Cuisines collectives: l’alimentation à la portée de tous

Cuisines collectives: l’alimentation à la portée de tous
Pour une rare fois

C’était le branle-bas de combat au CDC La Marguerite, vendredi, alors que les élus de la région se sont mis les mains dans les plats dans la grande cuisine où se tiennent régulièrement des ateliers de cuisines collectives, organisés par le Carrefour d’entraide Drummond. C’était la Journée nationale des cuisines collectives.

Soupe aux légumes, pommes de terre rôties à l’ail, asperges beurre et balsamique, filet de porc farci aux pommes et au fromage Oka  et salade de fruits frais au gingembre et au citron vert, voilà le menu qui devait être concocté par l’équipe formée du maire de Drummondville, Alexandre Cusson, du député caquiste de Drummond, Sébastien Schneeberger, du représentant du bureau du député fédéral, François Choquette, et du conseiller municipal Daniel Pelletier dans le cadre de cette journée de sensibilisation.

Pour le député Schneeberger,  l’apprentissage de la cuisine devrait être dispensé à tous, dans le parcours scolaire. «Il faudrait réintroduire les cours de cuisine dans les écoles», croit-il.

Hommes, femmes, jeunes et moins nanties

Ce n’était certes pas la première fois que Sophie Dionne, la coordonnatrice du programme de cuisines collectives, voit des hommes popoter dans les grandes cuisines qui servent d’ateliers aux groupes qu’elle supervise. Ils s’inscrivent de plus en plus nombreux, ces  hommes qui se retrouvent souvent du jour au lendemain seuls et démunis devant les poêlons.

Si les élus s’en donnaient à cœur joie devant les fourneaux, vendredi, les hommes qui viennent s’inscrire aux ateliers de cuisines collectives se sentent souvent honteux de devoir apprendre à cuisiner alors que c’était leur femme (défunte) qui faisait les repas, à la maison. «J’en ai vu qui ont pleuré en arrivant dans le groupe», confiait Mme Dionne, tandis que la poignée d’hommes sous sa gouverne continuait la préparation du repas du midi.

En fait, leur visite lui donnait justement l’opportunité de rappeler à quel point le concept de cuisines collectives peut répondre à différents besoins, autant pour les hommes que les femmes, les retraités, les jeunes mamans, que des personnes  peu nanties.

Le besoin est là et pour diverses raisons. Actuellement, autour d’une quinzaine de groupes viennent régulièrement cuisiner des plats pour quelques jours ou pour quelques semaines dans l’une des trois grandes cuisines disponibles à cette fin, soit le Centre communautaire Claude-Nault, le Rendez-vous familial de Saint-Nicéphore et le Centre communautaire Drummond-Sud. Et c’est sans parler de ceux dont le nom est inscrit sur la liste d’attente.

Le principe des cuisines collectives est de plus en plus populaire. L’an dernier, Mme Dionne a reçu 188 personnes dans ses ateliers de cuisine. En ce moment, une trentaine de personnes attendent de pouvoir s’y intégrer, car les 15 groupes occupent tout son temps.

Mme Dionne aurait besoin d’aide pour organiser davantage de groupes. Or, le Carrefour d’entraide ne dispose pas de ressources financières suffisantes pour embaucher davantage de personnel.

Formule populaire

L’idée de cuisiner en groupe plait à bien des gens. «Ça les sort de l’isolement», assure Mélanie Bouchard, la directrice du Carrefour d’entraide.

Le bas prix des plats cuisinés en grande quantité est évidemment l’un des premiers incitatifs à opter pour la formule de cuisine collective. Les participants cuisineront cinq plats qui leur coûteront de 1 à 2 dollars par portion. Et même en dessous d’un dollar, à la fin de l’été, lors des récoltes.

Juste avant leur journée de cuisine, les participants se rencontrent pour dresser leur menu, qu’ils établissent en fonction des spéciaux des supermarchés.

Après 25 ans d’activités de cuisine, la coordonnatrice se satisfait tout de même de l’utilité de ces ateliers de groupe. Elle y accueille des retraités qui n’ont plus le goût de cuisiner, de jeunes mamans qui veulent sauver du temps en préparant une grande série de petits pots de purée pour leur bébé, des éducatrices qui souhaitent concocter les repas de la jeune clientèle qu’elles reçoivent quotidiennement à la maison.

Au cours des dernières années, Sophie Dionne a supervisé des groupes d’handicapés et des jeunes en réintégration sociale.

Mme Dionne observe de formidables changements dans les habitudes alimentaires de ces jeunes, depuis qu’ils prennent part aux ateliers. «Avant, il y avait des jeunes qui ne se nourrissaient que de Red Bull. En ressortant d’ici, ils recommencent à manger sainement, à moins consommer (de substances illicites)», souligne-t-elle.

Trois de ses jeunes cuisiniers en herbe s’en iront étudier la cuisine à l’école Marie-Rivier prochainement, mentionne-t-elle.

 

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