HOCKEY. Il y a quelques mois à peine, Pavel Koltygin était considéré comme l’un des meilleurs espoirs en vue du repêchage de la Ligue nationale de hockey. Nombre d’observateurs s’attendaient à voir le Russe être réclamé dès la deuxième ronde lors de l’encan tenu samedi, à Chicago, mais il finalement glissé jusqu’au sixième tour.
Détenteurs du 176e choix au total, les Predators de Nashville ont finalement jeté leur dévolu sur Koltygin. Trois ans après la signature de Frédérick Gaudreau, le recruteur trifluvien Jean-Philippe Glaude est celui qui a convaincu ses patrons de parier sur l’attaquant des Voltigeurs de Drummondville.
«Au rang où on a repêché Pavel, on est très confortable avec cette sélection. Compte tenu de son potentiel, on calcule que c’est un beau risque. Pour plusieurs raisons, on a un bon feeling. Le repêchage, c’est souvent une question d’instinct», a expliqué Glaude au lendemain de la séance de sélection.
«Le talent naturel de Pavel saute aux yeux. Il a connu une saison en deux temps, mais ce n’est pas nécessairement inquiétant à nos yeux. L’important, c’est de comprendre pourquoi il a ralenti après Noël», a ajouté l’homme de hockey de 36 ans, qui a défendu les couleurs des Voltigeurs pendant quatre saisons entre 1998 et 2002.
Débarqué directement de la Russie l’automne dernier, Koltygin ne parlait alors que quelques mots d’anglais. À travers un calendrier chargé, le jeune homme a dû s’adapter à un nouvel environnement ainsi qu’à un style de jeu différent.
«C’est très gros pour un joueur de cet âge. Ce n’est pas tout le monde qui s’adapte de la même manière. En deuxième moitié de saison, il a aussi dû composer avec les nombreux échanges que les Voltigeurs ont faits. Plusieurs vétérans sont partis et ses compagnons de trio ont changé. À seulement 17 ans, il s’est retrouvé à affronter les meilleurs défenseurs adverses. C’était une grosse commande pour lui. Malgré ce contexte difficile, il a terminé la saison avec 22 buts», a souligné Glaude.
Durant son long passage à vide en deuxième moitié de campagne, Koltygin a semblé se laisser abattre. Il n’était pas rare de le voir revenir au banc la tête basse, en se laissant glisser sur la patinoire.
«On n’a pas aimé son langage corporel quand les choses allaient moins bien pour lui. En entrevue, on lui a donc posé directement la question sur son attitude. Sa manière de répondre était numéro un. Il a dit qu’il en était conscient et que c’est quelque chose qu’il voulait améliorer. Ça nous a donné un bon feeling», a raconté Glaude.
Les solides performances de Koltygin au championnat mondial des moins de 18 ans, en Slovaquie, ont également attiré l’attention des Predators. «L’équipe russe lui a confié un rôle plus défensif. Il l’a accepté sans rechigner. Il a été discipliné et très solide en désavantage numérique.»
Au-delà de son comportement, Koltygin devra surtout améliorer sa constance à sa deuxième campagne en Amérique du Nord. Les responsables du recrutement des espoirs des Predators, Scott Nichol et Wade Redden, lui rendront d’ailleurs visite à quelques reprises à Drummondville afin de l’accompagner à travers ce cheminement.
«Ces deux-là font un travail incroyable pour développer nos jeunes joueurs, a affirmé Glaude. Ils vont lui permettre de corriger plusieurs détails dans son jeu, mais aussi en dehors de la glace. Par exemple, ils peuvent lui suggérer certains changements dans son alimentation pour l’aider à passer à travers le long calendrier. On va aussi l’aider à mieux se protéger, parce que l’an dernier, il s’est fait pincer à quelques reprises. Il doit être conscient que le jeu se referme plus vite ici que sur les grandes patinoires européennes.»
«Quand on repêche un joueur, l’objectif n’est pas qu’il soit bon aujourd’hui, mais bien dans quatre ou cinq ans. Dans le cas de Pavel, il possède des qualités de base naturelles telles que son coup de patin, sa vision du jeu, ses habiletés avec la rondelle et son lancer. Pour le reste, on a confiance qu’il va continuer à se développer dans les deux prochaines années avec les Voltigeurs sous les ordres de Dominique Ducharme, un entraîneur pour qui j’ai une grande estime», a conclu Glaude, qui a été dirigé par Ducharme il y a une quinzaine d’années chez les Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières.