Le campus de l’UQTR : froid en hiver et chaud en été

Le campus de l’UQTR : froid en hiver et chaud en été
Le campus de l'UQTR à Drummondville.

Comme plusieurs édifices publics à Drummondville, le nouveau campus de l’UQTR a hérité d’une fenestration démesurée qui déjà annonce une augmentation des coûts de chauffage et de climatisation. La faible performance énergétique du verre entraîne des variations importantes de la température à l’intérieur de l’édifice créant de l’inconfort et des difficultés de concentration pour la clientèle étudiante.

Sans connaître les détails de la fenestration de la nouvelle bibliothèque, il semble que les autorités de Drummondville s’apprêtent à reproduire la même erreur inspirée de l’architecture des années 1990 alors qu’on visait à exprimer une forme d’esthétisme et de légèreté. Bien que la lumière naturelle soit présente dans ce type d’édifice, l’efficacité énergétique est peu performante étant donné la forte demande de chauffage et de climatisation engendrée par les grandes superficies de verre.

Après une période de rodage du système de chauffage et de climatisation, il sera sans doute possible de réduire les écarts de température à l’intérieur du campus, mais sans jamais réduire la facture en énergie. Chauffer et refroidir un bâtiment comportant une surface de vitrage importante demandera davantage d’énergie, synonyme d’augmentation des gaz à effet de serre (GES) et ce alors que tous les gouvernements s’engagent dans la lutte aux changements climatiques. Même si l’hydroélectricité contribue moins aux GES que l’électricité produite à partir d’énergies fossiles, les aménagements hydroélectriques émettent du CO2 entraînant inévitablement des changements climatiques brusques qui entraîneront à leur tour une demande accrue d’énergie pour refroidir les classes et la bibliothèque de l’édifice appartenant à la Ville de Drummondville et à son locataire l’UQTR. Une spirale sans fin d’un besoin énergétique nécessaire au chauffage et à la climatisation d’un bâtiment démesurément vitré.

De plus, l’exagération dans le vitrage d’un bâtiment s’oppose aux objectifs de plusieurs politiques et programmes gouvernementaux qui visent à rendre les édifices plus éco-énergétiques. Selon Environnement Canada, le secteur du bâtiment émettrait 86 millions de tonnes de gaz à effet de serre(GES). Il se situe au 3e rang après le secteur des transports et le secteur de l’exploitation pétrolière et gazière.

Le programme de Ressources naturelles Canada écoÉNERGIE incite les propriétaires à investir dans l’efficacité énergétique au cours des phases de conception et de construction, contribuant ainsi à réduire considérablement l’émission des gaz à effet de serre. Tous les organismes publics et plus particulièrement les municipalités devraient donner l’exemple afin de construire ou rénover leurs édifices dans un souci d’atteindre les plus hauts standards en matière d’efficacité énergétique. Un choix judicieux des matériaux, une orientation adéquate et une surface du vitrage bien équilibré permettraient la construction d’édifices publics possédant un bilan carbone neutre et un bilan énergétique positif. Un exemple à donner aux générations futures qui devront vivre avec nos décisions actuelles, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.

Certaines corrections peuvent toutefois être apportées à l’édifice de l’UQTR afin d’améliorer quelque peu son efficacité énergétique. Pour diminuer les écarts de température et l’inconfort lié au rayonnement du soleil, il est possible de procéder à l’occultation solaire du vitrage en ajoutant des panneaux brise-soleil fixes ou orientables.

Cependant, ces correctifs sont partiels et ne pourront pas corriger l’erreur de conception du bâtiment lui-même. Profiter de la lumière naturelle et de la chaleur générée par des capteurs solaires aurait pu signifier pour ce nouvel édifice une entrée remarquée au 21e siècle et surtout un exemple de développement durable. Un édifice à carbone neutre avec un bilan énergétique positif donnerait à Drummondville une place enviable dans la lutte aux changements climatiques et une plus grande attractivité dans ce domaine d’avenir.

Notre ville doit prendre conscience du rôle important qu’elle doit jouer dans la lutte contre les changements climatiques. Et la meilleure façon d’y contribuer, c’est de donner l’exemple avec des édifices publics à haute efficacité énergétique. Complétés par des milieux de vie plus compacts et un transport en commun plus dense, la construction et la rénovation d’édifices publics à bilan énergétique neutre réduiraient considérablement l’empreinte carbone de Drummondville. Capitale du développement durable? Pourquoi pas.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a confirmé lors de son passage à Montréal le rôle important des villes dans la lutte aux changements climatiques.

Le groupe Éco-citoyens Drummondville

Porte-paroles : Camille Desmarais, Serge Girard et Berthe Tessier

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