Des intervenants s’outilleront pour mieux intervenir auprès des hommes en détresse

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Par Cynthia Martel
Des intervenants s’outilleront pour mieux intervenir auprès des hommes en détresse
Martin Doucet, coach personnel au Centre de ressources pour hommes, Stéphanie Benoit de la Corporation de développement communautaire Drummond, Andrée-Anne Genest, intervenante chez Halte Drummond, et Valérie Richer, coordonnatrice au Centre de main-d'œuvre OPEX, tous membres de la Table de concertation sur les réalités masculines de la MRC de Drummond. (Photo : Cynthia Giguère-Martel)

SANTÉ. Une quarantaine d’intervenants et d’acteurs du milieu se réuniront ce jeudi afin de partager des approches gagnantes quant à l’intervention auprès des hommes en détresse, un sujet encore tabou.

Cette rencontre, sous forme d’atelier, permettra aux intervenants d’avoir une meilleure compréhension des réalités masculines et de s’outiller davantage pour mieux intervenir. Cette activité s’inscrit dans le cadre de la Journée québécoise pour la santé et le bien-être des hommes qui se tiendra le 19 novembre. Elle est organisée par la Table de concertation sur les réalités masculines de la MRC de Drummond mise sur pied en mars 2012 et dont la mission est de contribuer à l’amélioration de la santé et du bien-être des hommes, et donc à la qualité de vie des familles et de la population.

Pour favoriser les échanges, des extraits du documentaire Le masque que tu portes seront diffusés. Ce film porte sur le «problème des garçons» en Amérique et explique comment élever une génération plus saine en s’appuyant sur des entretiens avec des experts.

«On fait notamment état que dès leur jeune âge, on demande aux garçons d’exprimer leur virilité en ne pleurant pas ou en ne jouant pas avec des jeux de filles, par exemple, tout en leur répétant sans cesse d’être un homme. On y démontre aussi les stéréotypes et leurs conséquences sur les enfants. D’ailleurs, durant le documentaire, les garçons sont appelés à écrire deux sentiments sur une feuille. Au recto, comment ils vont et au verso, un sentiment caché qu’ils ressentent. Plusieurs ont inscrit colère ou douleur. On y montre avec une belle sensibilité l’évolution de ces jeunes. C’est vraiment éloquent comme documentaire et ça peut agir de manière préventive. C’est bon pour M. et Mme Tout-le-monde», explique Martin Doucet, coach personnel au Centre de ressources pour hommes Drummond, songeant à le présenter éventuellement dans les écoles, une fois les droits acquis.

Encore en 2017, un «vrai» homme est fort, stoïque et supposément invulnérable selon les stéréotypes masculins véhiculés.

«Et pourtant, certaines études indiquent que les différences génétiques entre l’homme et la femme sont de l’ordre de 10 % seulement. Donc la différence est culturelle», fait savoir M. Doucet.

«En fait, ce sont les adultes qui stigmatisent les enfants», renchérit Valérie Richer, coordonnatrice au Centre de main-d’œuvre OPEX.

Mais si l’image de l’homme fort est toujours présente en 2017, les intervenants observent toutefois une évolution quant au rôle qu’il joue auprès de leur famille.

«Il est plus affectueux, plus présent pour sa famille et s’implique davantage dans les tâches domestiques. Il n’est plus seulement le pourvoyeur. Par contre, quand arrive un problème, il veut s’arranger seul. Il retombe dans les vieilles croyances du «je n’ai pas besoin d’aide»», souligne Andrée-Anne Genest, intervenante chez Halte Drummond.

«C’est moins tabou, mais reste que c’est encore difficile pour les hommes de s’avouer qu’ils ont besoin d’aide», note M. Doucet.

Ainsi, lorsque certains d’entre eux acceptent d’aller consulter, souvent, ils arrivent devant l’intervenant en situation de crise. «Car ils ont attendu trop longtemps», précise Mme Richer.

«Comment peut-on ouvrir nos horizons pour mieux les accueillir et avoir accès à leur souffrance plus facilement? Car on sait qu’un homme, même s’il est en détresse, il ne se présentera pas nécessairement en pleurant. Donc il faut avoir les outils et montrer une ouverture pour pouvoir accéder à leur souffrance. C’est ce que nous soulèverons lors de l’activité afin de partager nos idées et pratiques», indique Mme Genest.

Projet-pilote

En 2015, la Table a élaboré un plan d’action s’étalant sur quatre ans. Parmi les priorités en 2018, il y a celui de mettre sur pied un projet-pilote visant à l’élaboration d’un mécanisme d’accompagnement permettant un transfert personnalisé entre les organismes.

«Cela pourra nous permettre de voir si les hommes iront plus demander de l’aide, indique Mme Richer. Le but n’est pas d’enlever l’autonomie des hommes, mais bien de mieux les guider et de personnaliser les services. Comme ça, on ne les éparpille pas et on peut faire de meilleurs matchs homme-intervenant puisque nous connaîtrons encore mieux les personnalités de chacun d’entre nous. Ainsi, ça sécurise l’homme d’une part et de notre côté, on sera certain qu’il ira à la bonne place.»

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