Des hommes-araignées sous le pont ferroviaire

Des hommes-araignées sous le pont ferroviaire

INSPECTION. Les citoyens de Drummondville qui utilisent le pont Curé-Marchand, qui surplombe la rivière Saint-François, auront peut-être remarqué la présence de travailleurs ces derniers jours sous le tablier du pont ferroviaire. Ce sont des hommes-araignées qui procèdent à l’inspection de la structure du pont.

Afin d’assurer la sécurité du transport ferroviaire et celle des résidents de Drummondville, ce travail de haute voltige est effectué par des professionnels dans le domaine. Munis de cordes, de mousquetons et d’un équipement de sécurité adéquat, les deux travailleurs, suspendus plusieurs mètres au-dessus de la rivière, procèdent à une minutieuse inspection de la structure et des boulons.

Selon Pierre-Yves Boivin, responsable des affaires publiques au Canadien National (CN), cette inspection s’inscrit dans un programme de prévention annuel. «Nous procédons à des inspections toutes les semaines, mais celle-ci est plus minutieuse, détaillée. Les citoyens peuvent être rassurés».

Un seul accident

Un seul accident grave a été répertorié sur ce pont. Il a été raconté par un ancien journaliste, Gérald Prince, dans un texte paru dans une édition du Journal L’Express en avril 2009.

Nous voici à Drummondville, ce dimanche de Pâques du 8 avril 1928, il y a tout juste 81 ans! Le temps est nuageux et doux quand, vers 13 h, la débâcle survient sur la rivière Saint-François. Les eaux en crue, charriant une multitude de blocs de glace avec fracas, attirent une foule de curieux au formidable spectacle qui se déroule sous leurs yeux.

Des centaines de personnes, à l’extrémité des rues du Pont, Bellevue, Bérard et autres, réalisent tout à coup avec stupeur que le pont du chemin de fer du Canadien National chancelle et est en train de s’effondrer. Tous supposent que les autorités ferroviaires ont avisé les conducteurs de trains de l’imminence du danger. De l’autre côté de la rivière, sur le Chemin Hemming, les sœurs Martel pensent la même chose quand, tout à coup, un peu avant 16 heures, elles entendent venir le train de passagers de l’Océan Limitée en provenance de Halifax, qui siffle en passant à Saint-Cyrille. C’est jour de fête, il doit être bondé de passagers…

Faisant preuve d’une admirable présence d’esprit, elles s’emparent de tout ce qui leur tombe sous la main : un tablier blanc, une jupe rouge, et partent en courant sur la voie ferrée en agitant les bras et en criant. Le conducteur du train, Malvin Houston, les a vues, mais, tel un capitaine de vaisseau au moment du naufrage, il ordonne à son adjoint de sauter et reste aux commandes jusqu’à la fin. La vitesse est réduite, mais ce n’est pas suffisant : la locomotive et le wagon à bagages tombent dans les eaux tumultueuses, alors que le premier des 12 à 14 wagons du train, reste en équilibre instable au bord du gouffre.

Les quelques 400 à 600 passagers du convoi sont évacués indemnes vers les maisons et les fermes voisines et joindront Montréal dans les heures suivantes. La tragédie aura fait quatre victimes : le brave M. Houston, deux bagagistes et un jeune Drummondvillois, Léo Joyal, qui, trop près de l’accident, a été précipité dans la rivière au moment du choc. Quant à l’adjoint du chauffeur, il en a été quitte pour une cheville brisée.

Les sœurs Martel, en plus de la fierté ressentie d’avoir contribué à sauver la vie de tant de gens, ont été félicitées publiquement et ont reçu chacune une médaille d’argent gravée à leur nom et une bourse de 500 $ du Canadien National.

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