SANTÉ. L’un des points positifs de la réforme Barrette est d’arriver, éventuellement, à ce que les meilleures pratiques en santé soient partagées à tous les établissements d’une même région, explique le chef de l’urgence de l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville, François Champagne. Mais l’objectif d’uniformisation serait loin d’être atteint.
Le jour où les bons coups mis de l’avant par certains établissements seront adoptés par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux Mauricie-Centre-du-Québec (CIUSSS-MCQ), ceux-ci pourront redescendre dans tous les établissements pour être mis en pratique. Cette uniformisation pourrait s’avérer très bénéfique pour les patients et les travailleurs.
Prenons les ordonnances collectives. Celles-ci sont mises de l’avant lorsque des médecins, des infirmières et des spécialistes s’assoient ensemble et regardent ce qui pourrait être fait pour améliorer une situation particulière, notamment en déléguant plus de pouvoirs aux infirmières dans des circonstances «X», sous des critères bien précis.
Par exemple, lorsqu’un patient arrive immobilisé sur une civière parce qu’il a eu un accident, les infirmières de Drummondville ont maintenant le droit de retirer le collier cervical si le cas répond à des critères spécifiques prédéterminés. «C’est bon pour le patient qui devra rester coucher les six prochaines heures sur une planche en attendant de voir le docteur», explique Dr Champagne.
Cette ordonnance collective est demeurée six ans dans les dédales de l’hôpital Sainte-Croix avant de pouvoir être pratiquée. «S’il faut que ça passe par Trois-Rivières en plus, imagine le temps que ça prendra», s’inquiète le professionnel en ajoutant que ce ne sont pas toutes les initiatives locales qui seront adaptables à tous les établissements, car chacun d’entre eux a une clientèle et des services différents.
Il souligne que les avantages seront toutefois grands avec l’adoption des ordonnances collectives par l’ensemble des hôpitaux de la région et qu’il s’agit d’un investissement à long terme. «Mais ça prendra une éternité», ajoute-t-il en s’imaginant le nombre de dossiers qui s’accumuleront sur le bureau du chef régional, pour analyse.
Est-ce que les dédales décourageront les professionnels à proposer ou à mettre en place de nouvelles initiatives pour le bien des patients et des travailleurs? François Champagne espère que non, mais «l’huile de coudes» devra couler à flot pour passer à travers le processus et faire avancer un dossier ou une idée.
Le médecin conclut en mentionnant que «le DSP (directeur des services professionnels), la direction, le directeur général et le chef régional de l’urgence travaillent très fort et très bien, mais c’est le système qui est tellement gros qui fait que ça prend autant de temps pour que les choses finissent par aboutir.»