Le programme Challenger, un coup de cœur de L’Express

Le programme Challenger, un coup de cœur de L’Express
Impossible de rester insensible devant un jeune participant du programme Challenger sautant de joie après avoir marqué un point.

BASEBALL. Le métier de journaliste a ceci de fascinant, c’est qu’il permet de rencontrer une multitude de personnes de divers horizons. Le hockeyeur, le coach, l’agriculteur, le politicien : chacun possède sa propre histoire, toutes plus intéressantes les unes que les autres, et accepte de la partager avec générosité avec nos lecteurs.

Lorsque j’ai mis les pieds au parc des bénévoles, lundi soir dernier, afin d’assister à une partie du programme de baseball adapté Challenger, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. J’ai vite été impressionné par toute l’action et l’émotion qui régnaient sur le terrain, sur le banc des joueurs et dans les gradins. Pour moi, ce fut un véritable coup de cœur!

Tenu à bout de bras par des bénévoles passionnés un peu partout à travers le pays, le programme Challenger offre aux jeunes handicapés la possibilité de s’amuser en jouant au baseball dans une catégorie créée spécifiquement pour leurs besoins particuliers. À Drummondville, cette activité existe depuis maintenant sept ans et fait le bonheur d’une vingtaine de joueurs de tous âges.

Comme le pointage n’a aucune importance, les participants jouent simplement pour le plaisir. Les balles, les prises et les retraits ne sont pas comptabilisés. Ainsi, tous les joueurs ont l’occasion de courir sur les sentiers et de croiser le marbre lors de chaque manche de jeu. Des parents bénévoles sont présents sur le terrain en permanence, surtout pour diriger les plus petits.

Derrière mon appareil photo, impossible pour le père de famille que je suis de rester insensible devant un jeune trisomique sautant de joie après avoir frappé la balle ou marqué un point. Chaque fois, on se serait cru en plein septième match de la Série mondiale!

Parmi ces jeunes champions tous plus attachants les uns que les autres, l’histoire de Jérémy a attiré mon attention. Atteint de la trisomie 21, le jeune homme de 14 ans pratique le baseball depuis l’âge de 5 ans. Son état est caractérisé par un retard de développement moteur et psychologique ainsi que par une difficulté de langage.

«Pour Jérémy, le baseball est devenu une tradition chaque été. Il faut absolument l’inscrire. Il adore ça! On a vu une amélioration dans son jeu. Au début, c’était difficile. Ça prenait plusieurs lancers avant qu’il soit capable de frapper la balle. Aujourd’hui, il y parvient dans les trois premiers lancers parce qu’il coordonne mieux ses mouvements», raconte sa mère, Mélanie.

Le baseball aide non seulement le jeune homme à développer ses aptitudes physiques et sociales, mais aussi à améliorer sa qualité de vie en rehaussant son estime de soi et en créant de nouveaux liens d’amitié.

«Comme la plupart des garçons de son âge, Jérémy aime beaucoup le sport en général. Ce programme lui permet de pratiquer le baseball avec des gens comme lui. Il s’est fait plusieurs nouveaux amis. Ils ont beaucoup de plaisir à pratiquer un sport d’équipe ensemble», témoigne Mélanie.

Pour Jérémy et ses copains, pas question de manquer un match. D’une durée d’une heure, les rencontres ont lieu une fois par semaine durant la période estivale. Lorsque la pluie force l’annulation de l’activité, la déception est bien palpable chez les participants.

Père de deux enfants, Patrick Nadeau est celui qui a mis sur pied le programme Challenger à Drummondville en 2011. Son plus jeune fils, Anthony, souffre du syndrome de Joubert. Il est âgé de 13 ans.

«À l’époque, il n’y avait rien pour faire bouger les jeunes handicapés à Drummondville. Ni le soccer, ni le hockey n’offraient de programme adapté. Anthony, lui, voulait imiter son frère aîné Samuel, qui est un joueur de baseball. C’est son idole. Pour trouver d’autres joueurs, on est allé porter des pamphlets dans les écoles de la région. C’est comme ça que le programme Challenger a vu le jour ici», raconte Patrick Nadeau.

La première année, 14 joueurs ont répondu à l’appel. Cette année, 22 joueurs sont divisés au sein de deux équipes arborant le logo de Baseball Drummond : les noirs et les rouges.

«Il n’y a pas de limite d’âge. On a des joueurs de 5 ans et d’autres de 30 ans. On accepte tout le monde, peu importe leurs handicaps, qu’ils soient physiques ou mentaux. On a déjà eu un joueur avec un seul bras et une joueuse qui se déplaçait en marchette», souligne Patrick Nadeau.

«Le but, c’est de leur permettre de bouger et de s’intégrer, poursuit-il. En portant un chandail d’équipe, ils ressentent une grande fierté. Le baseball leur apprend plein de choses, comme le concept d’équipe, la patience et la persévérance. Par exemple, mon fils a des problèmes avec sa motricité fine, son équilibre et son langage. Le baseball l’a poussé à s’améliorer dans toutes ces facettes. Aujourd’hui, il est capable de courir, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Le baseball est un défi qui le pousse à se dépasser.»  

Presque chaque année, les joueurs drummondvillois effectuent des sorties à l’extérieur. En plus d’avoir disputé des tournois à Brossard et à Valleyfield, ils ont accueilli des équipes d’ailleurs au parc des bénévoles.

«Le programme Challenger existe dans d’autres villes du Québec et du Canada, mais celui de Drummondville fait partie des précurseurs. L’association de Sherbrooke veut d’ailleurs s’inspirer de ce qu’on fait ici pour lancer le même programme.»

«Chose certaine, on ne va pas arrêter. Les jeunes sont trop attachés à cette activité. C’est un moment qu’ils ne veulent pas manquer. Pour eux, c’est vital», conclut Patrick Nadeau.

Partager cet article