Le campus au cœur du rapport de la VG

Le campus au cœur du rapport de la VG
Le rapport de la Vérificatrice générale du Québec a été rendu public mercredi matin.

DRUMMONDVILLE. L’Express a recensé certains passages critiques du rapport de la Vérificatrice en lien avec le projet de campus de l’UQTR et les partage ici avec ses lecteurs.

Un projet mal évalué?

«Le besoin d’un nouveau campus à Drummondville n’a pas été adéquatement justifié. D’abord, le réalisme des prévisions de l’UQTR relatives à l’effectif étudiant n’a pas été démontré et le MEESR (ministère des Finances et le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche) a considéré celles-ci comme trop optimistes. L’UQTR a également minimisé les répercussions de la construction d’un nouveau campus sur l’effectif de son campus principal. De plus, elle n’a pas évalué si d’autres options moins coûteuses auraient pu répondre à son besoin.»

«En ce qui a trait aux prévisions relatives à l’effectif étudiant, le plan d’affaires initial de mai 2013 prévoyait 760 étudiants pour un édifice de 8 000 mètres carrés (…) Lors de la signature du bail en septembre 2014, l’effectif prévu était toutefois de 1045 étudiants, soit une hausse de 38% par rapport à la prévision initiale (…) les arguments servant à justifier cette hausse de 38% dans une période d’une quinzaine de mois sont insuffisants.»

«Un autre problème concerne la superficie de l’édifice, qui est passée de 8 000 mètres carrés en septembre 2013 à 7 500 mètres carrés en juin 2014. Notons que si le scénario de 1045 étudiants se réalisait, l’édifice ne répondrait plus à la norme d’espace par étudiant exigée par le MEESR. La superficie du nouveau campus serait alors de 7,2 mètres carrés par étudiant, ce qui est bien en deçà des 10 mètres carrés exigés.»

«Il est également mentionné dans le rapport que, selon une étude réalisée en 2012, le projet génèrerait le déplacement de nombreux étudiants d’autres universités vers Drummondville et que le nombre de nouveaux universitaires dans le réseau ne serait que de 39.»

«La situation financière de l’Université, qui s’est détériorée au cours des dernières années, n’a pas été suffisamment considérée.»

Gestion du projet

«L’UQTR a aussi tardé à modifier l’échéance très serrée relative à l’ouverture du campus, qui était prévue en septembre 2015. En effet, dans les mois suivant le début du projet, la Ville de Drummondville, l’architecte et l’expert en gestion de projet ont formulé des réserves sur le réalisme de cette échéance. (…) Pour ce dernier point, tant l’Association des architectes en pratique privée du Québec que la firme d’architectes embauchée par l’UQTR ont mis celle-ci en garde. Elles lui ont mentionné que le court laps de temps alloué à la conception des plans et devis entraînera probablement des imprécisions, lesquelles impliqueront des modifications en cours de construction et des coûts supplémentaires importants.»

Contrats octroyés

«La décision de l’UQTR d’accorder elle-même les contrats de services professionnels relatifs à la gestion de projet, à la production des plans et devis et à la surveillance du chantier a créé des ambiguïtés quant à savoir qui, de l’UQTR ou de la Ville de Drummondville, est responsable de la maîtrise d’œuvre du projet. Les comptes rendus du comité de coordination et des réunions de chantier ont mentionné ce problème à plusieurs reprises. Lors d’une réunion tenue en juin 2014, les deux parties se sont entendues sur le fait qu’il aurait été préférable que la Ville soit la seule à accorder tous les contrats. Cette responsabilité partagée risque d’entraîner des litiges, par exemple si des demandes de modification en cours de construction sont attribuables à des imprécisions dans les plans et devis ou à une mauvaise surveillance du chantier. L’UQTR risque donc ultimement d’assumer des coûts additionnels. Dans le même sens, il est précisé dans le bail que l’UQTR est responsable de l’échéancier des travaux et que la Ville ne peut être tenue responsable de tout délai de livraison.»

«Un autre élément sur lequel les deux parties ont eu de la difficulté à s’entendre concerne le remboursement par la Ville des honoraires professionnels payés par l’UQTR, qui s’élèvent à près de 2 millions de dollars. Ce n’est qu’en avril 2015 que les ententes à ce sujet ont été signées.»

«Nous avons vérifié 11 contrats de services professionnels accordés par l’UQTR de décembre 2013 à mars 2014, principalement en lien avec la construction du campus de Drummondville. (…) Certaines actions de l’UQTR n’ont pas favorisé le traitement équitable des concurrents lors d’un appel d’offres public ayant mené à l’attribution d’un contrat de 412 000 dollars pour la gestion du projet de campus à Drummondville. (…) (NDRL : Il est question ici de la firme Maninge Groupe Conseil) Cet appel d’offres public visait à obtenir les services d’un expert en gestion de projet. Dans les mois précédant l’appel d’offres, lancé en décembre 2013, la firme d’experts en gestion de projet ayant obtenu le contrat a été l’un des acteurs importants en ce qui concerne le démarrage et la planification du projet de campus à Drummondville. Cette participation aux travaux lui a permis d’acquérir une meilleure connaissance du projet, ce qui constitue une forme d’avantage par rapport aux autres concurrents.»

«D’abord, cette firme a déjà travaillé sur ce projet pour la Ville de Drummondville en juillet 2013. Elle a ensuite obtenu un contrat de gré à gré de 65 000 dollars de l’UQTR afin de gérer le démarrage et la planification du projet et de superviser la production du plan fonctionnel et technique. (…) Enfin, la décision de l’UQTR de lancer cet appel d’offres en pleine période des fêtes, soit du 19 décembre 2013 au 8 janvier 2014, a privé l’UQTR de fournisseurs potentiels. Même si le délai minimal de 15 jours exigé par la réglementation a été respecté, ce choix a eu pour effet de diminuer la concurrence. De fait, trois firmes d’ingénieurs d’envergure ont signifié à l’UQTR que leurs bureaux étaient alors fermés et lui ont demandé un report de la date d’échéance afin de pouvoir soumissionner, ce que l’UQTR a refusé.»

Autre texte à lire ici.

(JÉ)

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