«Le gouvernement est là pour démanteler le réseau des CPE»

«Le gouvernement est là pour démanteler le réseau des CPE»
Claude Audy

INQUIÉTUDES. Alors que les parents commencent de plus en plus à se tourner vers les garderies privées et que plusieurs postes d’éducatrice dans les centres de la petite enfance (CPE) ont déjà été abolis, le syndicat régional des travailleuses et travailleurs (SRTT) en CPE du Cœur du Québec (CSN) craint le pire face aux coupes de 120 millions de dollars prévues par le gouvernement.

Dominique Jutras, présidente du SRTT, et Claude Audy, vice-président régional de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), ont dénoncé vertement, jeudi matin, en conférence de presse, ces compressions qui pourraient représenter une amputation de 1000 $ par place au permis, selon leurs estimations.

«On pense vraiment que le gouvernement est là pour démanteler le réseau des CPE, déplore Mme Jutras. C’est très aberrant de voir tout ce qui se passe présentement. Déjà, suite aux coupures de juin 2015, qui représentaient des pertes entre 400 $ à 500 $ par place au permis, les conséquences s’étaient fait sentir rapidement dans les établissements.»

Au dire de celle-ci, certaines installations ont dû changer le menu des dîners allant jusqu’à couper la viande pour la remplacer par des légumineuses. Certains CPE ont procédé à des abolitions de postes en ne remplaçant plus les éducatrices lors de leurs pauses de travail.

«Pour nous, savoir qu’une seule éducatrice doit surveiller deux groupes pendant une pause, c’est très insécurisant. Ça représente un risque potentiel pour la sécurité des enfants», soutient-elle.

Sans oublier que le gouvernement est venu retirer tous les surplus des CPE, des sommes prévues, par exemple, pour des travaux majeurs ou des projets de places supplémentaires.

«Le gouvernement, comme on le sait, privilégie maintenant beaucoup le privé», affirme Mme Jutras qui est également éducatrice au CPE Le Papillon enchanté, précisément à l’installation située à Notre-Dame-du-Bon-Conseil.

«Si les compressions sont maintenues, les parents risquent de fuir. Malheureusement, plusieurs ont déjà commencé à déserter au point tel qu’il n’y a plus de listes d’attente de deux à trois ans. Maintenant, on peut faire de 100 à 200 appels pour combler une place», note-t-elle.

«Nous ne sommes pas dupes, le gouvernement coupe les budgets afin d’étrangler financièrement les CPE dans le but de diriger les familles vers le privé», souligne Claude Audy.

«Il est primordial de développer les CPE, dont les services sont axés sur la pédagogie en vue du développement global des enfants avant leur entrée à l’école. (…) Nous devons miser sur le réseau des centres de la petite enfance qui offre des services de meilleure qualité pour nos enfants», plaide-t-il.

Rappelons en terminant qu’un grand rassemblement est prévu le 7 février à Montréal.

«Après la manifestation, un plan d’action sera élaboré. Toutes les options sont envisagées, car on ne peut pas laisser aller le réseau comme ça», laisse entendre M. Audy.

Le SRTT (CSN) représente à Drummondville une centaine de travailleuses réparties dans trois CPE, soit Mini-Campus, Le Papillon enchanté et Les P’tites abeilles.

En chiffres

Les CPE représentés par la CSN pourraient être privés des sommes suivantes :

• Mini Campus : 78 000 $

• Le Papillon enchanté : 99 000 $

• Les P’tites abeilles : 102 000 $

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