Jeff Letendre, de musicien-serveur à entrepreneur immobilier

Jeff Letendre, de musicien-serveur à entrepreneur immobilier

Fin trentaine, Jeff Letendre a gagné son pari. Entrepreneur dans l’âme, ce Drummondvillois s’est lancé dans toute une aventure, il y a un peu plus de cinq ans, en créant Like A Hotel, une entreprise qui se spécialise dans l’hébergement pour vacanciers et touristes.

:«Il fallait du cran c’est certain mais aujourd’hui, je ne regrette vraiment pas le chemin que j’ai emprunté. C’est en 2011, alors que j’avais 33 ans, que ma vie a connu tout un bouleversement. À l’époque, j’arrondissais mes fins de mois en étant musicien et serveur dans un restaurant. J’avais aussi un petit studio d’enregistrement. Il faut croire que je n’étais pas heureux car j’essayais toujours d’améliorer ma situation», soutient Jeff Letendre.

Sans diplôme et avec très peu d’économies, le principal intéressé s’est mis dans la tête de foncer et de se trouver un nouveau défi à relever. Et le moins que l’on puisse dire aujourd’hui, c’est qu’il a fort bien réussi.

Tu es sur la fin trentaine ?

«Oui, je suis né le 3 avril 1979. Donc, j’ai 38 ans.»

Tu as tout un parcours, mais commençons par les études.

«Là, c’est assez compliqué. Je n’étais pas tellement studieux. En fait, je n’aimais pas l’école. J’ai quitté l’école à 16 ans, probablement au grand désespoir de mes parents et surtout de mon père qui avait un commerce de matelas à Drummondville. Je n’étais pas un décrocheur mais j’ai voulu joindre la milice de réserve. J’étais déjà très indépendant à cet âge. Puis, j’ai terminé mon secondaire V à l’éducation des adultes.»

Tu as été musicien au début?

«Après la milice, je suis parti pour l’Angleterre. J’y ai passé cinq ans. Ça m’a permis d’apprendre l’anglais et de voyager. Pourquoi l’Angleterre? J’étais un fan des Stones, de U2, et je voulais fonder un groupe de musique là-bas. Ça n’a pas marché. Après quelques années, je suis revenu à Montréal et j’ai formé un groupe rock. À mon sens, c’était un très bon groupe mais ça n’a roulé que quelques années.»

Serveur en même temps?

«À vrai dire, j’ai eu 67 jobs différentes. J’acceptais tout pour survivre. J’ai travaillé sur une ferme, dans une usine, dans un bar. J’ai même été agent de sécurité. Puis, je me suis trouvé un petit emploi comme serveur au restaurant L’Avenir, sur Mont-Royal. Encore là, faut croire que je n’étais pas complètement heureux, car je cherchais toujours un nouveau défi.»

Et l’immobilier?

«À 33 ans, j’ai décidé de me lancer dans un autre domaine et l’immobilier est vraiment venu par hasard. À l’époque, je voulais me débarrasser de mon studio de musique. J’ai donc demandé à mon propriétaire de rénover complètement le studio, à mes frais, et de pouvoir le sous-louer en garantissant mon bail. La première semaine, j’ai loué à des étudiants, 100 $ la nuit. C’est là que le tout à pris forme.»

Il fallait tout de même une bonne dose d’entrepreneuriat pour se lancer dans une telle aventure !

«500$ en une semaine, c’était assez pour me donner un bon élan. J’ai fait une petite étude et je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas d’hôtel sur l’Avenue Mont-Royal. J’y ai vu une belle opportunité. J’ai donc loué un deuxième appartement que j’ai rénové et que j’ai loué. Et c’était parti. Mon plan B, celui de devenir entrepreneur, venait de naître et c’est à ce moment que Like A Hotel est arrivé dans le décor.»

As-tu connu une popularité rapide?

«Au début, je travaillais 80 heures semaine. Quand j’avais terminé de rénover un appartement, j’en louais un autre… et ainsi de suite. Je m’étais fixé un objectif de 50 appartements. Je me suis rendu à 63. Puis, j’ai eu l’opportunité d’en créer une quarantaine de plus dans les Laurentides, en partenariat avec un autre promoteur. J’ai perdu beaucoup d’argent dans ce projet mais ce fut très enrichissant comme expérience. Aujourd’hui, Like A Hotel, c’est près de 70 appartements surtout à Montréal et dans les Laurentides, et ce n’est pas fini.»

