Alain Carrier : du rêve à la réalité

Alain Carrier : du rêve à la réalité
Alain Carrier.

S’il y a quelqu’un qui affirme qu’on peut transformer un rêve en réalité, c’est bel et bien le Drummondvillois Alain Carrier. Toutefois, pour lui, la réussite ne vient pas seule et elle est souvent le fruit d’un travail acharné accompagné d’un peu de flair et d’une partie de chance.  

À la tête du Groupe Carrier, dont le chiffre d’affaires dépasse les 100 M $ par année, Alain Carrier trace un bilan positif des quatre dernières décennies. Tout en «savourant» le moment présent, celui qui aura 61 ans le 2 décembre prochain se rappelle de sa jeunesse et de son entrée dans le monde «des travailleurs».  

Des débuts modestes

Membre d’une famille de six enfants (quatre soeurs et un frère), Alain Carrier mentionne que très jeune, il était un grand rêveur. «Nous habitions sur la 10e Avenue. Mes parents faisaient le maximum pour que nous ne manquions de rien. À l’époque, je n’étais pas le plus grand travaillant, mais je disais toujours à mon père qu’adulte, je vivrais une belle vie. Je me basais sans aucun doute sur des lectures de la vie des Kennedy ou d’Onassis. Pas besoin de dire que ça le faisait rire», se remémore celui qui a rapidement appris à faire beaucoup avec très peu.

Après un court passage au cégep, il s’est lancé dans la construction. «C’était payant. Je travaillais pour Félix Gariépy, un briqueteur. Un jour, je me suis dit que si on pose de la brique sur un mur, on peut le faire dans une entrée de cour ou sur un trottoir. Du coup, j’ai eu l’idée de me lancer dans le paysagement. Je me suis inscrit à l’ITA de Saint-Hyacinthe. Je voulais tout savoir sur ce qui touchait le domaine, la brique, le pavé, les engrais, les pesticides, tout. Parallèlement, j’ai acquis ma première petite entreprise de tonte de pelouse. Assez spécial pour un gars qui souffrait d’allergies dont la fièvre des foins. Mon père me disait que je ne savais pas où placer mes sous; je lui répondais que j’allais engager des gens pour tondre les pelouses et que moi, j’allais développer la partie clients.»

Et la grande aventure ?

«Ça fait 35 ans qu’elle est commencée, soit en 1982. J’ai acheté un compétiteur pour créer le Centre de jardin Alain Carrier et le tout a pris son envol. Je voulais bâtir quelque chose de solide et je crois avoir réussi. Pendant 25 ans, j’ai travaillé sept jours semaine et souvent de 5 h le matin à 9-10 heures le soir. Je ne voulais pas regarder passer le train. Je voulais être en avant. Je me suis donc entouré de personnes compétentes».

Les produits récréatifs?

«Le Centre de jardin étant fermé en hiver, j’avais plus de temps libre. En famille, nous faisions de la motoneige ou du VTT. En bon consommateur, j’ai vu une opportunité, celle de combler mes mois plus tranquilles en vendant des motoneiges. C’est là que Performance NC est apparue dans le décor. Puis, étant un amateur de motocyclette, j’ai ajouté d’autres lignes de produits récréatifs. Aujourd’hui, Performance NC propose des produits sous plusieurs bannières.»

Le Groupe Carrier

«C’est pour regrouper nos places d’affaires que le Groupe Carrier a été mis sur pied. Il s’agit d’une belle entreprise familiale parce que nos enfants y sont grandement engagés. Notre fils aîné Alain Jr est diplômé en ingénierie de l’université de Sherbrooke et il travaille avec moi chez NC. Quant à Marie-Pierre, elle est aussi diplômée en marketing et elle travaille dans nos magasins NC et m’épaule énormément. Finalement, Jonathan, qui est diplômé de l’ITA, dirige le Centre de jardin. Le Groupe Carrier réunit donc le Centre de jardin Alain Carrier, les Jardins Saint-Laurent (une entreprise de gestion de terrains pour la construction résidentielle) et Performance NC (bannières BRP, Harley-Davidson, BMW), une entité de huit magasins situés dans à Saint-Germain-de-Grantham (Drummondville), Saint-Hyacinthe, Sherbrooke, Granby, Princeville, Valcourt et Lac Mégantic.»

Comment vois-tu  le commerce dans les prochaines années?

«Je ne suis pas trop inquiet mais il va falloir trouver des moyens d’attirer une clientèle plus jeune. Tout comme l’automobile, les produits récréatifs seront sûrement plus écologiques. Quelle entreprise deviendra la Tesla du sport récréatif. Difficile à dire mais je suis persuadé que plusieurs entreprises y pensent déjà.»

Le Groupe Carrier a investi 20 M $ au cours des dernières années dans l’ouverture de nouveaux magasins. Y a-t-il d’autres projets dans l’air?

