«J’étais morte en dedans»

«J’étais morte en dedans»
Léonie Royer

ESPOIR. Il y a quatre ans, Léonie Royer était maigre et couverte de plaies. Souffrant de détresse psychologique, elle se détestait. Après un long cheminement, mais toujours un peu fragile, elle peut aujourd’hui avancer dans la vie et aspire même à devenir technicienne en santé animale.

La première fois, elle avait sept ans. Frustrée et en colère, elle s’était volontairement entaillé un pied. Sans trop savoir pourquoi, elle avait aimé la sensation. Diagnostiquée TDA, personnalité limite, trouble d’opposition provocation et anxieuse, Léonie ne se faisait pas confiance. Avec les années, la situation ne s’est pas améliorée.

«À ce moment-là (il y a quatre ans), je me détestais. Mes cuisses et mon ventre me faisaient mal. Je ne mangeais pratiquement pas, j’étais maigre. J’étais dépendante chaque jour de cette lame, de ces coupures, de ces blessures qui marquaient ma peau», a-t-elle écrit dans un touchant texte publié sur sa page Facebook personnelle.

Elle avait envie de mourir. Elle se sentait déjà morte en dedans. Tous les jours, qu’elle aille bien ou mal, il lui fallait ce moment avec sa lame. Un moment qui lui faisait du bien un instant, mais qui au final ne faisait que la tuer de plus en plus, a-t-elle confié à L’Express lors d’une entrevue.

«L’automutilation, tu deviens accro. Tu commences et un jour, tu réalises que tu ne peux plus arrêter, mais c’est trop tard. C’est un monstre qui ne cesse de grandir», a-t-elle ajouté.

La honte et la peur du regard des autres l’empêchait de s’ouvrir, d’en parler, de consulter. Hors de contrôle face à elle-même, elle se demandait jusqu’où elle allait aller. Au travers de son histoire, elle parvient à créer une page Facebook afin de pouvoir discuter avec d’autres personnes aux prises avec l’automutilation. «Ça m’apportait un peu de réconfort et c’était valorisant. On tentait de s’entraider. Nous étions tous dans la même situation, mais la page a été fermée», a expliqué Léonie.

Le déclic

«Un soir, après m’avoir détruit les cuisses avec une lame de rasoir, je me suis longuement regardé dans le miroir. Mes jambes saignaient et j’ai commencé à rire, un rire incontrôlable qui ne finissait plus. Je me trouvais tellement pathétique et stupide que j’en riais. C’est à ce moment que j’ai réalisé à quel point j’étais rendue bas. J’étais dans un cercle vicieux dont j’étais incapable de me sortir», a-t-elle continué.

Par miracle, elle a réussi à passer au travers. Elle ne se souvient plus comment, mais elle a fini par réussir à se sortir de là. Au début, elle agissait seule. Au travers des réussites et des rechutes, sur une période de deux ans et demi, sa situation s’est stabilisée. Aujourd’hui aidée par une pédopsychiatre et une médication adéquate, elle peut enfin voir la lumière au bout du tunnel. Après s’être longtemps battue contre elle-même, elle est fière de voir comment elle a évolué. Elle mange mieux, elle prend soin d’elle, son poids est stabilisé et ses plaies sont devenues des cicatrices.

«Il y a des moments dans la vie où l’on a l’impression que tout s’écroule. On a envie d’abandonner et je comprends. Mais s’il vous plait, il faut garder espoir. Tout finit par s’arranger si l’on y met des efforts. Il faut se botter le cul et faire de son mieux pour avancer. C’est normal d’échouer, mais il ne faut pas se décourager et recommencer et se battre», concluait-elle dans sa publication.

Belle, droite, et confiante, elle veut terminer ses études afin d’accéder à la Technique en santé animale. La jeune fille possède un cheval, des chats et un lapin. Ses amis à quatre pattes ont été, avec la famille, une source de réconfort tout au long de son cheminement vers sa nouvelle vie.

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