Santé mentale : «On vit dans l’incertitude générale»

Santé mentale : «On vit dans l’incertitude générale»
Réjean Simoneau

SERVICES. Espérant que 2017 soit meilleure que 2016, Réjean Simoneau, président du Regroupement des ressources résidentielles adultes du Québec (RESSAQ), souhaite que se resserre le «partenariat» avec les autorités du réseau de la santé et des services sociaux.

Ce projet de fermer 200 des 463 places de la Mauricie et du Centre-du-Québec d’ici 2020 dans la foulée du Plan d’action 2015-2020 déposé par le ministre Barrette crée de l’insécurité et de l’inquiétude dans ces résidences abritant une clientèle en santé mentale, soutient M. Simoneau. «On vit dans l’incertitude générale. Et cela provoque aussi un désabusement», les perspectives étant plutôt sombres quant à l’avenir de ces ressources, souligne le président du RESSAQ.

Le «Plan 15-20», comme il l’appelle familièrement, vise à réduire le nombre de places et à répartir tout autrement sur le territoire les ressources non institutionnelles (RNI) en ne tenant compte que de cibles mathématiques, résume M. Simoneau. «Ma crainte, c’est qu’en fermant des places, forcément, des ressources disparaîtront et des clients devront être déménagés. Certains habitent sous le même toit depuis vingt ans. Le Plan ne respecte pas les clients; ce ne sont pas des numéros! Je pense que le système devient malade», souligne le président du RESSAQ.

Une quinzaine de places ont été fermées en décembre en Mauricie. «On ne connaît pas le ratio de places à fermer en Mauricie et au Centre-du-Québec, mais selon ce qui est annoncé, on peut s’attendre à ce que de 20 à 25 autres places soient fermées au cours de 2017, puis, entre 50 et 60 au cours des années suivantes.»

Des ressources non institutionnelles (RNI), il s’en ferme déjà, par la force des choses, note M. Simoneau, la moyenne d’âge des propriétaires tournant autour de 58 ans. Il ajoute que la bureaucratie devient de plus en plus lourde pour les propriétaires alors que la valorisation de leurs services décline. «Parfois, on se demande si le gouvernement veut toujours des RNI?» Résidant à East Brouhgton, président du RESSAQ depuis un an et demi, M. Simoneau prend la peine de spécifier qu’il ne «veut pas crier pour crier» et qu’il adopte volontairement un ton non agressif pour montrer son ouverture à la discussion. «Nous sommes la seule association à avoir rencontré la ministre Charlebois.» Il dit encore que les gens des RNI sont des gens de cœur qui, à leur table, servent encore de «vraies patates» aux gens qu’ils hébergent et auprès de qui ils sont présents 24 heures sur 24.

Réjean Simoneau espère qu’il y aura le moins de fermetures possible et que le ministre recule avec son projet de créer 446 nouvelles places en santé mentale au Québec. «Il n’y a aucune justification d’ouvrir de nouvelles places alors qu’on dispose déjà de ressources. Ce dont on a besoin, c’est d’assurer la stabilité de celles qui existent. Le budget qu’il a annoncé pourrait servir à cela.» Désaffilié du syndicat auquel il appartenait, le RESSAQ regroupe 1120 ressources logeant 9000 résidents au Québec. En Mauricie, 52 ressources en sont membres, alors que 28 en font partie au Centre-du-Québec.

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