SANTÉ. Un an après l’abolition du Centre de santé et de services sociaux (CSSS), au profit d’une mégastructure basée à Trois-Rivières, «il est plus évident que jamais qu’un fleuve nous sépare», au sens propre comme au sens figuré.
C’est par ce symbole que le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Drummond, André Komlosy, a voulu imager les énormes différences que posent la réalité et les besoins de chacune des deux régions réunies de force sous le vaste chapeau nommé Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie/Centre-du-Québec (CIUSSS-MCQ).
«Après un an, nos craintes sont confirmées à l’effet que le Centre-du-Québec devrait avoir son propre centre de décisions en matière de santé», atteste-t-il en relevant plusieurs arguments pour étayer son propos, à commencer par la dissolution du Réseau d’accessibilité médicale Drummond (RAMD), une initiative des médecins drummondvillois qui disparaitra le 31 mai.
«On va remplacer quelque chose qui fonctionne bien par un autre système qui n’est pas encore connu. Les médecins attendent encore les directives du ministère pour savoir ce qu’ils pourront faire après le 31 mai, sinon il y aura un vide, un vide qui touchera 5000 patients orphelins», de rappeler André Komlosy.
Selon lui, il n’est pas normal par ailleurs que les statistiques spécifiques de Drummondville ne soient pas disponibles, étant fondues dans la globalité des données de la grande région Mauricie/Centre-du-Québec. «Tout est comptabilisé par direction, ce qui fait en sorte que nous avons des données plus régionales», a en effet confirmé Martin Beaumont, le pdg du CIUSSS, dans une entrevue récente accordée à L’Express. Le président de la CCID rétorque : «J’ai siégé sept ans au conseil d’administration du CSSS Drummond et les statistiques locales étaient disponibles sous différentes catégories. Si on n’est pas capable de pouvoir comparer des données entre la Mauricie et le Centre-du-Québec, comment voulez-vous que l’on puisse s’assurer d’une distribution équitable des ressources? En agissant de la sorte, M. Beaumont nie la réalité».
Une autre différence à noter est l’âge des populations concernées. «La population de la Mauricie est vieillissante alors que celle du Centre-du-Québec est plus jeune. Cela fait toute une différence dans la façon de gérer les ressources. Eux ils ont besoin de marchettes, nous, on a besoin de poussettes», soumet-il.
C’est au chapitre de la santé mentale que la dissemblance est la plus frappante. «D’un point de vue philosophique, la direction trifluvienne a toujours considéré que la garde (en établissement hospitalier) était l’exception alors que les psychiatres drummondvillois ont plutôt favorisé l’accompagnement du patient, du moins en attendant de s’assurer que le bon dosage de médicaments lui était prescrit. Maintenant, les psychiatres de Drummondville et de Victoriaville craignent que le modèle de Trois-Rivières soit appliqué, ce qui constituerait un problème sérieux dans l’approche des traitements», fait-il observer.
D’autre part, les propos de Claude Audy, vice-président régional de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), concernant la perte de services dans les établissements drummondvillois, n’ont pas laissé indifférent André Komlosy. «Il est rare que la Chambre de commerce est d’accord avec les syndicats, mais M. Audy a raison quand il dit que les employés ne savent plus à qui s’adresser, tellement les cadres ne sont plus sur le terrain».
Selon l’avocat drummondvillois, l’abolition de la CRÉ (Conférence régionale des élus) et la disparition du CSSS Drummond portent les forces du milieu centricois à vouloir se regrouper. Ce sera le cas des trois chambres de commerce du Centre-du-Québec, celle d’Érable/Bois-Francs, celle du Cœur du Québec et celle de Drummond, qui veulent former une chambre de commerce régionale avec comme objectif premier de défendre les intérêts du Centre-du-Québec sur une base permanente.
«C’est bien beau de couper et de couper; ça finit par diminuer les services et la région de Drummond sera nettement défavorisée par rapport à Trois-Rivières. Elle l’a toujours été», de conclure André Komlosy.