Darryl Barnabo, un parcours intéressant entre Dapaong et Drummondville

Darryl Barnabo, un parcours intéressant entre Dapaong et Drummondville
Darryl Barnabo.

Arrivé au Canada en 1997, Darryl Barnabo cumule plus d’une dizaine d’années d’expérience dans le domaine de l’immigration et des relations internationales. C’est au sein de l’Université du Québec à Trois-Rivières, dans le cadre de l’accueil et de l’établissement des étudiants immigrants, qu’il a fait ses preuves.  

Depuis 2010, il se retrouve à la barre du Regroupement interculturel de Drummondville (RID), le seul organisme communautaire  à s’occuper directement des immigrants de la MRC de Drummond.

Et comme l’explique le principal intéressé, le RID s’est donné comme mission première de faciliter l’intégration des nouveaux citoyens québécois et d’amener les gens d’ici à les accueillir, les découvrir et s’enrichir à leur contact. «Le RID mène de front trois projets qui sont porteurs de l’organisme, soit le programme d’accompagnement des nouveaux arrivants, le programme de régionalisation de l’immigration et le projet école-famille-communauté, ainsi qu’un service d’interprétariat rejoignant plus de quatorze langues et dialectes», précise M. Barnabo.

Mais qui est ce personnage dynamique, visionnaire, entrepreneur qui met au profit du RID ses études en gestion de projet? C’est ce que L’Express a voulu découvrir lors d’une rencontre qui s’est déroulée dans les locaux du Regroupement interculturel de Drummondville, rue Lindsay.

Les racines?

«Je suis né le 13 septembre 1977 à Dapaong, une petite ville du nord du Togo. J’ai deux frères et deux sœurs. Mes sœurs et un de mes frères vivent au Québec; l’autre demeure à Toronto. Ma mère est toujours vivante et elle vit entre le Québec et le Togo puisqu’elle passe beaucoup de temps avec chaque membre de la famille. Quant à mon père, il est décédé en 1997.»

Direction Canada?

«C’est aussi en 1997. Immédiatement après mon arrivée à l’aéroport, je me suis mis en direction de Trois-Rivières où habitaient ma sœur et son mari.»

Et pourquoi avoir quitté le Togo?

«Je viens d’une famille de diplomates. Donc, j’ai eu la chance de voyager beaucoup avant le décès de mon père. J’ai d’ailleurs étudié dans cinq pays différents avant d’arriver au Canada. C’est peut-être le goût des voyages qui m’a amené ici. J’aurais aussi bien pu me retrouver à Los Angeles ou dans un autre coin de pays, mais étant donné que j’avais de la famille au Québec, c’est ici que je suis venu. Et croyez-moi, à l’époque, je ne connaissais pas grand-chose du Canada.»

Bachelier en administration?

«En arrivant à Trois-Rivières, je me suis inscrit au Collège Laflèche. Ça m’a permis de comprendre le système scolaire québécois. Et sur le plan social, je me suis impliqué dans tout, le sport, la musique, le travail d’équipe, etc. De plus, j’avais d’excellentes notes, particulièrement en maths et en histoire. Par la suite, j’ai été admis à l’UQTR, en administration des affaires. J’ai obtenu un bac en administration, profil entrepreneuriat, et une maîtrise en gestion de projet. Et à l’UQTR, j’ai aussi poursuivi mon engagement au sein de l’association des étudiants internationaux.»

Et l’accueil québécois?

«Même si j’ai été frappé par la langue, je ne me suis pas senti dépaysé pour autant. Je m’entendais fort bien avec mes amis et mes professeurs. C’est peut-être pour cela que je me suis intégré aussi rapidement.»

Le premier emploi?

«C’est à l’UQTR, un poste de relationniste. Comme je l’ai mentionné, je me suis engagé au sein de l’association étudiante, particulièrement au niveau internationale, si bien qu’en deux ans, on a doublé le nombre d’étudiants venant de l’extérieur du pays. Et ça m’a permis de rencontrer mon amie française».

Et à Drummondville?

«Je suis arrivé ici en 2007. J’avais obtenu un emploi au sein de l’Association des clubs entrepreneurs étudiants du Québec qui avait ses locaux au cégep. Puis, il y a eu le Mondial des cultures, au poste de directeur des opérations. Et Chef à domicile que j’ai lancé. J’ai toujours aimé la cuisine; donc, il était normal que je touche un jour à ce secteur.»

Le RID?

