Il a changé de vie quatre fois

Il a changé de vie quatre fois
Ghislain Demers (Photo : gracieuseté)

INSPIRATION. Âgé de 53 ans, le Drummondvillois Ghislain Demers peut se targuer d’avoir complètement changé de vie… quatre fois.

C’est que Ghislain Demers a choisi de vivre sa vie selon une philosophie un peu atypique : le plus souvent possible, le père de famille part pour un an et, à son retour, change de carrière, de ville et de maison.

«Ça date de mon premier voyage à vie, quand je suis parti en Europe de l’Ouest pendant un an et demi. J’ai vraiment aimé mon expérience. Les Européens m’ont montré des choses différentes que ce à quoi j’étais habitué», se souvient-il.

C’est à deux jours de son retour vers le Québec, alors qu’il était assis dans la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, au sein de la capitale française, que Ghislain Demers s’est rendu compte qu’il avait beaucoup trop aimé explorer de nouveaux pays pour ne pas vouloir répéter l’expérience régulièrement dans le futur.

Une photo prise au Grand Canyon.

Au départ, le Drummondvillois d’origine avait choisi de régler sa vie au rythme d’un cycle de sept ans. «Je mentirais si je disais que je me souviens exactement de la raison pour laquelle j’ai opté pour sept ans, rigole-t-il. Dix ans, je trouvais ça trop long, mais cinq, ce ne l’était pas assez. Même si plusieurs théories disent que l’humain évolue selon des cycles de sept ans, mon raisonnement a été beaucoup plus simple.»

Dans les faits, Ghislain Demers n’a pas toujours respecté à la lettre ce laps de temps, même s’il tente de le faire. «C’est plus un repère afin de ne pas oublier qu’un nouveau voyage m’attend. En tout, je suis parti quatre fois en année sabbatique», explique-t-il.

Après un baccalauréat en communication organisationnelle à Montréal, il est parti traverser le Canada sur le pouce jusqu’à la Colombie-Britannique (il a d’ailleurs complété une maîtrise en urbanisme à l’Université de Colombie-Britannique, à Vancouver, domaine dans lequel il n’a jamais concrètement travaillé). Il y a rencontré sa conjointe, Heather.

Après ses études, il a pris un petit emploi dans une boutique de plein air dans le but de réfléchir sur son avenir. «Je me disais que j’allais faire une petite jobine qui me permettrait de faire le plein d’équipements de plein air à prix modiques. Finalement, au bout d’un an, j’étais le bras droit du directeur», raconte l’homme.

Après avoir renoncé à cet emploi, il a retraversé le Canada avec sa conjointe en 1999 armé de deux  vélos et de traîneaux à chien avec l’idée de revenir s’établir au Québec.

«On m’a joint alors que j’étais sur la route parce que les gestionnaires étaient intéressés à implanter cette bannière de boutiques de plein air au Québec et voulaient collaborer avec moi. J’ai accepté.»

C’est donc un drôle de hasard si le Drummondvillois d’origine s’est retrouvé à contribuer à l’ouverture de 25 boutiques Atmosphere (dont celle de Drummondville) au sein de la Belle province, lui qui ne souhaitait qu’un petit travail sans grandes responsabilités au départ. Ça a été son plus long cycle, puisqu’il a passé environ huit ans sans partir en voyage.

«J’étais fatigué, cela me démangeait de partir», avoue-t-il. Il n’en fallait pas plus pour que lui, sa conjointe, leur fille Morgane (qui était d’âge scolaire à ce moment) et leur chien partent en Westfalia faire le tour de l’Amérique du Nord, des Maritimes à San Diego, en 2009.

«Il y a une forte pression sociale qui pousse à s’intégrer, à rentrer dans le moule. Il faut être déterminé à résister et à s’écouter.»

À son retour en 2010, il a acheté une maison à Sherbrooke et y vit depuis ce temps. Il a également démarré une entreprise en coaching de gestion, Design de vie, qu’il peut opérer à distance afin de faciliter ses prochains voyages.

À l’aube d’une nouvelle aventure familiale, en Finlande cette fois, c’est la première fois de sa vie que Ghislain Demers quitte avec la certitude qu’il reviendra, après cette expérience, en Estrie.

Ghislain Demers et sa petite famille, aux États-Unis.

«Heather souhaite enseigner la communication dans une université là-bas, comme elle enseigne à l’Université de Sherbrooke. On souhaite aussi que Morgane complète son secondaire 4 dans une polyvalente finlandaise», explique Ghislain Demers, qui continuera ses activités professionnelles à distance, comme il le fait déjà. «C’est possible d’avoir une carrière tout en suivant ce genre de philosophie de vie. Les risques que tout aillent mal sont de loin inférieurs aux risque de ne rien faire», estime-t-il d’un ton confiant.

Que dirait-il à quelqu’un qui souhaite faire le premier pas vers une année sabbatique ? De fixer une date plus ou moins précise. «J’appelle ça passer à l’action. C’est une petite action un peu insignifiante, mais le projet devient plus tangible. On lance un message à l’univers et ça a des conséquences positives, croit-il. C’est difficile de l’expliquer de façon logique, mais c’est vraiment ce que je pense !»

«Les gens oublient leur bien-être personnel et se lancent dans le travail, c’est un vrai problème. Moi aussi j’ai des craintes, des peurs, des questionnements, mais c’est plus facile de corriger ses erreurs que d’essayer de tout anticiper. Je ne vivrais pas une autre vie que la mienne.»

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