Koriass, un rappeur inspirant et engagé

Koriass, un rappeur inspirant et engagé

Koriass promet un spectacle énergique.

ÉVÉNEMENT. Le jeune rappeur québécois Koriass compare son spectacle à une session de crossfit : «Ça brasse beaucoup, ce n’est pas relax». Le Festival de la poutine de Drummondville l’accueillera le 26 août.

Koriass, de son vrai nom Emmanuel Dubois, présentera Love suprême, son quatrième opus en carrière, en formule full band.

«Sur scène, mon approche est très énergique, ça saute aux yeux! L’énergie des musiciens est très forte aussi, on a une belle complicité. C’est assez dynamique et il y a beaucoup d’improvisation», laisse-t-il entendre.

Il pigera aussi dans son ancien répertoire et celui de son plus récent EP Petit love, préambule de Love suprême.

Sur scène, il a une capacité d’entrer en étroite relation avec le public.

«Il y a plusieurs moments-clés durant le spectacle que je fais participer les spectateurs. J’aime qu’un spectacle soit une espèce de communion avec le public. Je réponds vraiment à la magie du public, c’est ce qui me propulse.»

Celui qui a côtoyé Les Trois accords en 2013 lors de la Tournée Sirius XM est bien heureux d’être invité cette année au Festival de la poutine pour partager sa musique avec le public drummondvillois. Il en profitera aussi pour se délecter de ce que les poutiniers auront à proposer.

Le culte de la popularité

Sur Love Suprême l’auteur-compositeur-interprète y parle d’amour propre, de narcissisme et du besoin vital de reconnaissance par les autres. Un album introspectif et bien rythmé au ton corrosif.

«Le thème principal est le culte de la popularité, c’est-à-dire vouloir se faire dire qu’on est bon, qu’on nous aime. C’est un problème rampant de société auquel je ne me dissocie pas. J’en fais partie. Sur cet album, je personnifie quelqu’un d’assez arrogant et qui veut absolument être légendaire. En même temps, l’album est un peu basé sur des déchéances personnelles. Durant le processus de création, je me demandais toujours si le monde allait aimer ça et si c’était assez bon. Je me souciais de l’opinion des autres au lieu de juste créer pour moi et me faire plaisir alors que ça devrait être ça le moteur principal de création. Au final, les gens vont aimer ça si j’aime ça», raconte celui qui manie les mots avec habileté.

Love suprême a raflé la première place des ventes francophones au Québec dès sa sortie. L’artiste de 32 ans a même noté une hausse d’assistance dans ses spectacles. «C’est vraiment motivant.»

Embûches

Des moments difficiles ont parsemé le chemin de la vie d’Emmanuel Dubois. On pense entre autres à son enfance qui a été marquée par la pauvreté et l’abandon de son père. À la naissance de sa fille en 2011, il a souffert de dépression qu’il qualifie de post-partum. Sans oublier son cheminement professionnel non sans embûches. À la mi-juillet, la réalisatrice Sabrina Hammoum a proposé un regard sur tout ce parcours par l’entremise de son documentaire Koriass, revenir de loin diffusé sur TV5. À travers de touchants témoignages, celui qui est perçu comme un chef de file de la nouvelle génération du rap québécois se confie sans tabou sur son enfance, sa dépression, l’importance de la famille, son côté engagé, ses rêves et ses aspirations. Le documentaire le suit aussi dans la création et le lancement de son dernier album.

«Quand Sabrina m’a approché, j’étais surpris. Je me demandais pourquoi moi? Elle m’a expliqué son approche et je l’ai trouvée intéressante. Je me suis lancé dans le projet tête première en me disant que je serais un livre ouvert», souligne-t-il.

«Ce qui a été le plus difficile, c’est de replonger dans ma période de dépression. Je suis allé devant l’édifice où j’habitais avec ma conjointe à l’époque.»

L’art en général ayant des effets thérapeutiques, la musique l’a beaucoup aidé, de son propre aveu. «Ça m’a aidé dans le processus de guérison et en général, en grandissant, la musique et l’écriture, c’est ce qui m’a tenu. C’est carrément un exécutoire.

Je suis quelqu’un d’assez posé dans la vie de tous les jours, mais en spectacle, je me défoule.»

La culture du viol

Koriass est un artiste inspirant et engagé. Entre les spectacles et les moments passés avec ses enfants et sa blonde, il se promène entre différentes écoles secondaires pour encourager les jeunes à ne pas lâcher et à croire en leurs rêves. De plus, depuis un an, après avoir publié un billet pour le magazine Urbania dans lequel il se proclamait «Natural born féministe», le Conseil du statut de la femme l’invite à rencontrer des cégépiens pour les sensibiliser à l’égalité des sexes, à la culture du viol et au consentement. Des thèmes qu’il aborde dans son texte racontant le viol subi par sa conjointe. Depuis, il visite les cégeps de la province. Il est d’ailleurs venu au Cégep de Drummondville en avril dernier. Par toutes ces actions, ce n’est donc pas par pur hasard qu’il se verra décerner en septembre prochain le prix de l’Homme d’inspiration remis pour la toute première fois depuis 1994 par la Fondation Y des femmes.

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