Julien Clerc, dans la région en 2017

En 2018, Julien Clerc célèbrera ses 50 ans de vie artistique. En guise de cadeau aux Québécois qui le suivent depuis longtemps, il viendra leur rendre visite, le temps d’un spectacle dans le cadre de sa tournée Fans, je vous aime. Il sera à Drummondville le 9 juin puis s’arrêtera à Victoriaville au mois de septembre.

À l’approche de cet anniversaire, qui vient marquer une carrière intemporelle, l’artiste français a regroupé ses 40 meilleurs succès dans l’album double, «Fans, je vous aime». C’est la surprise qu’il réservait à ses fans.

L’artiste lancera aussi un nouvel opus en septembre. C’est le cadeau qu’il s’offre pour couronner ses 50 ans de travail artistique.

Julien Clerc ne compte plus la variété de thèmes et d’histoires qu’il a choisi de compléter de ses mélodies. Parfois, ce sont les mots qui venaient compléter ses compositions musicales.

Il a chanté les textes de Maxime Leforestier, de Jean-Loup Dabadie. De Carla Bruni aussi. Mais il est d’ores et déjà connu que son auteur fétiche a longtemps été Étienne Roda-Gil, qui est décédé en 2004.

«C’est vrai que 50 ans, ça s’est passé très vite et ça été très intense», lance spontanément l’artiste, lors d’une entrevue téléphonique avec L’Express.

Celui-ci avoue avoir a eu une réelle chance en rencontrant quelqu’un d’aussi atypique qu’Étienne Roda-Gil, au tout début de sa carrière.

«Nous arrivions de nulle part, lui n’avait rien fait avant. Ça été une chance de se rencontrer. Ça décidé de la suite. Étienne a mis la barre tellement haute pour les auteurs que les autres devaient de bien faire en termes d’exigences stylistiques. Mais j’ai eu la chance de rencontrer ce que la francophonie pouvait proposer de mieux comme auteurs», reconnaît Julien Clerc.

Étonnez-moi

Qu’est-ce que les auteurs doivent savoir sur Julien Clerc avant d’écrire pour lui ? «Il faut qu’ils ne sachent rien, justement. Il m’arrive de recevoir des textes que j’éliminais, car ils me connaissaient trop. La première chose que je regarde, que je recherche, c’est l’originalité.»

L’amour et les femmes se sont souvent insérés à son répertoire, au fil du temps. Il y a eu celle qui voulait Qu’on l’appelle Venise, Mélissa, la Fille aux bas de nylons et aussi sa Préférence.

Il y a eu aussi les secousses légères du cœur. Ce n’est rien, Si on chantait, La Californie, un genre de tubes que l’on retrouvait sur ses premiers albums à partir de 1968.

En fait, Julien Clerc a chanté tellement de textes qu’il serait long de tous les énumérer. Sur plus d’une quarantaine d’albums, il est passé régulièrement d’un style à l’autre. Et en leur composant des mélodies que l’on se surprend à fredonner pendant longtemps.

En 1992, il a fait une incursion dans la chanson engagée avec un texte fort : «Utile». C’était le retour de sa collaboration avec Roda-Gil. À l’occasion de la cérémonie rendant hommage aux disparus dans l’attentat de Nice, en 2016, on lui a d’ailleurs demandé de chanter ce texte où l’on peut entendre ces paroles : «À quoi sert une chanson si elle est désarmée».

D’ouverture et de passion

Bien qu’il ne le verbalise pas ainsi, Julien Clerc s’affiche comme un homme à l’esprit particulièrement ouvert. «Je pense être un individu mobile. Ce métier nous permet d’évoluer, de rencontrer des gens. C’est par les gens que l’on rencontre par le prisme de ce métier et c’est assez passionnant», dit-il.

De son propre aveu, le chanteur français n’aspire pas à autre que de chanter de bonnes chansons. Mais il a de l’instinct pour trouver les bons auteurs. L’album regroupera des textes signés par Maxime Leforestier, Alex Beaudoin et Carla Bruni. L’écriture de cette dernière apporte une touche féminine aux textes qu’elle lui a écrits, note-t-il.

Même si les temps changent, que le vent souffle fort sur la friable industrie du disque, il croit qu’elle résistera. De toute façon, il préfère jeter un regard positif sur l’univers musical, qui, selon lui, n’a pas changé tant que cela. «La façon d’enregistrer a évolué, mais le plus important reste que ce soit une bonne chanson. Si on part avec cette idée, ça reste passionnant de faire de la chanson.»

«Ce qui a changé, ce sont les écarts d’âges. Aujourd’hui, je travaille avec des plus jeunes. Ça amène des discussions intéressantes. Moi, j’ai une culture plus longue et eux amènent autre chose.»

D’une tournée à l’autre

Puis, il y a les tournées, dont le modus operandi n’est pas si différent de celles d’autrefois. Enchaîner les tournées est tout à fait normal pour cet artiste qui monte pourtant sur scène depuis 50 ans. Une habitude typique de sa génération, à son avis. «C’était ça pour notre génération. À notre époque, on enchaînait aussi les disques. Il y avait un effort créatif très fort», se souvient-il.

Pour la tournée qu’il effectuera au Québec en 2016, le chanteur reprendra ses récents et plus anciens succès.

Et entend bien y prendre plaisir. «J’essaie de construire un tour de chant avec des chansons connues et moins connues.  Je n’ai aucun état d’âme à l’idée de chanter mes vieilles chansons. On l’oublie, mais il y a un côté ludique à les chanter.»

À l’époque où Paul-Alain est devenu Julien, l’artiste a vite compris qu’il avait intérêt à travailler sa voix. Cinquante plus tard, un professeur de chant s’inscrit encore dans son agenda. Malgré sa longue feuille de route, l’artiste continue de se prêter à cet exercice. «C’est pour préparer ma voix. Faut pas la laisser tomber. Mon but, c’est que les gens ne se sentent pas trahis avec les années.»

C’est qu’il se soucie tout de même de livrer un spectacle de qualité à ses fans. «À 20 ans, j’avais des tensions émotives. Aujourd’hui, je suis plus tranquille. J’essaie donc de bien chanter et avec tout mon cœur. Le problème avec les années, ce n’est pas de chanter les mêmes chansons. C’est de bien les chanter», avoue l’artiste Clerc, baptisé il y a près de 70 ans sous le nom de Leclerc.

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