Maisons: les permis de construire ne nuisent pas à la revente

Maisons: les permis de construire ne nuisent pas à la revente
Le directeur du Service de l'urbanisme Denis Jauron

Est-ce que les permis de construire des développements domiciliaires octroyés par la Ville de Drummondville causent une nuisance aux propriétaires qui veulent vendre leur maison ?

La question posée par L’Express est arrivée à point nommé au Service de l’urbanisme de la Ville de Drummondville qui venait justement de se pencher sur le sujet en réalisant une analyse sur le marché résidentiel.

«On s’est posé nous-mêmes cette question-là et le conseil municipal également», a indiqué d’entrée de jeu Denis Jauron, directeur du Service de l’urbanisme. «C’est Évelyne Lemaire (conseillère en urbanisme) qui a réalisé cette étude que nous avons présentée aux élus en février dernier. La conclusion principale est que le marché est équilibré. Le nombre de permis de construction ne crée pas une concurrence à la revente des maisons».

Pour avoir le fin mot de l’histoire, Évelyne Lemaire a décortiqué différentes statistiques liées au marché de la construction. Elle a regardé de près les prix en vigueur dans le milieu et elle a analysé l’offre et la demande tant du côté locatif que dans le secteur de la propriété privée. Le poids du produit neuf versus le vieux ainsi que des comparaisons avec des villes semblables ont aussi été considérés.

L’offre et la demande

«En général, dit-elle, le marché est balancé. L’offre et la demande, ça fonctionne. Ce qui se construit correspond en moyenne à ce que les Drummondvillois peuvent se payer. La proportion entre le locatif et la propriété privée est aussi adéquate».

Patrice Furlan, chef de division au Service de l’urbanisme, qui a également participé à l’entrevue, souligne qu’il est utile, pour compléter le portrait, de regarder du côté des promoteurs, qui sont assez bien placés pour savoir si le marché est équilibré. «Le promoteur d’un développement domiciliaire c’est le chef d’orchestre et les entrepreneurs qui construisent sont les musiciens. Tous ces gens ne demanderaient pas à la Ville d’ouvrir une nouvelle rue s’ils n’étaient pas convaincus que leurs produits seront vendus dans un temps raisonnable. Sinon, ils auraient à supporter le coût des infrastructures. C’est le marché qui dicte leur conduite».

L’étude a aussi permis de constater que la croissance est restée stable ces dernières années. «Il n’y a pas eu de boom dans l’immobilier qui aurait pu avoir une incidence particulière. Les prix, que ce soit dans le locatif ou dans la revente des maisons, ont suivi une courbe normale, assez proche de celle de l’IPC (Indice des prix à la consommation)», affirment-ils d’un commun accord.

M. Jauron, Mme Lemaire et M. Furlan avancent que le prix que sont prêts à payer la grande majorité des acheteurs à Drummondville se situe en bas de 240 000 $. «Au-delà de ça, il ne faut pas se surprendre si ça prend un peu plus de temps pour vendre. Il faut également s’assurer que le prix demandé n’est pas trop élevé», de soumettre le directeur.

Et l’avenir?

De quoi sera fait le futur du développement résidentiel? Ici, la réponse n’est pas aussi claire. «On gère ce qui arrive. Trop de facteurs externes sont appelés à influencer ou pas le marché, ne serait-ce que l’arrivée de nouveaux commerces dans un secteur donné», dit M. Jauron. À cela, Patrice Furlan ajoute qu’on ne pouvait prévoir le resserrement des taux hypothécaires pour les premiers acquéreurs. «On va voir bientôt ce que sera la portée de cette nouvelle règle. Une autre tendance lourde est celle du vieillissement. Une capitale régionale comme Drummondville accueille régulièrement des personnes à la retraite qui quittent les municipalités environnantes».

Pour ce qui est de la superficie vacante, Drummondville est capable d’en prendre. «Si on appliquait la même courbe de croissance du développement résidentiel des 15 dernières années aux 15 prochaines, ce que d’ailleurs nous recommande de faire le MAMOT (ministère des Affaires municipales), non seulement la Ville peut y satisfaire mais on arrive même à un excédent dans ce qu’on appelle la zone blanche», prédit M. Jauron.

En ce qui concerne le dossier des mini-maisons, une mode qui semble prendre de l’ampleur dans quelques régions du Québec, les trois urbanistes annoncent qu’ils «ont les deux pieds dedans». Mais Denis Jauron d’enchaîner: «Non pas les deux pieds, mais un seul… parce que c’est trop petit…»

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