L’autre côté de la médaille

L’autre côté de la médaille
(Photo : Deposit)

AGRESSIONS SEXUELLES. Vagues d’agressions sexuelles à l’Université Laval, alléguations contre le député Gerry Sklavounos, manifestations simultanées dans plusieurs villes du Québec… La culture du viol défraie les manchettes. Toutefois, s’il est important de démystifier ce terme afin d’aider les victimes d’agressions, un autre côté de la médaille est à prévoir.

À l’image de l’effet que la vague de dénonciations #Agressionnondénoncée avait eu en 2014 sur les réseaux sociaux, est-ce que le CALACS La Passerelle de Drummondville a vu les demandes d’aide exploser dans les derniers jours ? «Ça nous a surpris, mais non, dévoile l’intervenante Claire Tessier. Pas encore, du moins !»

Elle émet l’hypothèse qu’avec le temps des fêtes qui approche, les victimes ont moins le cœur à dénoncer. «Ça se parle, on sent que quelque chose se prépare. Nous pensons que les remous de toute cette histoire se manifesteront plus tard. Ça pourrait même aller jusqu’en février.» L’équipe du CALACS est donc présentement en train de s’outiller pour répondre le mieux possible aux besoins des victimes.  

L’autre côté de la médaille

C’est primordial de dénoncer, de parler des agressions sexuelles et de les démystifier : là-dessus, Claire Tessier est sans appel. Toutefois, elle croit qu’il existe un côté plus sombre à la tribune dont bénéficie la cause depuis quelques jours. 

Rappelons qu’une étude, pilotée à la fois par des chercheurs de l’Université de Montréal et par l’Université de Rennes, avait dévoilé la semaine dernière que 30 % des répondants ne seraient pas contre l’idée de violer quelqu’un s’ils étaient certains qu’aucune poursuite ne serait intentée contre eux. Ces résultats seraient les mêmes qu’il y a 40 ans.  

Les insultes envers les victimes, alléguées ou non, fusent : menteuse, salope, égoïste, frustrée… «Ça ne donne pas nécessairement envie de raconter son histoire…, estime Claire Tessier d’un ton navré. Il y a encore beaucoup trop de préjugés. Un peu comme ce qui est arrivé à Alice Paquet (la jeune femme qui a publiquement dénoncé le député Gerry Sklavounos), on a aussi peur de perdre le contrôle de son témoignage.»

«Il faut sortir de cette vieille croûte de banalisation des agressions sexuelles», illustre l’intervenante d’un ton décidé. Les façons d’y parvenir ? Mettre la lumière sur la notion de consentement et, malgré tout, en parler.

«Dénoncer, ça ne veut pas nécessairement dire aller vers les policiers ou le système judiciaire. Juste aller voir quelqu’un, que ce soit un ami ou un intervenant, c’est le premier pas», exprime Claire Tessier. 

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