«Quand je l’ai vue, elle avait l’air amorphe et plus molle»

«Quand je l’ai vue, elle avait l’air amorphe et plus molle»
Les trois accusés.

RÉGIONAL| Le procès de Pierre-François Blondeau, alias Midaz, Jean-Christophe Martin et Dominic Vézina, accusés de délits sexuels sur une adolescente de moins de 16 ans, a repris hier au palais de justice de Victoriaville, avec la suite du contre-interrogatoire d’une jeune femme de 18 ans.

Celle-ci dit avoir aperçu la plaignante à deux occasions lors de la soirée du 24 octobre 2014. «Quand je l’ai vue, elle avait l’air amorphe et plus molle», a-t-elle dit, contrairement aux photos qu’on lui a exhibées en contre-interrogatoire. «Sur les photos, elle a l’air plus réveillée. Quand je l’ai vue, elle ne ressemblait pas à ça. Elle semblait ailleurs (dans ses yeux), mais elle se tenait sans difficulté», a-t-elle souligné.

Le terme ailleurs, a-t-elle précisé, peut référer à la possibilité qu’elle se soit droguée ou qu’elle ait été droguée.

La jeune femme a expliqué qu’elle avait la responsabilité de la vente de billets dans les écoles pour cette soirée en plus d’organiser le transport avec trois autobus.

Connaissait Midaz (Pierre-François Blondeau), elle lui a même demandé un autographe sur la scène.

À la fin de soirée, alors que les participants sortaient, elle se souvient d’avoir reparlé à Midaz en compagnie de deux autres filles. Midaz est même devenu son ami Facebook. «Lors de la discussion, il a toujours été poli, respectueux, courtois», a-t-elle noté.

La jeune femme a relaté un échange sur «messenger» avec Blondeau qui l’a invitée à prendre une marche. «Je lui ai dit que j’avais faim. Il m’a suggéré d’aller manger», a-t-elle fait savoir.

Puis, pendant une heure, aucun autre échange n’est survenu. Les échanges ont repris vers 3 h 55,  alors qu’elle se trouvait à l’Auberge Hélène

Par voie électronique toujours, elle manifeste sa fatigue à son interlocuteur et refuse la marche, soulignant toutefois ne jamais s’être sentie menacée. «Je ne comprenais pas trop l’idée, cependant. J’ai dit pour me sécuriser qu’il y avait huit amis dans la chambre. Je ne voulais pas le voir», a-t-elle mentionné.

Elle ne répondra au dernier message de Midaz que le lendemain, peu avant 11 h, lui écrivant qu’elle était désolée.

Un échange suivra au cours duquel Pierre-François Blondeau lui demande si elle était majeure «pour vrai», qu’elle le lui aurait juré à plusieurs reprises, ce que la jeune femme nie complètement.

Questionnée, en défense, sur sa déclaration à l’enquêteur François Beaudoin, elle a expliqué avoir rempli une page, ne faisant état de ce qui lui semblait le plus intéressant, comme les mots «garde ça entre nous» que lui aurait écrits Midaz.

La jeune femme soutient qu’elle a agi ainsi, non pas parce que c’était plus incriminant, mais parce que cela lui apparaissait comme le plus intéressant. «Je trouvais que le reste de la conversation (sur messenger) n’était pas intéressante. Je ne connais pas votre métier, a-t-elle dit à l’avocat. Je ne pensais pas que c’était nécessaire.»

La déclaration complète a été déposée en preuve, donc à la disposition du jury formé de six femmes et six hommes.

Le contre-interrogatoire de la jeune femme a été suivi du témoignage de Francis Patry, un jeune homme de 22 ans.

Il avait 19 ans lors de la soirée d’octobre 2014. Il a apporté son aide à l’organisateur de la soirée, assurant d’abord son transport à Victoriaville.

Francis Patry, vu son poste, n’a pas assisté à la soirée, s’étant peut-être rendu à la salle à une occasion. Mais il a tout de même constaté que, plus la soirée avançait, plus les mineurs étaient intoxiqués. «Quelques personnes ont quitté en ambulance», a-t-il signalé.

À la fin de la soirée, avec les gens qui l’accompagnaient, il a fait une halte au restaurant McDonald’s avant de se diriger vers l’Auberge Hélène où il occupait, avec d’autres, l’une des deux chambres du bâtiment principal.

Une troisième chambre, a-t-il noté, en contre-interrogatoire, devait être occupée par d’autres organisateurs qu’il n’a pu identifier cependant.

Le ministère public pense faire entendre, lundi, jusqu’à quatre témoins, dont une policière et une experte en biologie.

La plaignante, dans la présente affaire, pourrait être entendue, mardi.

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