Une dernière lutte pour les élus?

Une dernière lutte pour les élus?

La moitié du conseil des commissaires était réunie pour dénoncer le plan du ministre de l'Éducation d'abolir les élections scolaires.

DES CHÊNES. Le président et les commissaires de la Commission scolaire des Chênes déplorent la vision du ministre de l’Éducation, François Blais, qui souhaite voir disparaître les élus des structures scolaires. «Au nom de la démocratie», ils livreront ce qui pourrait être leur dernière lutte.

La moitié des 14 commissaires ainsi que le président, Jean-François Houle, étaient réunis mardi matin au siège social pour dénoncer la vision du ministre Blais. À la mi-avril, celui-ci a fait une sortie dans un média montréalais pour dire qu’il souhaitait mettre fin aux élections scolaires et remplacer les élus par des conseils d’administration dont les membres seraient nommés. «Considérant le ton assez péremptoire du ministre Blais, il est évident qu’il faut répliquer», indique M. Houle.

«Le gouvernement ne veut plus s’enfarger dans des pouvoirs locaux. C’est ça, au fond, l’agenda, à peine caché, du gouvernement (…) Le gouvernement ne veut plus d’élus scolaires qui viennent contredire son discours des cinq dernières années voulant que la baisse du financement et les coupures en éducation peuvent se faire sans toucher aux services à l’élève», indique le président.

«Il est vrai que les électeurs ne se bousculent pas aux portes des bureaux de scrutin. L’explication de ce phénomène est simple : nos différents gouvernements, sous la pression d’une partie de la population souvent victime de désinformation, s’affairent, depuis plusieurs années, à décourager la population à exercer son droit de vote en diminuant les enjeux locaux», poursuit-il.

Selon Jean-François Houle, les taux d’efficience de l’administration des commissions scolaires, en général, sont de moins de 5 %. À la CSDC, il est de moins de 4 %, alors qu’il est de 14 % dans les municipalités, d’environ 12 % dans les écoles privées et de 20 % dans certains organismes de charité, compare-t-il.

À la Commission scolaire des Chênes, 250 000 $ sont alloués aux dépenses et salaires du conseil des commissaires, soit 0,16 % du budget global. «On s’attaque à une structure qui ne coûte rien. Qu’est-ce qu’on va faire avec ce 250 000 $-là, vous pensez, si on coupe les élus scolaires? Je connais des directions générales qui se retrouveront avec des tâches beaucoup plus importantes et une imputabilité beaucoup plus importante», continue Jean-François Houle en notant que les membres d’un éventuel conseil d’administration engendreront aussi des dépenses.

Les élus sont conscients que cette lutte pourrait être leur dernière. La sortie publique de la commission scolaire se veut un premier geste d’un plan d’action qui sera élaboré prochainement. «On se bat pour un principe qui est important : la démocratie.»

À l’échelle provinciale

Les directeurs généraux et présidents des commissions scolaires du Québec se rassembleront la semaine prochaine pour discuter de la position officielle à prendre en lien avec la volonté de l’État d’abolir les élections scolaires.

Les dirigeants des 60 organisations francophones de la province ont rendez-vous le 13 mai dans le cadre d’une rencontre spéciale convoquée par la Fédération des commissions scolaires du Québec. Les membres entendent persuader le gouvernement que l’alternative «simple et facile» au modèle actuel est l’arrimage des élections scolaires à celles municipales. Le ministre de l’Éducation a toutefois récemment fermé la porte à cette avenue, affirmant «qu’on n’en est plus là». (Avec la collaboration de Michel Moyneur)

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