Roger Paquet et sa compagne Yolande Holzl, âgés dans les 90 ans, n’ont pas entendu le téléphone tôt ce matin, devant les informer qu’un coup d’eau menaçait sérieusement leur résidence du chemin Longue Pointe. Deux de leurs voisins, Jacques Dorion et Hélène Tardif, inquiets, sont venus frapper à leur porte.
«J’espère qu’ils vont nous entendre, ils sont un peu sourds», s’est exclamée Hélène Tardif en présence d’un intervenant de la Ville de Drummondville et du journaliste de L’Express qui arrivaient sur place en même temps. Finalement, la porte s’ouvre et le couple nonagénaire a accepté volontairement de quitter les lieux alors que les eaux ne donnaient pas de signe de ralentissement.
«Nous allons les amener chez nous, notre maison est surélevée et il n’y aura pas de problème», a fait savoir M. Dorion qui était venu à pied avec sa conjointe puisque sa voiture n’avait pu passer en raison de l’accumulation d’eau sur le Chemin Longue Pointe. Sur ce, M. Dorion a tenté de sortir le véhicule de M. Paquet, mais il y a avait trop d’eau pour s’y rendre. C’est alors que l’auteur de ces lignes a servi de taxi pour conduire le couple évacué chez les Dorion-Tardif par un détour d’une quinzaine de kilomètres, bien que leur maison soit située à proximité.
«Nous allons les héberger le temps qu’il faudra, nous avons des chambres disponibles», a laissé entendre Mme Tardif, faisant remarquer que ce n’était pas la première fois qu’ils les accueillaient. C’était arrivé aussi en 1998, l’année du verglas.
«Ils habitent la plus vieille maison du secteur, celle qui appartenait aux Allard, des pionniers», de raconter M. Dorion en parlant des gens qu’ils venaient d’aider.
«Nous n’avons pas coupé l’électricité avant de partir », a dit M. Paquet. «Vous avez bien fait car il faut laisser fonctionner la pompe d’évacuation d’eau», l’a rassuré M. Dorion.
Selon ce dernier, on ne sait jamais comment la rivière va évoluer d’une heure à l’autre. «Je connais plusieurs voisins et aucun, malgré les années et l’expérience, n’arrive à prédire si ça va être mieux ou pire au fil de la journée. Il faudra attendre pour voir. Heureusement, notre maison est surélevée et nous n’avons pas à être inquiets. Quand j’ai acheté cette propriété il y a 20 ans, c’était en prévision de notre retraite et nous nous étions renseignés sur les risques d’inondation», a raconté M. Dorion.
Finalement, à 9 h ce matin, tout le monde était au chaud, soulagé, momentanément du moins.
Rappelons que la nuit dernière, la rivière Saint-François a reçu un coup d’eau, en provenance de la région de Sherbrooke, qui a fait passer le débit de 250 mètres cubes à plus de 1000 mètres cubes à la seconde, ceci évidemment en raison des fortes pluies des derniers jours sur l’immense territoire du bassin versant de la rivière Saint-François.
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