Un étudiant de l’Université Laval écorche la direction lors de la collation des grades

Un étudiant de l’Université Laval écorche la direction lors de la collation des grades
Raphaël Létourneau

ÉDUCATION. Un finissant en sciences sociales de l’Université Laval a profité de la tribune qui lui était offerte en tant que porteur de masse pour dénoncer les coupes en éducation alors que les dirigeants de l’université «se votent des salaires, des primes et des bonifications d’après-mandat toujours plus élevés».

Dans son discours disponible sur YouTube, l’étudiant affirme que «avant d’être un investissement personnel, l’éducation est un investissement collectif».

Il parle ensuite de «sa peur» quant à l’orientation prise actuellement en éducation au Québec. «L’équilibre budgétaire est atteint en coupant les services aux étudiants et étudiantes et en minant la qualité de l’enseignement.»

C’est ensuite que l’étudiant originaire de Drummondville dénonce les actions des hauts dirigeants de l’Université Laval, qui, selon lui, «se votent des salaires, des primes et des bonifications d’après-mandat toujours plus élevés : 1,4 million de bonis d’après-mandats en 2015 seulement», alors que «pendant ce temps, on subit des coupures à la bibliothèque, une réduction des horaires pour différents services et une réduction des charges de cours. Le portrait est encore plus sombre pour les sciences sociales qui ont subi des coupures plus importantes, et ce, pour des questions de rentabilité. On favorise plutôt les disciplines qui attirent des investisseurs privés au détriment de l’autonomie de la recherche universitaire. La qualité de l’enseignement écope, mais nous avons maintenant un campus fraichement embelli qui attirera d’autre étudiants-es qui auront le privilège de payer les retraites de notre administration».

Il termine son discours par un appel au changement. «Cessons les calculs purement comptables, cessons l’approche marchande de l’éducation, cessons de considérer les étudiant.e.s comme une clientèle. Cessons de former des technocrates qui nourriront ce système dysfonctionnel qui ne profite qu’à quelques-un.e.s. Valorisons plutôt une éducation critique où nous sommes amené.e.s à comprendre notre société, à la remettre en question et à la transformer collectivement.»

Étudiant militant

S’avouant militant, l’étudiant maintenant inscrit à la maîtrise en sociologie affirme que ce sont les professeurs de son département qui l’ont choisi pour être porteur de la masse.

«Je ne pensais même pas aller à la collation des grades, je trouve que c’est un endroit où on se flatte dans le sens du poil. On m’avait approché comme être porteur de la masse, et j’ai trouvé que c’était un bon moment pour remettre en question la communauté universitaire», a-t-il expliqué en entrevue, précisant que le discours approuvé par les professeurs en était un différent de celui lu devant le public.

Forte réaction

À la suite de son discours, le bachelier a eu la visite de beaucoup de ses collègues qui l’ont appuyé dans sa démarche. «Énormément de gens sont venus me parler après le discours. J’ai dit tout haut ce que des gens ne voulaient pas dire. Plusieurs professeurs sont venus me féliciter et me dire que ça prenait du courage pour le faire», a-t-il confié.

À la fin du protocole, le recteur Denis Brière n’a pas voulu prendre une photo officielle avec l’étudiant, en plus de demander à avoir son discours, affirme Raphaël Létourneau.

Partager cet article