Des projets pour bientôt?

«J’ai un très gros projet en tête et je veux rapidement revenir au cap des 100 appartements. Il y a aussi d’autres projets sur la table. D’ailleurs, je me suis fixé comme objectif de doubler, chaque année, le nombre de nos appartements. Je demeure convaincu qu’il est possible d’offrir aux touristes et aux vacanciers de 300 à 500 portes en location seulement à Montréal.»

Et d’ici cinq ans?

«Je suis très ambitieux. C’est comme devenu un sport extrême. J’aimerais développer davantage, par exemple à Québec, Toronto et Miami. Et par la suite, pourquoi pas une expansion internationale.»

Tu veux faire de Like A Hotel une grande marque de commerce?

«C’est vrai. Je veux que Like A Hotel devienne une référence, la première chaîne d’appartements hôtel au Québec. Ça n’existait pas avant et aujourd’hui, on est reconnu par le gouvernement. Like A Hotel, c’est une belle équipe de 35 personnes qui travaillent dans le même but.»

Tu qualifies ton aventure de sport extrême. As-tu l’intention de continuer longtemps?

«Certainement. J’ai développé au fil des ans des habilités et je ne me vois pas faire autre chose. Donc, je vais continuer tant et aussi longtemps que j’aurai du plaisir à le faire. D’ailleurs, je veux lancer une autre entreprise reliée au même domaine à l’automne. C’est peut-être comme une montagne russe mais j’ai toujours rêvé d’être entrepreneur et chaque matin, j’entre au bureau avec le sentiment que la journée va être merveilleuse.»

Sur un plan plus personnel, as-tu une petite famille ?

«Je suis célibataire et j’habite tout près du bureau qui est situé sur Prince-Arthur, à Montréal. Probablement que je n’ai pas encore trouvé la bonne personne.»

Une journée type, c’est quoi?

«Je me lève vers 6 h ou 6 h 30 et très tôt je suis au gymnase ou je fais mon jogging. C’est très rare que je manque une journée. C’est primordial non seulement pour ma santé physique mais aussi pour ma santé mentale. Je suis au bureau vers les 8 h 30 ou 9 h et je travaille jusqu’à 20 h, six jours semaine. Ça fait de belles semaines mais j’aime ça.»

Quel est ton plus bel engagement professionnel?

«Quand j’ai ouvert le bureau de Like A Hotel, j’ai engagé des professionnels en marketing, ventes et opérations. J’ai toujours pensé que la force d’une entreprise était ses ressources humaines. Je le pense davantage aujourd’hui. Après un an et demi, on est déjà à l’étroit. C’est peu dire.»

Un petit côté de toi que peu de gens connaissent?

«Je suis végétalien depuis six mois. C’est une façon de voir les choses mais en ce qui me concerne, je crois que c’est cette façon de vivre qui me procure autant d’énergie.»

Ton grand rêve à réaliser?

«Liberté totale et pas nécessairement d’avoir beaucoup d’argent. J’aimerais juste me lever le matin et aider la cause que je veux, que ce soit le végétarisme ou la défense des animaux. C’est sûr que ça prend une certaine sécurité financière pour faire ça, mais…»

Que te réserve l’avenir ?

«Je ne sais vraiment pas mais j’ai de belles valeurs et je suis certain que l’avenir s’annonce intéressant, car si c’était l’inverse je ne me lèverais pas le matin. Je veux voir mon entreprise progresser, tout comme mon réseau de contacts. Sincèrement, je vois le futur comme très beau, très prometteur.»

En terminant, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter?

«Le bonheur parce que je fais tout ça pour être heureux et pour rester connecté. Je veux avoir du fun dans la vie peu importe ce qui m’arrivera», de conclure Jeff Letendre qui se rappelle fort bien s’être expatrié en Angleterre avec seulement 675 $ en poches et qui, aujourd’hui, apprécie les moindres petits moments de chaque journée.

 

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