Pour en finir avec cette souffrance invisible

Pour en finir avec cette souffrance invisible
Le suicide ne fait pas de distinction de sexe (Photo : Deposit)

Marie-Michèle Lemaire, une dame bien connue des Drummondvillois, a un jour envisagé de mettre fin à ses jours. Elle a profité de la Semaine nationale de prévention du suicide, qui se déroulait du 30 janvier au 3 février, pour raconter ce qui l’a amenée au bord du suicide.

«Parler de suicide n’est pas une mince affaire. Il y a encore beaucoup trop de tabous. Beaucoup trop de jugements. Je n’aurais jamais cru avoir le courage de parler du suicide. Je suis une intervenante, une femme d’affaire, une mère, une grand-mère, une conjointe, une fille. Je me croyais au-dessus de tout cela», affirme la directrice de la Clinique multidisciplinaire TDA/H de Drummondville.

Pourtant, sa descente aux enfers aurait pu connaître une issue fatale le 22 juillet 2015 n’eut été de la présence de son conjoint Hugues.

Le tourbillon

Marie-Michèle Lemaire se rappelle s’être retrouvée coincée dans un tourbillon : difficultés à se lever le matin, à s’endormir, à affronter ses journées de travail qu’elle considérait de plus en plus lourdes, à joindre les deux bouts, à entretenir ses amitiés et être disponible pour ses proches. Rien de moins.

Un mal-être insoupçonnable par son entourage puisqu’ils lui voyaient quotidiennement un sourire accroché au visage. Elle ne voulait pas mourir, mais n’en pouvait plus de souffrir et du poids qu’elle portait sur ses épaules sans jamais réclamer une quelconque aide. «Je me cachais pour vivre mes deuils, mes peines et pour pleurer. Moi, la super woman, je me sentais très fragile», se rappelle-t-elle.

Un événement a approfondi sa détresse : le suicide d’une jeune fille qu’elle connaissait bien et aimait, qui avait des parents très présents, et qui allait bien à l’école. Le genre de cas que personne ne voit venir.

Pendant un bon moment, elle allait porter le poids de ce suicide sur ses propres épaules, se demandant si elle n’aurait pas pu l’éviter. Un sentiment de culpabilité difficile à supporter. «Pour la première fois de ma vie, j’ai envisagé le suicide comme une option, comme une libération. J’avais la certitude que c’était la meilleure chose à faire», confie-t-elle.

Je passe à l’acte

Tout bonnement, elle annonce alors à son conjoint sa décision d’en finir de même que la date et la façon dont elle s’y prendra. Alertés, un médecin et une psychologue interviennent rapidement auprès d’elle. Les jours passent et en juin, elle se retrouve hospitalisée. Son conjoint Hugues, l’équipe médicale et celle du Centre d’écoute et de prévention suicide l’entourent pour la dissuader de passer à l’acte.

Puis quelques semaines plus tard, l’amour de son entourage ne suffit plus. Le 22 juillet, jour de son anniversaire, elle se sent prête à passer à l’acte afin d’en finir avec cette souffrance intérieure qui ne la quitte plus.

Ce soir-là, elle quitte sa demeure en catimini, mais son conjoint qui l’a entendue réagit rapidement. Malgré ses supplications, il l’empêche de commettre le pire. Toute la nuit, dans ses bras, elle pleure sa vie. Sa détresse est quelque peu apaisée par les larmes, par le soutien de son conjoint. «À mon réveil le matin, j’étais beaucoup plus calme et sereine. J’ai téléphoné au CEPS et ensemble, nous avons trouvé des solutions.»

Évidemment, une telle détresse ne quitte pas celui en souffre du jour au lendemain. Mais le respect de ses limites et l’aide de personnes compétentes permettent une réelle reprise en main.

«Après 14 mois, je peux dire que je vais bien. Chaque matin en me levant, chaque soir en me couchant, je remercie la vie d’être toujours en vie. Je remercie aussi Hugues d’avoir été là le 22 juillet 2015. Sans sa présence et son amour, vous ne seriez pas en train de me lire», a laissé savoir Mme Lemaire.

Cette dernière aimerait que les gens retiennent  son témoignage et qu’ils comprennent aussi ce message. «Personne n’est à l’abri d’en avoir assez. À ceux qui croient que le suicide, c’est pour les autres, eh bien, je vous mets au défi de porter nos souliers.»

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