Centre d’excellence en productivité : le projet prend forme

Centre d’excellence en productivité : le projet prend forme
Gerry Gagnon

ENTREPRENEURSHIP. Le centre d’excellence en productivité manufacturière (CEPM) est un projet sensationnel qui doit voir le jour le plus rapidement possible afin d’aider nos entreprises à profiter de toutes les ressources disponibles, incluant le financement, les connaissances et les nouvelles technologies, pour accroître leur productivité.

Cette vision est celle de Gerry Gagnon, qui assumera bientôt la présidence de la Chambre de commerce et d’industrie de Drummond (CCID), succédant à André Komlosy. Il entend faire tout en son pouvoir, au cours de la prochaine année, pour que ce dossier soit l’objet d’une solide concertation comme sait le faire le milieu drummondvillois quand il perçoit une opportunité de grandir.

Déjà, la semaine dernière, le projet a commencé à prendre forme dans la tête d’une vingtaine de personnes rassemblées sous la gouverne de la Chambre de commerce et d’industrie de Drummond. «Nous avons réuni des gens issus du milieu de la finance, de chacune des instances de gouvernement, municipal, provincial et fédéral, des acteurs de l’éducation, tels le Cégep, la commission scolaire des Chênes et l’UQTR, de la SDED et des représentants de l’industrie en général, le but étant de voir comment on peut mettre en marche cette structure, cette bibitte comme je dis souvent, qui permettra à nos entrepreneurs d’avoir les mêmes outils que les Américains, qui sont à la fois nos clients et nos concurrents», de soumettre M. Gagnon, qui travaille chez Deloitte à titre de directeur fiscalité et incitatifs gouvernementaux.

L’idée a d’abord germé dans la foulée d’une analyse commandée par la CCID à l’Institut national de recherche scientifique (INRS), intitulée «Drummondville économique : regards sur une reconversion réussie». Il s’agit d’un document d’information préparé à l’occasion du Colloque du bicentenaire sur l’avenir de Drummondville, tenu en avril 2015.

«Cette analyse nous a, entre autres, démontré que les industries américaines, toutes proportions gardées, sont plus productives que les nôtres et que l’écart s’agrandi lorsqu’on passe aux moyennes et aux grandes entreprises. On s’est demandé pourquoi. Nous ne sommes pas moins intelligents et nous n’avons pas moins de technologies. La différence c’est qu’ils investissent davantage dans les équipements, dans la recherche et développement (R&D) et dans l’achat d’ordinateurs et de logiciels. On s’est aperçu aussi que les entreprises exportatrices sont un peu plus productives que les autres», a précisé l’analyste, prenant soin de souligner que la productivité est le rapport qui existe entre le nombre de travailleurs et le produit final qu’ils sortent de l’usine.

«La différence n’est surtout pas l’argent. Car de l’argent, il y en a. Des gens du Fonds québécois des manufacturiers et de la Caisse de dépôt et placement du Québec, deux organismes qui oeuvrent dans les capitaux de risque, nous ont dit qu’ils étaient là pour prêter de l’argent quand il y a de bons plans d’affaires. Une révélation qui nous a surpris, c’est que même dans l’éducation il y a de l’argent. Johanne Lachapelle (CSDC), qui gère des programmes pour l’aide aux entreprises, doit retourner annuellement de l’argent à Québec parce qu’il n’y a pas assez de demandes. Il y a des endroits comme ça où il y a de l’argent mais ce n’est pas suffisamment exploité. C’est le cas des programmes pour la R&D, pour acquérir de la connaissance, qui ne sont pas assez sollicités.

«L’idée derrière le entre d’excellence en productivité est de mettre tous ces éléments ensemble (financement, connaissance et technologie) et de les rapprocher des entreprises, en créant un pont pour les rendre disponibles plus rapidement. Autrement dit, le CEPM serait un accélérateur, un catalyseur. Car, les entrepreneurs n’ont pas le temps d’aller voir ce qu’il y a de disponible pour les aider à croître. Ils sont pris dans leur quotidien. Il faut donc les inspirer et leur présenter des modèles», de faire observer Gerry Gagnon.

La prochaine étape sera d’établir un plan d’affaire, d’étudier comment ce projet sera financé. Pour le moment, c’est la CCID qui porte le ballon, mais ultimement ce sera un autre organisme, comme la SDED peut-être. M. Gagnon y voit bien sûr un local pour y installer le centre d’excellence, mais, en parallèle, ce pourrait être aussi une chaire de recherche au campus de l’UQTR. «Drummondville est sur une lancée, il faut profiter de ce momentum pour aller plus loin en exploitant nos forces et devenir une référence en matière de productivité. Ce sera une bibitte unique au Québec».

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