Assemblée d’information sur le cannabis : «Dans l’ensemble c’est positif»

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Par Jean-Pierre Boisvert
Assemblée d’information sur le cannabis : «Dans l’ensemble c’est positif»
Louis Raîche, l’animateur Normand Bernier et la mairesse Hélène Laroche ont informé les 200 citoyens présents. (Photo : Jean-Pierre Boisvert)

L’assemblée d’information visant à implanter un complexe de culture et de transformation de chanvre et de cannabis sur l’ancien site de l’abattoir Colbex, qui a rassemblé environ 200 personnes hier soir, à Saint-Cyrille-de-Wendover, a fait dire à la mairesse Hélène Laroche que «dans l’ensemble, c’est positif».

C’est Louis Raîche, ancien policier de la Sûreté du Québec, qui a été durant quelques années conseiller en sécurité civile et mesures d’urgence à la Ville de Drummondville, qui est l’instigateur de cette entreprise qui se nomme «Chanvre indien du Québec». L’identité des investisseurs, qui sont derrière lui, sera gardée confidentielle pour le moment. Ils seront présentés plus tard.

Au cours de cette soirée qui a duré deux heures à la salle La Flèche d’Or, animée par Normand Bernier, ex-directeur général du Cégep de Drummondville, Louis Raîche a donné tous les détails liés aux démarches qu’il a faites jusqu’à maintenant pour devenir un joueur majeur, un grossiste, dans une industrie toute nouvelle qui promet de prendre rapidement de l’expansion lorsque la loi sera adoptée par le gouvernement de Justin Trudeau. La légalisation du cannabis à des fins récréatives est prévue pour le premier juillet prochain.

Des huiles, des tissus, des biscuits pour chiens et crèmes pour la peau sont des produits à base de chanvre.

 

«J’ai approché les élus de Saint-Cyrille parce que, d’abord, l’ancien site de Colbex convient parfaitement. C’est un grand terrain. Nous prévoyons cultiver du chanvre à l’extérieur et du cannabis à l’intérieur. Il faut savoir que le chanvre ne contient pas de THC et n’a donc pas d’effet psychotrope. L’odeur est minime. Pour le cannabis, il sera produit, séché et transformé à l’intérieur. Le site sera hautement sécurisé, incluant des caméras de surveillance pour assurer la protection du périmètre. Nous serons un grossiste, le plus important au Québec, pour fournir notre produit à des organisations autorisées à le vendre. Nous ne serons pas un détaillant», a expliqué l’ancien patron de la SQ tout en garantissant que le crime organisé ne s’infiltrera pas dans son organisation.

Le plan d’implantation prévoit en premier lieu la culture du cannabis médical, celui qui est actuellement autorisé par le gouvernement pour soulager les douleurs de certaines maladies. Mais, bien sûr, si le gouvernement fédéral s’approche pour proposer éventuellement la culture du cannabis à des fins récréatives, selon les règles sévères de Santé Canada, le groupe de Louis Raîche ne dira pas non.

Le complexe s’installera progressivement, sur une période de quatre ans. La phase 1 aura besoin de 2000 pieds carrés, la phase 2 s’agrandira sur 60 000 pieds carrés pour atteindre une superficie d’un million de pieds carrés, où on retrouvera un bâtiment de haute technologie et des serres. Le tout nécessitera plusieurs millions de dollars en investissements et créera pas loin d’une centaine d’emplois, assez bien rémunérés.

Changement de zonage

Le terrain Colbex étant spécialement zoné «abattoir», il devra faire l’objet d’une modification de la part du conseil municipal de Saint-Cyrille pour être zoné agricole et ainsi permettre autre chose qu’un abattoir. Comme l’a précisé le directeur général Mario Picotin, il faudra de toute façon procéder à un changement de zonage, cannabis ou pas.

En conséquence, une assemblée de consultation aura lieu le 5 février à l’intention des citoyens concernés par ce changement de zonage. On parle d’une cinquante de propriétés, environ 150 personnes vivant à proximité, qui auront à se prononcer sur ce changement de zonage, même si cela ne changera strictement rien à leur zonage, ni à leur compte de taxes. Entre le 6 et le 26 février, ils pourront signer un registre et demander un référendum.

Lucie Roberge, directrice générale adjointe, est venue préciser les montants dépensés par la Municipalité depuis l’achat en 2015 de la propriété de Colbex au prix de 219 000 dollars. Selon elle, le coût d’entretien s’élève sur une base annuelle à 45 000 $. La valeur foncière est estimée à 1,9 million $. Ce n’est pas la valeur de la vente éventuelle mais la somme sur laquelle sera calculée la taxe municipale, soit environ 29 000 $ par année, ce qui pour l’instant est un manque à gagner pour Saint-Cyrille.

Mme Roberge a aussi fait savoir que les assureurs ont évalué à près de 100 000 $ le coût des travaux qui devront être effectués pour rendre la propriété sécuritaire et assurable.

Près de 200 citoyens étaient venus s’informer.

 

Avantages et enjeux

Dernière intervenante de l’assemblée, la mairesse Hélène Laroche a fait valoir les avantages et les enjeux.

«En acceptant de vendre le site de Colbex, on pourra récupérer le montant d’achat de 219 000 $, on va arrêter de payer pour l’entretien et on pourra prélever les taxes municipales à chaque année. La création d’emplois n’est pas à négliger. On pourra accueillir de nouvelles familles et assister à un développement immobilier. En ce qui concerne l’eau, il n’y a aucun problème car le site est doté d’un système autonome qui n’aura pas besoin d’être bonifié. Et il faut dire que l’arrivée d’un citoyen corporatif aussi majeur occasionnera des opportunités d’affaires au niveau local», a mis en contexte Mme Laroche. D’autre part, le terrain n’est pas contaminé.

La période de questions qui a clôturé la soirée a permis de constater que les résidents présents n’avaient pas beaucoup d’arguments à formuler contre le projet. Certains ont voulu s’informer sur les retombées futures d’une telle installation, mais la mairesse a rappelé qu’aucune entente n’a été conclue avec le groupe de Louis Raîche. Elle attendait de voir l’acceptation sociale du projet.

Comme l’a si bien dit un citoyen : «J’aime mieux sentir le parfum du chanvre plutôt que l’odeur des corps morts de vaches folles».

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