Sortir, mais surtout survivre à la rue

Sortir, mais surtout survivre à la rue
Par le passé

ITINÉRANCE. Marie-Jeanne Fréchette, à première vue, est une fille colorée, enjouée et en pleine santé. Mais avant d’en arriver là, elle a vécu le parcours typique de l’itinérante qu’elle était devenue dans les rues de Drummondville.

Née à Montréal, mais ayant grandi à Saint-Zéphirin-de-Courval, la dame de 29 ans est établie dans la région, depuis un peu plus d’une dizaine d’années, avec son fils de 9 ans.

Alors qu’elle était toute jeune, elle et sa mère ont quitté le nid familial après qu’elles aient été violentées par l’homme qui partageait leur vie.

«À l’adolescence, comme je ne m’entendais pas bien avec ma mère, j’ai été placée dans plusieurs familles d’accueil. J’ai été battue aussi durant cette période, car ce ne sont pas toutes les familles qui sont vraiment aidantes», d’affirmer Mme Fréchette. Elle manquait souvent l’école en raison des ecchymoses sur son corps, surtout les cours d’éducation physique. Durant cette période, la femme a fait plusieurs tentatives de suicide.

Quand elle a eu 18 ans, comme les familles d’accueil ne reçoivent plus de prestation pour une personne majeure, Mme Fréchette s’est retrouvée à la rue, à Nicolet. Malgré une période d’itinérance, elle a trouvé un logement à Drummondville et a commencé à travailler aux défuntes Légendes fantastiques en plus de débuter le cégep en sciences humaines, profil individu.

Malgré ses bonnes intentions, elle est tombée dans la consommation d’alcool et de drogue. Au plus creux de sa crise, elle a effectué un pèlerinage d’un mois à travers le Québec, ce qui lui a permis de faire un sevrage. Mais, à la fin du périple, le groupe a décidé de l’expulser du voyage final à Notre-Dame-du-Cap. Pour elle, qui croit en Dieu, ce fut une claque en plein visage.

«J’ai perdu la foi en l’Église à ce moment et là, je suis vraiment tombée de haut. J’ai sombré solide dans l’alcool et la drogue et en moins de deux mois, j’étais de nouveau dans la rue», relate l’ex-itinérante. Son frère a bien tenté de l’aider, mais elle ne voulait rien entendre; elle voulait faire ses expériences.

Au fil des mois, elle trouvait toujours le moyen de satisfaire ses besoins en drogue et en hébergement. Il lui est déjà arrivé de voler de la nourriture et de dormir sur le plancher chez des amis chez qui elle ne voulait pas nécessairement se retrouver. Pour elle, l’itinérance était devenue son monde, avec ses «frères».

Après un an dans la rue, elle fait la rencontre d’un homme. Ils emménagent ensemble et elle tombe enceinte. Même si l’enfant n’était pas prévu et qu’ils avaient planifié un avortement médical, le bébé naît à l’été 2006. En peu de temps, le père devient violent avec la femme et l’enfant, allant même jusqu’à briser un ustensile de cuisine sur le bras du bambin. C’en est trop. Mme Fréchette quitte pour aller vivre seule avec son enfant.

Les mois qui ont suivi ont été difficiles et la dame songeait encore parfois au suicide, mais elle a puisé sa force dans l’amour qu’elle avait pour son fils.

Au travers du temps, elle réussit à compléter un diplôme d’études collégiales bien qu’elle ait fait un séjour à la maison La Rose-des-vents et subi une opération au dos afin d’améliorer sa qualité de vie malgré la dégénérescence de sa colonne vertébrale.

Aujourd’hui, après avoir perdu 65 livres en un an à la suite de son opération et d’un programme de mise en forme et d’alimentation, elle file le bonheur avec son fils de 9 ans qui est autiste. Elle s’implique en politique et la femme a terminé d’écrire une pièce de théâtre qu’elle souhaite présenter un jour au grand public.

«On peut enlever la fille de la rue, mais pas la rue de la fille. Je ne veux pas me retrouver dans cette situation de nouveau et je sais maintenant comment faire afin de rester loin de ce monde», de conclure Mme Fréchette.

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