Agrile du frêne : il n’y aura pas de coupe massive à Drummondville

Agrile du frêne : il n’y aura pas de coupe massive à Drummondville
La piste cyclable de rue Saint-Jean, à hauteur des 17e et 18e avenues à Drummondville, est enjolivée de nombreux frênes. (Photo : Photo gracieuseté)

ARBORICULTURE. La Ville de Drummondville met de l’avant son plan pour lutter contre l’agrile du frêne, ce petit insecte ravageur qui a fait son apparition sur le territoire il y a environ un an.

Au pays, c’est l’Agence canadienne d’inspection des aliments du Canada qui gère l’infestation. C’est elle d’ailleurs qui a publié un premier communiqué à ce sujet, en août 2017, précisant que l’insecte avait été détecté à Drummondville, Saint-Germain-de-Grantham, Saint-Cyrille-de-Wendover et Saint-Eugène. Un mois plus tard, on apprenait que les frênes de Saint-Bonaventure et de Durham-Sud étaient aussi touchés et, le 24 janvier, un avis a été émis pour l’ensemble du territoire de la MRC de Drummond.

«Dans un sens, on est chanceux, car on a vu le train arriver. D’autres villes avant nous ont dû composer avec l’agrile et on a vu comment elles ont réagi», fait observer François Pothier, directeur du Service de l’ingénierie à la Ville de Drummondville, le responsable de l’équipe d’arboriculteurs. On a vu plusieurs municipalités, comme Montréal et Sherbrooke, abattre systématiquement tous les frênes de leur territoire. À Drummondville, notre plan est différent. Nous savons très bien qu’ultimement, il faudra les abattre, mais nous avons décidé d’y aller progressivement au lieu de massivement. Chaque année, nous allons cibler les arbres qui sont malades. Ceux qui sont plus lourdement affectés seront abattus, mais automatiquement, ils seront remplacés par d’autres, par des espèces indigènes et variées. Quant aux arbres moins infestés et situés dans des zones importantes pour le citoyen, on va essayer de le protéger et de retarder leur coupe. Nous allons aussi faire du reboisement autour et donner à ces nouveaux arbres la chance de gagner en maturité avant de couper les frênes.»

Le parc Saint-Aimé, situé coin Jean De-Brébeuf et Saint-Aimé, verra disparaître ses frênes à plus ou moins court terme. (Photo gracieuseté)

À moins qu’ils ne constituent une menace pour les citoyens, les frênes malades seront abattus en hiver au moment où les insectes sont en dormance.

60 000 $

Au total, la Ville de Drummondville prévoit injecter 60 000 $ dans cette opération en 2018. Ce montant servira à abattre les arbres malades, au reboisement, aux vaccins qui seront administrés aux frênes ayant un potentiel de vie d’encore quelques années, aux affichettes qui seront éventuellement accrochées aux arbres pour informer la population, etc.

«Il y a des avantages et des inconvénients à choisir des coupes graduelles plutôt que massives. Dans les bons côtés, mentionnons que l’impact visuel sera moindre de même que l’impact financier. Ça aurait coûté beaucoup plus cher de couper tous les arbres malades d’un coup».

De surcroît, les autorités drummondvilloises souhaitent protéger le couvert forestier, qui est de 45 % à Drummondville.

«Vous savez, nous avons un couvert arboricole très important à Drummondville et c’est une fierté que nous avons. On veut donc le conserver le plus possible. On souhaite aussi varier le plus possible nos espèces d’arbres. Plus il y aura de la diversité, moins notre couvert forestier sera à risque. Comme ça, si nous devions composer avec une nouvelle infestation ou une autre maladie, ce ne sera pas toute une rue qui perdra son couvert végétal», ajoute M. Pothier, en prenant soin de rappeler que les arbres contribuent à réduire les impacts causés par les îlots de chaleur en zone urbaine.

Malgré l’approche progressive de la Ville, plusieurs citoyens risquent d’être surpris par les coupes d’arbres, d’autant plus que de nombreux frênes se retrouvent en bordure des pistes cyclables, des rues, comme la rue Saint-Jean, à la hauteur des 17e et 18e avenues.

«On plantait cet arbre-là le long des rues parce qu’il s’acclimatait bien à l’activité urbaine et humaine. Il est intéressant, car il avait une bonne hauteur et ne causait pas de dommage», explique M. Pothier.

Environ 3000 arbres

Selon l’inventaire qu’ont réalisé les arboriculteurs et les techniciens de la Ville de Drummondville, il y aurait au moins 900 frênes sur les terrains publics de la Ville, dans les parcs, le long des rues par exemple, et plus de 2000 arbres sur les terrains privés. Ils ont tous été géoréférencés au cours des derniers mois.

Sur les terrains publics, on en compte plusieurs dans le secteur du parc Woodyatt, près de l’Aquacomplexe et dans le secteur du Golf.

Aucun décompte n’a cependant été réalisé dans la Forêt Drummond.

Au cours des prochaines semaines, les citoyens recevront beaucoup d’information au sujet de la problématique de l’agrile du frêne. Ils devront notamment vérifier s’ils ont un ou des frênes sur leur terrain.

«On va accompagner les citoyens là-dedans, car ce n’est pas toujours facile d’identifier cet arbre. Il y a tellement d’essences… On va donc publier plusieurs photos sur le site Web de la ville et on va aider les citoyens dans leur prise de décision, à savoir s’ils veulent investir dans le vaccin qui ralentit la propagation de l’insecte, mais qui coûte très cher, ou dans la coupe de l’arbre», précise François Pothier.

C’est que lorsque l’arbre devient trop atteint, les émondeurs ne peuvent monter dans celui-ci pour le couper. Le tronc devient trop sec et seule une grue peut faire le travail, entraînant des coûts importants pour les propriétaires.

«On veut que les gens aient le temps de voir les choses arriver, qu’ils aient le temps de prévoir les coûts», insiste M. Pothier.

Afin de bien aiguiller les citoyens, la Ville prévoit aussi organiser une séance d’information publique, avec la présence d’un expert de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, vers la mi-juin.

L’agrile du frêne, c’est quoi?

L’agrile du frêne, un coléoptère originaire de l’Asie, a fait son apparition au Canada en 2002. «Ils n’ont pas une grande capacité et ils ne vivent pas très longtemps, mais ils causent de lourds dommages», spécifie M. Pothier. Quand ils arrivent sur un arbre, soit par l’activité humaine ou autres, ils vont y rester. La larve s’insère dans l’écorce et empêche la sève de monter dans la cime, ce qui ultimement tue l’arbre. Une des façons de repérer la présence de l’agrile sur un arbre est la présence d’une forme s’apparentant à un «D» sur l’écorce.

Proportion du couvert boisé sur le territoire

  • Drummondville : 45 %
  • Brossard : 19 %
  • Victoriaville : 17,7 %
  • Longueuil : 7,6 %
  • Repentigny : 7,3 %
  • Saint-Hyacinthe : 6 %

 

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