sprinter de Mercedes, qui est évidemment conçu pour ses besoins. Arrivé à destination, depuis le siège du conducteur il se déplace sur son quadriporteur qui sort à l’extérieur par la porte de côté. Le tout pouvant fonctionner à distance à l’aide d’une télécommande fixée sur son petit motorisé.

Il circule avec adresse sur un sentier de terre assez cahoteux, parfois boueux, avant d’arriver dans un secteur plus défriché, bien éclairci, où il peut s’adonner à ses activités de jardinage forestier, selon son expression. «Je suis en train de regarder comment je pourrais installer des chenilles au lieu des quatre roues sous mon quadriporteur. Il me semble que ça irait mieux dans le bois. Mais je ne sais pas où m’adresser», lance-t-il, sachant fort bien que la demande n’est pas forte dans ce domaine, si on excepte Soucy qui en fabrique pour les tracteurs.

Yannick Côté est marié et père de trois enfants. «Les deux plus jeunes, âgés de 7 et 9 ans, m’accompagnent régulièrement. Je suis fier d’eux. Ils sont débrouillards. Ils participent aux travaux, savent manier les outils et sont très prudents. C’est comme ça en campagne. La terre leur restera en héritage. Je sais qu’ils sauront en prendre soin», dit-il en évoquant son souhait d’établir une érablière, non pas commercial mais artisanale. Déjà, une dizaine d’arbres sont entaillés pour laisser couler la sève sucrée.

Yannick Côté en compagnie du technicien forestier Serge Nadeau

 

L’aide de la Société sylvicole d’Arthabaska-Drummond

Le propriétaire terrien a aussi reçu une aide considérable de la Société sylvicole d’Arthabaska-Drummond (SSAD) et de son technicien forestier Serge Nadeau.

La mission première de la SSAD est la mise en valeur et l’aménagement intensif des ressources forestières sur les terres privées dans une optique de développement durable. Serge Nadeau a mis en œuvre un chantier, à l’aide d’une dizaine de travailleurs, pour différents travaux dont le prolongement du sentier, le défrichement dans des secteurs difficiles d’accès et le rangement des billots.

«J’en ai vu en 30 ans de métier, mais je dois dire que la persévérance et la détermination de cet homme m’ont impressionnées. En voyant sa situation et son goût pour la foresterie, j’ai relevé d’un cran mes ardeurs pour la réussite de ses projets. Les travailleurs ont sans doute mis près de 800 heures pour compléter la phase 1 du développement. Leur labeur sera payé par les revenus tirés de la vente de bois à des usines de transformation», d’expliquer Serge Nadeau.

Yannick Côté est membre de la SSAD et c’est à ce titre qu’il a pu recevoir de l’aide afin d’améliorer sa propriété et de favoriser une saine croissance de la forêt.

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