Incendie mortel sur des Merisiers : trois aspects à revoir

Incendie mortel sur des Merisiers : trois aspects à revoir
En quelques heures

CORONER. Le danger des feux de cuisson, l’absence d’avertisseurs de fumée et l’importance de sortir aussitôt que le système d’alarme se fait entendre sont au coeur des recommandations du coroner Yvon Garneau au terme de son investigation suivant le tragique incendie qui a fait trois morts dans l’immeuble de la rue des Merisiers en juillet dernier.

Les trois rapports publiés aujourd’hui, établissant les circonstances des décès de Stéphane Vincent 46 ans, de Pierre Garceau, 52 ans, et de Marcel Roy, 66 ans, sont à peu près les mêmes puisqu’ils découlent d’un seul et même événement.

Après avoir vu sur place les interventions des secouristes et après avoir interrogé les principaux répondants de la coordination des secours, soutenu par le travail des enquêteurs de la Sûreté du Québec, Me Garneau adresse ses recommandations à deux niveaux.

D’abord, à la Direction de la sécurité incendie du ministère de la Sécurité publique du Québec, il demande d’accorder une attention particulière à la mise en place d’un programme de bonnes pratiques de prévention en matière de feux de cuisson.

Ensuite, à la Ville de Drummondville, il fait trois recommandations : de réviser et actualiser son plan de mise en œuvre du schéma de couverture de risques en incendie d’immeubles à logements; de faire respecter son règlement municipal sur la présence et le fonctionnement des avertisseurs de fumée dans les immeubles d’habitation; et de poursuivre avec les pompiers la sensibilisation auprès de la population sur l’importance de débuter l’évacuation d’un immeuble en cas d’incendie.

«L’origine de l’incendie est un feu d’huile à friture survenu dans l’appartement 21 (vers minuit). Les feux de friture sont la cause de nombreux incendies. En 2014, 37 % des incendies survenus sur le territoire drummondvillois résultaient d’erreurs humaines lors de cuissons faites sans équipements adaptés», souligne le coroner.

Selon lui, les spécialistes de la SQ, qui ont fouillé les décombres et analysé les vidéos de surveillance, ont été étonnés par la rapidité avec laquelle la fumée s’est propagée. «L’aménagement des escaliers a joué un rôle dans la propagation de l’incendie. Les deux cages d’escaliers présentaient une anomalie importante; il n’y avait aucune subdivision entre les corridors communs et les escaliers d’issue. Conséquemment, la fumée, les gaz chauds et les flammes ont pu se propager sur tous les étages du bâtiment», fait-il observer. À ce propos, le coroner rappelle qu’un article du Règlement sur la sécurité dans les édifices publics (construits avant 1976) stipule qu’une «issue doit être séparée du reste de l’aire de plancher par une séparation coupe-feu ayant un degré de résistance d’au moins trois quarts d’heure… Cette obligation n’est applicable à Drummondville que depuis juillet 2014… C’est malheureusement le contraire qui s’est produit le 23 juillet 2015».

Quant au système d’alarme du bâtiment, il était conforme. L’entretien a toujours été effectué par une entreprise d’experts.

C’est au niveau des avertisseurs de fumée que le manquement est le plus fragrant, selon le rapport. De nombreux appartements n’en avaient tout simplement pas alors que dans plusieurs autres les avertisseurs ne contenaient pas de piles.

Le rapport ne passe pas sous silence le travail colossal accompli par les pompiers qui, malgré l’embrasement du bâtiment, se sont faufilés à l’intérieur pour sortir des résidents tandis que d’autres brandissaient des échelles pour permettre aux gens qui étaient pris sur leurs balcons de s’extirper du brasier. «Ils ont sauvé des vies», affirme Me Garneau.

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