Des aînées en colère

Des aînées en colère
Plusieurs femmes se sont regroupées afin de défendre la gratuité des bains libres à l'Aquacomplexe.

Les citoyens de plus de 65 ans devront dorénavant payer leur entrée aux bains libres à l’Aquacomplexe, alors qu’ils y accédaient gratuitement depuis l’ouverture du centre sportif de Drummondville, en 2014. Un groupe de femmes aînées s’oppose fermement à cette mesure qui s’appliquera à compter du 1er avril prochain.

Elles se nomment Christine Avoine, Suzanne Gravel, Michèle Théroux, Micheline Dubé, Diane Desgagnés, Céline Courchesne et Monique Courchesne et se sont regroupées pour défendre les intérêts de femmes aînées peu nanties. Ces femmes, disent-elles, doivent continuer de bénéficier d’activités gratuites comme la natation, car leur maigre budget ne leur permet pas d’en payer le coût d’entrée.

Au cours des dernières semaines, ces dames ont appris que l’Aquacomplexe imposera dorénavant un prix d’entrée pour les bains libres, à l’exception des personnes de plus de 80 ans, qui conservent la gratuité. L’administration du centre sportif a décidé d’imposer un tarif de 3 $ par bain ou l’achat d’une carte annuelle au coût de 65 $ donnant droit à un accès illimité à la piscine.

Déshabillez l’un pour vêtir l’autre

Questionné sur la pertinence de ces nouvelles mesures, le président du conseil d’administration de l’Aquacomplexe, Jean Fournier, affirme que la direction de l’endroit s’est retrouvée devant un choix difficile, compte-tenu des charges financières. Et malgré l’intention de faciliter l’accès des bains aux aînés. «À l’époque, on avait voulu favoriser l’accessibilité du service en mettant l’accent sur la santé», souligne d’entrée de jeu M. Fournier.

En 2016, l’Aquacomplexe a enregistré 3400 admissions et a desservi 1380 enfants Le programme gouvernemental Nagez pour survivre, mis en place pour les enfants, a augmenté les dépenses annuelles de l’organisme.

«Nous avons dû faire un choix déchirant lorsque le gouvernement est arrivé avec le programme Nager pour survivre. Nous avons décidé de former tous les enfants de la 3e année à ce programme et de mettre en branle la gratuité pour tous les enfants de 7 ans et moins. Nous avons aussi décidé d’assurer le transport en autobus des groupes d’élèves pour nous assurer de pouvoir répondre aux besoins de toutes les écoles. Vous savez, la Commission scolaire des Chênes vit aussi des compressions», explique M. Fournier.

Le maire Alexandre Cusson assure pour sa part que malgré l’aide financière que leur accorde son administration, l’Aquacomplexe a pleine autonomie dans sa prise de décisions.

«Le budget du réseau aquatique n’est pas sujet à l’approbation de la Ville. On ne leur a pas imposé de couper. Ils ont fait un choix et ont équilibré leur budget de façon à imposer un tarif préférentiel aux aînés et garder le programme pour les plus jeunes. Je ne défends pas leur décision, mais je ne la condamne pas. Je comprends les gens de réagir, car ils ont l’impression qu’on leur enlève ce qui leur a été donné, mais je me suis assuré qu’ils auraient une tarification préférentielle.»

Opposition citoyenne

Les citoyennes regroupées ne l’entendent pas ainsi. Christine Avoine assure que bien des femmes aînées ne viendront pas si elles doivent acheter une carte annuelle. Certaines ont un budget si serré qu’à l’idée de sortir 65 $ d’une traite, elles renonceront à leur sortie à la piscine.

Même si le prix de l’entrée à la piscine ne revient pas cher en se procurant une carte annuelle, il faut tout de même compter les frais de transport en commun ou de covoiturage, indiquent les citoyennes.

«Ceux qui disent que 3$ par bain, ce n’est pas cher, ils n’ont jamais vu le budget d’une personne démunie», souligne Michèle Théroux.

Avec un revenu annuel moyen de 20 852 $, tel qu’indiqué dans la brochure de la Politique municipale des Aînés publiée en 2011, un bon nombre de Drummondvilloises de 65 ans vivent en dessous du seuil de la pauvreté qui se situe autour de 21 000 $, faisait remarquer le groupe de citoyennes, lors d’une rencontre avec L’Express.

Au-delà de la sortie hebdomadaire, parfois multipliée, que procurait la natation, cette activité représente également un besoin essentiel pour maintenir la santé physique et morale des personnes vieillissantes, souligne-ton. C’est un exercice que ces femmes peuvent pratiquer même avec des limitations physiques. «Et l’offre d’activités pour les séniors, ça ne pleut pas à Drummondville», note Monique Courchesne.

«Ce programme innovateur qui faisait le bonheur de nous toutes était-il trop populaire pour les administrateurs de nos loisirs aquatiques? Serait-on moins concernés par notre santé?», se questionne Mme Avoine.

«Moi, je me suis évité une opération à un genou grâce à la natation», insiste Suzan Gravel.

Le groupe de femmes vient de lancer une pétition pour le maintien de la gratuité des bains libres à la piscine de l’Aquacomplexe. En quelques heures, elles avaient déjà recueilli plus d’une soixantaine de signataires. Leur pétition est en ligne ici :  https://www.petitions24.net/gratuite_des_bains_libres.

«Quoi qu’il en soit, soyez assurés de notre objection à ce changement d’attitude de la part de notre «Ville Amie des Aînés»», avertit Christine Avoine.

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