«Vi»: une ode à la beauté quotidienne

«Vi»: une ode à la beauté quotidienne

LITTÉRATURE. L’auteure Kim Thúy lance «Vi», son quatrième roman, toujours rédigé sous la forme d’histoires, qui racontent quelques moments d’éternité du parcours de Vi, cette fillette qui fuit le Vietnam.

Vi signifie «infiniment petit». Si la jeune fille est grande et forte pour son coin de pays au Vietnam, elle s’efface tout au long du roman, pour laisser la place à ce qui est beau. «Ce que je vois, c’est ce qui m’entoure, c’est les autres, c’est la vie autour de moi, l’environnement où je me trouve, explique l’écrivaine d’origine vietnamienne, Kim Thúy. Je vais trouver la langue belle. Je vais trouver les mots qui sont beaux, les gestes qui sont beaux.»

La série de courts moments commence par l’histoire des grands-parents et des parents de Vi. De son grand-père qui voit ses terres distribuées aux paysans à sa mère au teint foncé, carré et sérieux, si inhabituel pour des femmes vietnamiennes, elle brosse le portrait du Vietnam qu’elle a connu. «Je connais très bien la culture vietnamienne et la culture québécoise, ce qui me permet de comparer les deux cultures et de réaliser comment l’une et l’autre sont belles, remarque l’auteure, d’une voix douce. La culture vietnamienne a enrichi la culture québécoise et vice-versa.»

Kim Thúy donne l’exemple du mot «neige», qui n’a qu’une seule variante au Vietnam, tandis qu’une vingtaine de mots définissent la neige en langue innue. «On a seulement une notion de la neige, mais on n’est pas capable d’avoir toutes les nuances», observe-t-elle, qui laisse souvent Vi dans l’ombre de sa famille, de ses amis et de son environnement.

Le Québec y est d’ailleurs présent, lorsque Vi arrive au pays, elle rencontre Jacinthe, qui par sa gaité, sa joie de vivre, sa façon de voir la vie sans limite représente le Québec, selon l’écrivaine.

Si l’auteure aborde tout ce qui est beau, Kim Thúy n’ignore pas les horreurs du passé de Vi, toujours dans ce principe de complémentarité des choses. Elle revient notamment sur les «boat people» et la guerre au Vietnam. «Le bien ne peut pas exister sans le mal et le bonheur ne pourrait pas exister sans la douleur, sinon on ne pourrait pas apprécier le bonheur.»

L’auteure de «Mãn» et de «Ru», qui ponctue l’entrevue de plusieurs rires, se rappelle qu’au Vietnam, les vêtements de couleurs voyantes étaient interdits. «Le fait d’arriver au Québec et de pouvoir choisir toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, de s’habiller comme on veut, c’est extraordinaire!»

Kim Thúy illustre ces propos avec l’actuelle crise des réfugiés syriens. «Il y a 10 ans, un enfant syrien qui se réveillait et qui allait à l’école, c’était quelque chose de tellement banal, mais aujourd’hui, que ces enfants puissent juste se lever, aller à l’école et revenir se coucher, c’est la chose la plus belle et c’est ce que les parents recherchent pour les enfants.»

Kim Thúy à Drummondville

Kim Thúy sera à Drummondville le 14 avril pour une séance de signatures, qui se déroulera de 18 h 30 à 20 h 30 au Renaud-Bray. L’auteure sera également de passage le temps d’un «party» pyjama littéraire, le 27 mai, au café Clovis du cégep.

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