Fortissimo : une consultation publique enrichissante

Fortissimo : une consultation publique enrichissante
Les membres du chantier de travail sur le développement de la Fortissimo ont entendu 20 intervenants.

Pas moins de 20 intervenants, proposant autant d’idées, certaines plus nouvelles que les autres, ont présenté leurs visions de ce que pourrait être le développement du site de l’ancienne usine Fortissimo lors de la journée de consultation publique qui s’est tenue aujourd’hui à l’hôtel de ville de Drummondville.

Plusieurs points ont semblé faire l’unanimité devant les membres du chantier de travail composé du maire Alexandre Cusson, du directeur général Francis Adam, et des conseillers Yves Grondin, Isabelle Marquis et Catherine Lassonde, à commencer par l’aménagement d’espaces verts et l’accessibilité à la rivière Saint-François.

Le développement résidentiel a été proposé sous différents angles, parfois contradictoires. La question de la densification populationnelle a été la moins limpide. Tour d’habitation de 12 étages, immeubles à logements de cinq ou six étages, bâtiments de pas plus de deux ou trois étages ont été suggérés, soulevant du coup le fameux problème des stationnements. «On ne veut pas une marre d’asphalte», a lancé Caroline Bois, architecte chez Demers Pelletier. «Le stationnement sera définitivement un enjeu dans l’ensemble de ce projet», s’est-elle dit d’avis.

Pour le citoyen Raymond Martin, le zonage devra faire en sorte qu’on ne fabrique «ni un ghetto pour les pauvres, ni un ghetto pour les riches».

«Des condos, oui peut-être, mais des condos de luxe je n’en suis pas sûr», a pour sa part exprimé Alain Vallières, copropriétaire de résidences pour personnes âgées, pour qui, comme pour la plupart, l’accès à la rivière devra être primordial.

«Pensons à des arbres, à un endroit reposant et paisible», a mentionné la citoyenne  Michelle Therroux, toujours portée sur l’environnement. «N’allons pas en hauteur, ne construisons rien de plus de deux ou trois étages», a-t-elle imploré.

Mireille Pépin, directrice générale de la Fédération des coopératives d’habitation de la Mauricie et du Centre-du-Québec, accompagné de Maxime Montmigny, s’est mise en évidence en proposant un régime d’accès à la propriété pour des gens à revenus moyens jumelée au programme d’AccèsLogis. «Ce serait intéressant pour les gens qui travaillent au centre-ville et dont les salaires ne sont pas élevés. On pourrait penser à un service de garde notamment», a-t-elle évoqué.

Guillaume Déry, propriétaire du 200 Brock et du Capiche, a soumis l’idée d’une promenade gastronomique, un genre de marché public où il serait possible de déguster sur place. «Je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’aller au plus offrant mais bien d’accepter le projet pour sa qualité», a-t-il indiqué, rejoignant en cela certains autres intervenants qui ne souhaiteraient pas que la Ville donne un contrat automatiquement au plus bas soumissionnaire lorsque viendra le temps des appels d’offre.

L’emplacement, bien entendu, est intéressant pour les restaurateurs, comme l’a fait remarquer Mathieu Gauthier, chef cuisinier au restaurant Le Baboune. Il a annoncé, sans donner beaucoup de détails, que sept restaurateurs étaient déjà regroupés en association pour organiser des activités et réaliser des projets. Il a proposé rien de moins qu’un restaurant tournant sur le bord de la rivière.

Une salle de spectacle, ce que certains ont appelé un cabaret, est souvent revenue sur la table. Mais on a entendu un bémol sur ce sujet : «C’est encore trop de stationnements et trop d’achalandage tard le soir», a fait valoir la citoyenne Lise Dionne.

«Les arts devront avoir leur place», dans le concept global du projet, a lancé Marylène Ménard, artiste vitrailliste. Claudine Brouillard, qui œuvre dans le milieu artistique, est allée plus loin en suggérant un véritable carrefour des arts. «Un lieu de création et de diffusion pour la relève, pour le théâtre, la danse, les arts visuels, des ateliers collectifs, une salle d’exposition», a-t-elle énuméré.

L’écologie n’a pas été en reste. Le comité a entendu parler de géothermie, de barrière végétale et de jardins communautaires, et surtout de capteurs solaires thermiques par Carl Binette, président d’Aéroénergie, et par Pascal Henri, propriétaire de Construction Magco. «Fortissimo pourrait permettre à Drummondville de mettre la table pour devenir une ville verte», ont-ils avancé.

La Jeune Chambre de commerce (JCCD) a tenu à se faire entendre par la voix de sa nouvelle directrice générale Jessica Ébacher et de sa partenaire Camille Dion-Garneau. «Le sport est important et différents plateaux pourraient être utilisés par les écoles environnantes et par la population lorsqu’elles sont fermées. Nous voyons bien entendu un endroit pour manger mais pas nécessairement dans un restaurant. Une esplanade à l’européenne, un lieu de rassemblement, serait indiquée», a laissé entendre la jeune DG, déclinant la vision d’une brasserie sur le bord de l’eau, semblable à celle du Lac Brompton.

Maxime Hamelin a proposé la construction d’un club nautique, l’endroit se prêtant bien à ce type d’activités sur ce plan d’eau situé entre les deux barrages.

La suggestion d’un "skate parc" n’était pas non plus inappropriée lorsque les jeunes David Lemire et Philippe Plasse en ont soulevé l’idée. Sans prendre position, le maire Cusson a reconnu que les infrastructures actuelles sont inadéquates. «Le site de Fortissimo aurait au moins l’avantage d’être près de l’hôpital», a-t-il enchaîné pince-sans-rire.

Plus sérieusement, le maire s’est dit impressionné par l’ensemble des projets soumis au comité. «Pour la suite des choses, il faudra attendre la réponse de Québec pour les subventions liées à la décontamination, qui est l’étape 1. C’est le prochain conseil municipal (élu en novembre prochain) qui aura à établir le plan directeur. Il verra comment on va choisir les projets. Une autre consultation publique pourrait alors être annoncée».

Comme l’a souligné l’architecte Robert Pelletier, «c’est signe de vitalité quand les gens répondent à la demande de présenter des projets et que cela dure toute une journée».

«Ce fut un bel exercice», a commenté Guy Drouin, directeur général de Commerce Drummond. «On a rien entendu d’incongru, tout répondait à la logique».

Rien d’incongru, sauf peut-être pour cette idée d’aménager une terrasse pour fumeurs…

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