Nicole Chandonnet, une brigadière scolaire au grand coeur

Nicole Chandonnet, une brigadière scolaire au grand coeur
Nicole Chandonnet. (Photo : Photo Jean-Claude Bonneau)

Par Jean-Claude Bonneau

Depuis 38 ans, cinq jours semaine, beau temps mauvais temps, elle assure la sécurité de jeunes élèves de l’école Saint-Joseph. Son nom : Nicole Chandonnet. Son travail : brigadière scolaire.

Reconnue comme le doyenne de brigadiers et brigadières scolaires à l’emploi de la Ville de Drummondville, Mme Chandonnet est sans aucun doute la personne la plus connue à l’intersection des rues Saint-Marcel et Saint-Jean.

«Ça fait déjà 38 ans que j’ai élu ¨domicile¨ à cette intersection. Je n’ai jamais été mutée ailleurs. Quatre fois par jour, je fais traverser une cinquantaine d’élèves et souvent quelques adultes à cet endroit qui, il faut bien l’admettre, est très achalandé», précise cette citoyenne du quartier qui, mardi, avait le sourire facile et qui dégageait une joie de vivre remarquable même à 8 heures le matin et malgré une température de -16 degrés Celsius et d’un refroidissement éolien frisant les -28 degrés.

«Mes petits»

Photo Jean-Claude Bonneau

Sur une période de 38 ans (en fait elle terminera sa 38e année en juin prochain), Nicole Chandonnet a été très assidue. «Les seules fois que je me suis absentée, c’était pour cause de maladie et ce n’est pas arrivé souvent. Je me fais un devoir d’être là pour mes petits, chaque jour», souligne cette mère de famille de 66 ans qui espère poursuivre son travail tant et aussi longtemps que la santé le lui permettra.

Mardi dernier, grelotant sur le coin de la rue, j’ai été en mesure de constater que cette dame au grand cœur n’était pas seulement une brigadière. Les jeunes ne la regardent pas nécessairement comme une personne en autorité mais bien comme une amie, une confidente même. Elle connaît tous les jeunes et elle les interpelle souvent par leurs prénoms.

«Bonjour Madame», lui disent quelques élèves regroupés. «Bon matin, ça va bien aujourd’hui. Toujours au poste», lui mentionne un père qui accompagne ses enfants sur le chemin de l’école. «Salut Nicole, belle journée», lui lance un automobiliste qu’elle fait patienter pour permettre à un groupe de jeunes de traverser en toute sécurité. Elle est vraiment connue Nicole… et elle est très appréciée.

Elle est devenue, depuis 1980, une figure légendaire avec son bâton «arrêt» à la main et chacun, tant automobiliste que piéton, lui voue une certaine admiration.

Respect et courtoisie

C’est par un drôle de hasard que notre interlocutrice s’est retrouvée, du jour au lendemain (en 1980), au poste de brigadière.

«À l’époque, j’allais reconduire mes enfants à l’école, tous les jours. C’est en traversant régulièrement la rue Saint-Jean que l’idée m’est venue. Et cette idée a fait son petit bonhomme de chemin.»

Au fil des ans, elle a su développer, autant avec les jeunes qu’avec les automobilistes, une certaine complicité.

«Il est très rare qu’un jeune commence à traverser la rue avant que je l’invite à le faire tout comme il est très rare qu’un automobiliste ne s’arrête pas complètement en me voyant amorcer ma démarche pour me rendre au centre de la rue. J’agis toujours avec prudence, respect et courtoisie et les automobilistes me le rendent très bien. Pour moi, la priorité demeure toujours la sécurité des enfants. Il m’est rarement arrivé d’interpeler un automobiliste et lorsque c’est arrivé, c’est à cause d’un téléphone cellulaire ou d’un virage à droite.»

De beaux souvenirs

En 38 ans de carrière, Nicole Chandonnet a emmagasiné un paquet de souvenirs. Elle pourrait même en écrire un livre.

«J’ai eu plusieurs patrons depuis mes débuts. J’ai commencé avec Gratien Raîche. Puis, il y a eu Dominique Gaudet, Jacques Fafard, Rémi Thibeault, Jérôme Gagné et maintenant Andrew Barr. Il y a eu également plusieurs maires en poste à Drummondville durant mon séjour coin Saint-Marcel/Saint-Jean : Philippe Bernier, Serge Ménard, Mme Ruest-Jutras et maintenant Alexandre Cusson», se rappelle celle qui, les jours de froids sibériens, se réfugiait dans l’abribus situé près de l’ancienne caisse populaire. «Certains jours, je disais même aux jeunes de se cacher dans l’abribus quelques minutes avant de traverser la rue», avoue Mme La Brigadière qui, toujours dans une grande générosité, a déjà servi des dîners à des jeunes sans lunch ou qui a fourni tuques et mitaines à d’autres qui n’en avaient pas.

«Mon travail m’a également permis de rencontrer et de parler avec beaucoup de gens. Je me rappelle, entre autres, du Dr Dufresne qui demeurait tout près de mon coin de rue. Son épouse venait me voir à l’occasion pour jaser. Chaque Noël, elle m’apportait un petit cadeau pour me remercier de mon travail. Une fois, j’étais malade et en me voyant, elle m’avait suggéré d’aller voir son mari après mon travail. Par chance, car je faisais une bonne bronchite.

Les jeunes, ce sont mes petits. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette année certains font partie d’une troisième génération. Donc, avant eux, j’ai fait traverser leurs parents et même, dans un cas, un grand-parent. C’est toujours plaisant de voir des jeunes qui ont bien grandi et qui ont bien réussi dans la vie comme par exemple, Rodrigue Vigneault qui est aujourd’hui policier. Par mon travail et par quelques interventions auprès d’eux, je leur ai peut-être apporté quelque chose», conclut celle qui se dit très bien encadrée par ses supérieurs et qui apporte une attention particulière à «ses petits», tenant à eux comme à la prunelle de ses yeux.

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