Les coupes dans les organisations comme les Centres de la petite enfance (CPE) et le manque d’encadrement des garderies privées sont des inquiétudes qui ressortent jusqu’à maintenant des consultations publiques de la Commission sur l’éducation à la petite enfance, de passage à l’hôtel et suites le Dauphin de Drummondville mercredi.
Le président de la Commission sur l’éducation à la petite enfance, André Lebon, souligne que les coupes faites par le gouvernement dans les services aux jeunes enfants inquiètent évidemment beaucoup de parents et de professionnels du milieu. «Ce qu’on nous dit, c’est que ça affecte les conditions de travail qui garantissaient une certaine qualité. Par exemple, le ratio éducateur-enfants est parfois compromis, puisqu’on leur demande de faire bien des choses. Les gens ont l’impression d’avoir la tête sortie de l’eau, mais bien juste», exprime-t-il.
La directrice de la Maison de la famille Drummond, Françoise Dumais, fait affaire avec les familles depuis près de vingt ans. D’après elle, si tout miser sur les CPE n’est pas la meilleure chose à faire, couper dans ce service est loin d’aider. «Que le gouvernement décide de couper dans le budget de ces organismes-là, ça a fait mal. C’est un service en lequel on croit beaucoup, mais il y a des gens qui ont besoin de d’autres services de garde, de d’autres ressources.»
Dans son élocution à l’hôtel et suites le Dauphin, mercredi dernier, la dame a rappelé l’importance de développer des alternatives, à la fois pour les enfants et pour les parents, et de mieux relier les divers services entre eux. Plus de souplesse de la part des CPE, notamment en matière d’horaires, serait également la bienvenue selon Françoise Dumais.
Une autre préoccupation ayant marqué les derniers échanges : la bride lâche dont bénéficient les garderies privées. «Ce dont les gens se plaignent, c’est que ces garderies n’ont pas les mêmes exigences que les CPE, que ce soit en regard de leur formation, du contenu éducatif qu’ils offrent aux enfants ou de l’alimentation», exprime le président.
Les mesures fiscales en vigueur favoriseraient également les garderies privées en ce qui concerne les retours d’impôt, créant une vague d’insatisfaction chez les autres organisations.
Toutefois, des nuances doivent être apportées. «Beaucoup de gens peuvent s’improviser comme gestionnaire de garderie, mais ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas la compétence pour le faire.» André Lebon ajoute que les garderies privées, en offrant un plus grand éventail de possibilité aux parents, a réglé en partie le problème de l’accessibilité aux milieux de garde qui handicapaient la plupart des familles.
«La question qu’on doit se poser, franchement, c’est : est-ce correct que l’État fasse en sorte qu’il y ait des garderies à deux ou à trois vitesses, entre ceux qui ont du personnel formé qui ont des comptes à rendre au gouvernement et ceux qui n’en ont pas ?», analyse le président.
Toutefois, ces impressions ne sont que provisoires, puisque Drummondville n’est que la troisième ville à être visitée.
Une remise en question
La Commission sur l’éducation à la petite enfance est composée de trois commissaires impliqués dans le milieu de l’éducation depuis plusieurs années : Martine Desjardins, Pierre Landry et André Lebon. Elle résulte d’une remise en question à la suite du vingtième anniversaire de la politique familiale du gouvernement, qui concerne les enfants de la naissance à la maternelle. C’est l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) qui est derrière cette initiative. Toutefois, le contrat d’organiser la tournée a été confié à L’Institut du Nouveau Monde, afin de garantir un maximum d’indépendance.
Les objectifs : mettre à jour les informations concernant l’éducation aux jeunes enfants, consulter les intervenants afin de tenir compte de leur réalité et réviser l’efficacité des institutions mises en place afin d’optimiser les services offerts aux enfants en bas âge.
14 villes seront visitées d’ici décembre par les trois commissaires. Par la suite, un rapport sera rédigé et transmis au gouvernement afin d’informer sur ce qui fonctionne actuellement dans le système et ce qui devra être revu.
André Lebon invite les gens à participer aux forums citoyens, mais aussi à faire parvenir leur point de vue via les réseaux sociaux et le site Internet.