Lettre à un hêtre cher

Lettre à un hêtre cher
Lettre ouverte (Photo : Photo Deposit)

Permettez d’abord que je me présente. Je monte la garde depuis près d’un siècle sur la tombe du fondateur de cette ville, le major Georges Frédéric Hériot, inhumé en bordure du petit cimetière anglican du centre-ville. On dit de moi, sur le panneau historique adjacent à la tombe, que je suis probablement le plus vieil hêtre de cette ville. Quel honneur !

Je suis issu d’une famille, jadis nombreuse dans ce coin de pays, décimée peu à peu par l’agriculture, la foresterie, l’industrialisation et l’étalement urbain. Bien peu de nous ont survécu à l’hécatombe.

J’ai appris récemment la mort d’un autre des miens. Ce frère, mon cadet de quelques années, a grandi sur ce qui est aujourd’hui un terrain résidentiel sur le boulevard Fradet. La ville a autorisé son abattage à la demande d’un homme d’affaires avantageusement connu désirant se faire construire une maison exceptionnelle. Plusieurs se souviendront de lui. Voilà une triste fin pour ceux qui, comme moi, pensent que rien ne remplace la perte d’un hêtre cher, même un château.

L’hêtre du Major (avec l’aimable collaboration de monsieur François Nichols)

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