Des pesticides et des produits pharmaceutiques décelés dans l’eau potable

Des pesticides et des produits pharmaceutiques décelés dans l’eau potable
(Photo : Depositphotos)

ENVIRONNEMENT. Des chercheurs de l’Université de Sherbrooke ont analysé l’eau potable de 18 municipalités de l’Estrie, du Centre-du-Québec et de la Montérégie afin de déceler des traces de pesticides et de produits pharmaceutiques. L’eau de Drummondville est celle dans laquelle on y a retrouvé la plus grande quantité de contaminants.

«Il faut comprendre que Drummondville puise son eau dans la rivière Saint-François, à la toute fin du bassin versant où toute l’eau de surface des municipalités en aval s’écoule, par exemple, celle de Sherbrooke. Cela fait en sorte que l’eau est plus contaminée», explique le professeur Hubert Cabana à la tête de cette étude avec le finissant à la maîtrise en génie civil Sebastian Sanchez.

Les échantillons ont été prélevés en 2014 et 2015 à même l’eau du robinet.

Globalement, 10 molécules sur 70 étudiées ont été détectées, soit des molécules de six produits pharmaceutiques et de quatre pesticides. C’est la caféine qui a été retrouvée en plus forte concentration. Pour la première fois, la cyclophosphamide a été décelée, une molécule utilisée pour les traitements contre le cancer. Le carbamazépine, un médicament pour traiter l’épilepsie et les troubles de l’humeur a aussi été trouvé. Finalement, l’eau contenait plusieurs traces d’anti-inflammatoires, tels que de l’acétaminophène et du naproxen.

«Précisément, à Drummondville, dans chaque échantillon, on retrouvait au moins une molécule de l’une de ces substances», indique M. Cabana.

En ce qui a trait aux pesticides, c’est l’atrazine, un herbicide de synthèse qui est utilisé de manière assez importante au Québec, qui a été le plus détecté dans tous les échantillons analysés.

Des traces de hexazincon, metolachlor et thiabendazole ont également été découvertes.

«À tous les quatre échantillons prélevés et analysés, on retrouvait sept substances dans l’eau de Drummondville», note le chercheur.

Des risques pour la santé?

Selon la réglementation actuelle, l’eau est considérée de bonne qualité, et ce, malgré la forte concentration de contaminants relevés. Mais est-ce que tout cet or bleu que nous buvons comporte des risques pour la santé? «Ça c’est une question à un million de dollar à laquelle je ne peux pas répondre. Il reste bien des choses à creuser. Des études démontrent que pour l’environnement, c’est néfaste. (…) De plus, il y a 90 contaminants, molécules ou substances qui sont réglementés, mais il y a 100 000 produits qui sont en commercialisation, selon Santé Canada et Environnement Canada. Mais tant qu’il n’y a pas de tests précis, on ne peut pas savoir si c’est problématique ou non», précise-t-il.

Celui-ci ne veut surtout pas être alarmiste puisque ces contaminants se retrouvent ailleurs, comme dans les sols et même, l’eau embouteillée.

De surcroît, l’objectif derrière cette étude, tient à souligner M. Cabana, est de montrer les faits et non de pointer du doigt les municipalités. «On ne peut pas blâmer les villes, car elles font bien leur travail et suivent les normes. Nous souhaitons seulement que cette étude serve de base pour les chercheurs plus outillés ou plus en moyen qui souhaiteraient aller plus loin.»

Saint-Cyrille-de-Wendover, Wickham et Durham-Sud étaient également visées par l’étude. Ces municipalités de la MRC de Drummond puisent leur eau dans la nappe phréatique.

«Nous voulions intégrer des municipalités de 5000 habitants et moins parce que celles-ci ont beaucoup moins d’obligations en termes de fréquence de suivi des contaminants. Pourtant, dans certains milieux ruraux, un échantillon sur deux a été contaminé.»

Soulignons en terminant que le 22 mars est la Journée mondiale de l’eau.   

Rappelons aussi qu’un investissement de 1 750 000 $ sera prochainement mis de l’avant afin de réaliser les plans et devis, la première étape du vaste chantier d’amélioration de l’usine de traitement d’eau potable.

Qui plus est, la Ville de Drummondville s’est engagée à atteindre un niveau supérieur de qualité de l’eau potable en joignant le Programme d’excellence en eau potable (PEXEP), une initiative visant à optimiser sa performance au niveau du traitement de son eau potable. L’entente officielle a été signée le 17 février dernier.

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