«Pour l’instant, on consolide nos entreprises. Sur un plan personnel, le projet qui m’interpelle le plus, c’est la rétrocession de l’entreprise aux enfants. Je ne veux pas attendre à 65 ans ou plus pour le faire; je préfère y aller par étapes. Le processus est déjà enclenché. Je suis encore très actif et je veux le demeurer. Je fais des semaines de 50-60 heures mais éventuellement, j’aimerais profiter d’un peu plus de temps libre.»

La petite famille?

«Marie-Chantale (Laferté) et moi partageons notre vie depuis 37 ans. Nous avons trois enfants et cinq magnifiques petits-enfants (Félix, Joey, Jordan, Jade et Mason). Même si je travaille beaucoup, je trouve du temps pour mes petits-enfants. Je suis vraiment un grand-père gâteau. D’ailleurs, mes enfants me le rappellent. Je peux annuler bien des choses pour être avec mes petits-enfants. Pour moi, c’est important.»

Y a-t-il des causes qui te tiennent à cœur?

«Évidemment, mais comme bien des gens j’ai dormi au gaz pendant de trop nombreuses années. Puis, il y a eu un déclic. Je pense que chaque personne peut, à sa façon, donner au suivant. Je suis très sensible à certains organismes comme la Fondation Sainte-Croix/Heriot ou encore la Tablée populaire, qui œuvre auprès de personnes plus démunies. Quand je m’engage envers certains organismes, je le fais par pur plaisir et dans le seul but d’aider.»

Ton plus bel engagement?

«C’est sur un plan personnel. Je n’ai pas fait de grandes études et j’ai dû apprendre sur le tas. J’ai réussi parce que je suis un passionné. J’ai voulu que mes enfants développent cette passion pour les affaires, mais en ayant une formation professionnelle. À ce niveau, ils ont bien amorcé leur vie d’adulte. Personnellement, j’ai eu un mentor en Gilles Soucy qui m’a épaulé. J’ai voulu offrir le même genre de mentorat à mes enfants. L’avenir me le dira mais je crois qu’ils sont une coche au-dessus de moi.»

Tes meilleurs moments?

«La naissance de mes enfants et celle de mes petits-enfants qui me font oublier que je vieillis lentement mais sûrement. Au niveau professionnel, il y en a eu quelques-uns. Je retiens surtout quelques honneurs d’équipe comme le Mérite estrien, l’Ordre du mérite à Saint-Hyacinthe, l’Ordre du mérite du commerce de détail du Québec ou les Napoléon de la Chambre de commerce et d’industrie de Drummondville.»

Tu as flirté avec la politique?

«C’est un citoyen qui m’avait approché pour devenir conseiller à Grantham-Ouest. J’étais persuadé de ne jamais être élu, ne connaissant que peu de choses en politique. Surprise : j’ai été élu et comme je ne fais jamais les choses à moitié, j’ai décidé de m’impliquer d’une façon très sérieuse. Après un premier mandat comme conseiller, j’ai été élu à la mairie. Puis est venue la fusion avec Drummondville. Étant un leader, j’ai toujours voulu devancer mes adversaires mais à la mairie de Drummondville, c’était peine perdue. Francine Ruest-Jutras avait une longueur d’avance sur moi et elle a facilement gagné l’élection qui a suivi la fusion. Je ne regrette rien de mon passage en politique car j’ai appris beaucoup et l’expérience que j’y ai vécue m’a servi dans mon cheminement dans le monde des affaires.»

Des loisirs?

«J’ai toujours été sportif. À 17 ans, je faisais du karaté, à un niveau élevé. J’ai participé au championnat de l’est du Canada. Puis, il y a eu le culturisme. J’ai d’ailleurs remporté le titre de M. Province de Québec. Aujourd’hui, je fais encore de l’entraînement musculaire de trois à quatre fois par semaine. Depuis un peu plus d’un mois, je fais aussi du kick boxing. Moi qui croyais être en grande forme, je peux dire que c’est très demandant. Étant donné que je veux vieillir en santé, je prends soin de ma condition physique et je me nourris très bien. Pour moi, une semaine sans entraînement, c’est comme si la planète s’arrêtait.»

Si tu avais un rêve à réaliser, ce serait lequel?

«À grande échelle, si les grandes fortunes se concertaient pour mettre fin à la famine dans le monde, ce serait fantastique. Donc, si je pouvais simplement cligner des yeux et réaliser un grand rêve, tout le monde sur la planète pourrait manger trois fois par jour et vivre convenablement.»

En terminant, qu’est-ce qu’on peut souhaiter à Alain Carrier?

«Il y a une chose qui me traumatise, c’est d’être victime d’une maladie grave, comme un AVC ou l’alzheimer. Je mets donc toutes les chances de mon côté pour éviter cela. J’aime la vie et ce qu’elle m’apporte. Si on peut me souhaiter quelque chose d’important, ce serait la santé», affirme spontanément le président du Groupe Carrier qui se dit très fier du chemin parcouru par le p’tit gars du quartier Saint-Jean-Baptiste.

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