«C’est en 2010. Le RID était à la recherche d’un directeur général. J’ai appliqué et j’ai obtenu le poste. C’était un défi d’un autre genre, un défi plus humain. Il y a une bonne différence entre comprendre les autres et vouloir aider les autres et ça, ça venait me chercher. L’organisme était structuré mais il fallait le propulser ailleurs, l’amener dans une autre direction.»

Bien appuyé pour toute une équipe?

«C’est vrai. Et cette équipe nous a permis de faire de belles choses. Personnellement, je me sens plus comme un développeur. Je vise toujours plus haut mais le succès du RID, c’est le travail d’équipe. Tous les employés sont autonomes, ce qui nous permet de mener de front plusieurs projets en même temps et de faire avancer des dossiers très rapidement.»

Sur un plan plus personnel, la petite famille ?

«Mon épouse Marie Collet et moi avons deux enfants, Lelia 7 ans et Mathis 5 ans.»

Pourquoi avoir choisi Drummondville comme ville d’adoption ?

«La notion famille et le secteur emploi ont été des vecteurs importants. Mais il y a aussi le réseau d’amis très précieux. De plus, ici, tout est à proximité, les garderies, les écoles, tout, tout, ce qu’on ne retrouve pas dans les grandes villes. Et c’est situé entre Montréal et Québec, deux grands pôles très importants. Alors, Drummondville, c’était et c’est toujours l’endroit idéal.»

Une journée type pour Darryl Barnabo, ça ressemble à quoi?

«Il est rare qu’une journée soit copie conforme d’une autre. Je suis un lève-tôt, 4 h le matin. Puis, il y a un temps de méditation. Je prépare les choses des enfants qui sont comme la prunelle de mes yeux. Il y a le petit déjeuner en famille. Puis, vers les 6 h, c’est le boulot : la planification de la journée tant pour le RID que pour Goûts du monde, pour que tout soit prêt dès l’ouverture des bureaux. Chaque jour, les dossiers diffèrent. Puis vers les 18 h ou 19 h, c’est le retour à la maison pour le souper en famille et de petits moments très importants. C’est notre temps à nous.»

Plus bel engagement professionnel ?

«Le Regroupement interculturel  de Drummondville. Ce qu’on fait au RID nous ramène toujours à l’aspect humain. À Drummondville, tous les efforts ont été mis pour que les familles s’intègrent bien et ça, c’est très motivant.»

Bon cercle d’amis ?

«Mes amis font partie de mon quotidien. Lorsque nous nous rencontrons, peu importe l’endroit, ce sont toujours des moments privilégiés. J’ai eu la chance de tisser des amitiés très grandes.»

Les loisirs?

«J’adore le badminton. J’aime aussi faire des tours de vélo. Étant un bon vivant, j’aime toucher à plusieurs choses.»

Un petit côté peu connu?

«Mon côté musicien. À la maison, je joue quelques instruments de musique, la batterie et la guitare basse. J’apprécie la musique du monde qui m’a permis d’évoluer et j’aime redécouvrir des rythmes, des sons d’ailleurs.»

Un mets préféré?

«J’adore cuisiner. C’est une passion pour moi. Alors, j’aurais beaucoup de difficulté à cibler un mets préféré. Que ce soit à la maison ou chez des amis, j’aime bien prendre la cuisine d’assaut. C’est comme une seconde nature chez moi. Par ailleurs, je dois avouer que lors d’occasions exceptionnelles, j’ai grandement apprécié un bon six-pâtes du Lac Saint-Jean, avec de la sauvagine. Délicieux.»

Le plus grand rêve à réaliser?

«D’accompagner mes enfants dans leur cheminement et de leur épargner les difficultés de la vie. De les guider dans le bon chemin. C’est peut-être la notion de famille qui est très forte chez moi mais je vais travailler avec toute mon énergie, toutes mes capacités pour réaliser cet objectif.»

Que réserve l’avenir à Darryl Barnabo?

«De toujours évoluer, d’aller de l’avant. Mon père était un homme fier; je crois que je le suis aussi. Un jour, je laisserai ma place à mes enfants avec, je l’espère, l’idée d’avoir accompli de belles choses.»

En terminant, qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter?

«Du temps, des moyens et de vrais amis. Du temps et des moyens pour accomplir les projets que j’aimerais réaliser, du temps à consacrer à ma famille et à mes amis. Je crois beaucoup en Dieu et je suis persuadé que rien n’arrive pour rien», conclut Darryl Barnabo qui avoue, sourire en coin, avoir appris à gérer son stress et qui se dit très fier d’être à la tête de cette grande équipe d’une vingtaine de personnes qui voit à la bonne marche du Regroupement interculturel de Drummondville.

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