«Je suis celui qui a le plus reçu»

«Je suis celui qui a le plus reçu»
Charles Page est revenu le 7 août dernier d'un voyage de trois semaines en Ouganda et au Rwanda.

Si certains fêtent leur trentième anniversaire en allant au restaurant, Charles Page a célébré le sien en aidant les résidents d’un bidonville en Ouganda.

Le Drummondvillois avait toujours rêvé d’aller en Afrique. «Étant plus jeune, j’ai rencontré un vieux Brésilien qui avait fait le tour du monde. Il m’avait dit de garder l’Afrique pour la fin, dans le sens où c’est le meilleur endroit du monde», se souvient Charles Page.

Et 2017 semblait être le bon moment. S’il avait déjà mis le pied sur le continent africain en allant au Maroc il y a quelques années, ce n’était pas vraiment le type de voyage qu’il souhaitait refaire. «Je voulais vraiment voir le cœur de l’Afrique. Je souhaitais vivre comme les gens, manger comme eux. Je voulais m’imprégner de leur culture.»

Tombé un peu par hasard sur une fondation, 22 stars, qui vient en aide aux habitants d’un immense bidonville niché dans la capitale ougandaise, Charles Page s’est senti interpellé par la mission de l’organisme. «J’avais peut-être pas le cardio pour monter le Kilimandjaro, mais j’avais le cœur d’aller aider mon prochain», communique-t-il.

Il n’en fallait pas plus pour qu’il sorte son fidèle sac à dos et saute dans un vol direction Kampala (la capitale de l’Ouganda). Il a également démarré une campagne de socio-financement sur la plateforme GoFundMe, à l’aide de laquelle il a réussi à amasser la coquette somme de 4000 $. «4000 $, c’est beaucoup pour ici. Imagine là-bas!», s’exclame le voyageur, qui semble encore un peu étonné de la générosité des gens.

Pendant trois semaines, Charles Page a sillonné le bidonville d’Acholi Quarters afin d’évaluer les besoins les plus pressants des habitants et ensuite prendre les mesures qui s’imposent pour améliorer la qualité de vie des familles.

Il a ainsi distribué 44 matelas à des gens qui dormaient sur le béton, et donné des souliers à des enfants qui n’en avaient pas. «Le plus valorisant c’était que je voyais presque immédiatement les impacts de ces mesures», raconte-t-il.

Une pauvreté innommable

Le bidonville d’Acholi Quarter est à la base une terre donnée aux réfugiés, qui fuyaient les sanglantes guérillas de Joseph Kony dans le nord du pays. Maintenant considéré comme un quartier de Kampala, Acholi Quarters s’est toutefois isolé du reste de la capitale en développant sa propre économie et son propre dialecte. Environ 10 000 personnes y vivent dans une pauvreté que Charles Page n’imaginait pas possible. «Les gens gagnent à peine un ou deux dollars par jour en moyenne dans des conditions extrêmement difficiles. Rares sont ceux qui ont l’électricité ou l’eau courante. La majorité des gens ne savent ni lire ni écrire. La seule façon que les habitants du bidonville pourront s’intégrer au reste de la population, c’est le moment où les enfants iront à l’école», décrit le Drummondvillois. D’ailleurs, 140 enfants sont actuellement parrainés par la fondation afin d’avoir accès à une scolarité. «Il y a de l’espoir.»

Après avoir œuvré au sein de 22 stars, il a décidé de faire un petit séjour au Rwanda, le pays voisin. «Le temps de décanter un peu, avant de repartir.»

Pourtant…

Quand il parle des personnes qu’il a rencontrées au cours de son séjour, Charles Page a les yeux qui s’illuminent. «Ils sont très attachants, très sympathiques. Ils savent comment apprécier les petites choses de la vie. Voir des gens qui vivent dans une pauvreté que je n’imaginais même pas possible et être heureux quand même, c’est un choc. Ça remet les choses en perspective. Ça fait prendre conscience de la chance qu’on a.»

Chose certaine, le voyageur n’hésitera pas à retourner en Afrique. À l’instar du vieux Brésilien, il croit que ce continent, plus accessible qu’on pense, est définitivement un incontournable.

«J’ai quitté sans avoir découvert la recette de leur bonheur mais avec l’idée qu’une partie de celle-ci repose sur le fait de vivre dans le moment présent et d’apprécier les petites choses que la vie a à vous offrir. De s’attacher aux moments plus qu’au matériel. Je suis parti en étant celui qui a le plus reçu.» 

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