OPTILAB : les syndiqués toujours dans le néant

OPTILAB : les syndiqués toujours dans le néant
Le ministre de la Santé

SANTÉ. Trop de questions demeurent sans réponse et les inquiétudes sont toujours aussi vives au terme de la rencontre entre les représentants syndicaux des établissements de santé du Québec et les dirigeants du ministère au sujet du projet OPTILAB. «C’était une opération charme», lance Sylvie Godin, porte-parole de l’Alliance du personnel professionnel et technique (APTS) pour la région Mauricie/Centre-du-Québec.

«Nous n’avons pas appris grand-chose aujourd’hui. Ils ont tenté de nous vendre le projet et être rassurants pour atténuer nos inquiétudes, chose qui n’est pas réussie, car nous n’avons pas de réponses à nos questions», a-t-elle déploré au bout du fil, quelques minutes après la fin de la rencontre, mercredi matin.

La seule information claire et précise divulguée a trait à la perte d’emplois. Mme Godin indique que l’équivalent de 20 postes à temps plein passeront sous le couperet en Mauricie-Centre-du-Québec.

«On ne parle pas nécessairement de 20 personnes mises à pied, mais bien ce que ça représente en nombre d’heures travaillées. En clair, les postes occupés par des personnes qui partiront à la retraite seront abolis tandis qu’à d’autres places, comme à Drummondville, des postes seront coupés, mais transférés à Trois-Rivières (où sera situé le laboratoire serveur)», précise la porte-parole, en dénonçant qu’il y a déjà une pénurie de main-d’œuvre depuis plusieurs années. «Ça n’ira donc pas en s’améliorant, car ça ne sera plus un domaine attirant.»

Rappelons que le projet OPTILAB vise à transférer la très grande majorité des analyses effectuées en laboratoires vers une poignée de laboratoires serveur. Dans ce contexte, le laboratoire de l’Hôpital Sainte-Croix deviendrait un laboratoire associé où seules les analyses dites urgentes seraient traitées. Conséquemment, au dire de Mme Godin, cela engendra plus de manipulation pouvant entraîner la perte d’échantillons. Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a d’ailleurs été incapable de garantir qu’aucun échantillon ne sera perdu avec son projet Optilab.

«Plein d’éléments ne sont pas encore déterminés au niveau de la traçabilité des échantillons. Rien n’est aussi établi sur les besoins de chaque établissement et sur les équipements. La liste des analyses transférables n’est pas encore à point également. Le comité qui y travaille devrait achever leurs travaux en décembre. Nous aurons donc plus de détails à ce moment-là», explique-t-elle.

Sur la question d’économie en termes de dollars, les syndiqués demeurent également dans le néant.

«En regard à ce qu’ils nous ont dit, ça ne sera pas plus cher, mais nous n’avons pas de chiffres. Je crois sincèrement que ça ne sera pas profitable à la région tout ce branle-bas de combat, autant sur la question d’argent que sur tous les autres points. (…) J’ose espérer que les médecins seront assez professionnels pour mettre leur pied à terre. Nous allons tenter d’aller chercher leurs appuis», soutient fermement Mme Godin, en laissant savoir que les pressions sur le ministre sont loin d’être terminées.

Organisation syndicale représentant la très grande majorité des technologistes médicales, l’APTS est au front depuis plusieurs mois afin que le gouvernement mette en place un moratoire sur OPTILAB. Près de 20 000 personnes ont signé la pétition initiée par l’APTS et plus de 50 municipalités et municipalités régionales de comté (MRC) appuient sa démarche.

Les députés caquistes réclament un moratoire

Considérant le lot d’inquiétudes dans le milieu de la santé au Centre-du-Québec et le manque de réponses, les députés André Lamontagne, de Johnson, et Sébastien Schneeberger, de Drummond-Bois-Francs clament que le gouvernement libéral doit imposer un temps d’arrêt au projet Optilab, faisant ainsi référence à la demande de moratoire réclamée par leur collègue de Lévis, François Paradis, porte-parole de la CAQ en santé.

«Optilab multiplie les risques d’erreurs et de pertes d’échantillons qui devront parcourir de longues distances, ce qui pourrait entraîner des retards et des reprises de tests pour les patients. Imaginez que la livraison d’échantillons de Drummondville vers Trois-Rivières soit compromise en raison d’une tempête de neige! Imaginez qu’un laboratoire se retrouve avec les mauvais tests à cause d’une erreur de manipulation!» soulève M. Lamontagne.

«Des centaines de techniciennes et techniciens perdront leurs emplois dans toutes les régions du Québec. Leurs postes sont pourtant essentiels, puisque ces personnes donnent des services directs à la population. C’est le cas notamment au Centre-du-Québec, à l’Hôpital Sainte-Croix de Drummondville et à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska», s’inquiète le député Schneeberger.

Optilab comporte actuellement trop de risques et d’inconnues pour être déployé, estiment les deux députés. Si le ministre Barrette est incapable de répondre à toutes les inquiétudes soulevées, il doit annoncer un moratoire le temps de trouver toutes les réponses, concluent-ils.

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